René Chicoine, Circuit 29, Montréal, Manitou, 1948, 267 pages.
Jules Fabien, un jeune homme d’affaires divorcé, a été retrouvé mort au sous-sol de sa riche demeure. Quelqu’un a allumé le gaz et fermé toutes les portes pendant son sommeil. Fabien avait installé son bureau au sous-sol, y avait placé un lit pour se reposer. C’est là que Jean Danou, le narrateur, a retrouvé le corps. Danou, qui est un jeune architecte et une connaissance de Fabien, avait été engagé pour transformer la vieille demeure.
Claire Routhier, la maîtresse de Fabien, est le suspect numéro un. On a retrouvé ses empreintes sur la poignée de la porte et on l’a aperçue quittant la demeure de Fabien quelques heures avant le crime. Cette fille est une chanteuse de cabaret dont tous les hommes sont un peu amoureux. Personne ne semble croire à sa culpabilité. C’est le cas de Jean Danou, l’architecte, qui se lance dans une véritable enquête dans le but de l’innocenter.
Danou, qui avait la clef de la demeure de Fabien, entend démontrer que plusieurs de ses connaissances (il fréquente le même cercle que Fabien) auraient eu la possibilité de lui subtiliser la clef et des motifs de commettre ce meurtre. Il appelle l’avocat de la défense, lui fait part de ses hypothèses. Cet avocat, encore sans système de défense, accepte de bon gré les hypothèses de Danou. Plus encore, il l’invite à se joindre à lui pour mener l’enquête. D’autres personnages sont suspectés : l’ancienne femme de Fabien, son associé en affaires, l’ancien amant de sa femme… Quant au véritable coupable, comme il se doit dans ce type de récit, il est révélé à la toute fin. Pour le connaître, il vous faudra lire le roman.
Comme on le voit souvent dans ce genre de récit, un détective et son confident, qui représente le lecteur, mènent l’enquête. Ici, c’est un peu original, puisque celui qui aurait dû être le confident devient le détective. Chicoine cite, à l’intérieur du roman, Conan Doyle et Ellery Queen, des spécialistes du genre. Je suppose que ce sont ses modèles, même si ce me semble très loin (de mémoire) de Sherlock et sa loupe. En effet, la méthode de Danou, c’est d’abord l’investigation psychologique. Ce sont moins les « petits détails » extérieurs en apparence insignifiants que l’étude des personnalités, que la recherche des mobiles, que l’analyse des réactions de chacun des suspects devant l’accusation qui lui permettent de résoudre l’énigme. L’analyse des lieux du crime ne vient que confirmer les déductions des observateurs.
Je constatai une fois de plus que cette affaire m'accaparait beaucoup trop. Tout le monde finissait par avoir une gueule de criminel à mes yeux : Martineau, qui ne vous regardait jamais en face, Robitaille avec sa tête de singe, Lazure avec sa fausse tête d'ascète, Flémand avec sa nonchalance trop voulue, Lamarre avec sa philosophie mal comprise, Vauban avec ses dollars à protéger. Il fallait ajouter en toute objectivité Claire Routhier puisque, officiellement, elle était tenue criminellement responsable et bien que je susse d'instinct qu'elle n'avait en aucune façon participé à cet assassinat. Pas plus que madame Fabien d'ailleurs. Ces deux jeunes femmes exceptées, aucune des personnes que je pouvais impliquer dans l'affaire ne m'inspirait la moindre parcelle de cet esprit de charité que j'aurais voulu plus répandu sur cette terre misérable. Et pour parler franc, ce n'était pas du tout un esprit de charité qui me poussait à absoudre ces deux jeunes femmes séduisantes, Claire Routhier en particulier. (p.196-197)
Le roman nous montre un Montréal nocturne de l’après-guerre assez surprenant dans cette société de la grande Noirceur.
La rue Ste-Catherine, la rue St-Laurent, le quartier chinois, autant de drogues fascinantes. Il y avait trop de choses à faire et à voir dans la vie! On aurait pu vivre de cette atmosphère populaire, de ces lumières dans le soir, de ces bruits de flâneurs, de ces filles dures, mal fardées, de ces débuts de discussion entre gens du milieu et qui, parfois, tournaient mal. Une vie de badaud c'est énorme, une vie d'observation dans ce vaste laboratoire, c'est un programme rempli. Le vent de la vie vous arrive en pleine figure dans ces rues grouillantes et d'un coup vous enlève votre chapeau de snob. Vous perdez le sens du social. Vous vous sentez happé violemment par cette main implacable qu'est la vie brute, la vie sans artifices, la vie sans obstacles, excepté ceux que la loi érige et qu'on écorche du mieux qu'on peut, la vie qui crache et regimbe, la vie qui gueule et aime sans calcul. La vie du gars tough qui ne se fait pas piler sur les pieds, no sir, pas un huitième de pouce même, et qui, au fond, aime humblement. La vie de la p'tite fille qui a du chien et tiendra tête à tous les policemans du monde, qui se défendra comme, un bel animal, avec ses ongles, avec ses injures, qui ne se rendra que devant l'amour parce que l'amour, c'est fort, c'est plus fort que tout. Et qui accueillera dans son logis un chat inconnu et malade. Parce qu'elle se rend devant l'amour mais aussi devant plus pauvre qu'elle. (p. 182)
Certains personnages étalent leurs préjugés, leur sexisme et l’un d’eux défend des idées de droite, comme celles du héros de Desmarchais dans La Chesnaie. ***
Jules Fabien, un jeune homme d’affaires divorcé, a été retrouvé mort au sous-sol de sa riche demeure. Quelqu’un a allumé le gaz et fermé toutes les portes pendant son sommeil. Fabien avait installé son bureau au sous-sol, y avait placé un lit pour se reposer. C’est là que Jean Danou, le narrateur, a retrouvé le corps. Danou, qui est un jeune architecte et une connaissance de Fabien, avait été engagé pour transformer la vieille demeure.
Claire Routhier, la maîtresse de Fabien, est le suspect numéro un. On a retrouvé ses empreintes sur la poignée de la porte et on l’a aperçue quittant la demeure de Fabien quelques heures avant le crime. Cette fille est une chanteuse de cabaret dont tous les hommes sont un peu amoureux. Personne ne semble croire à sa culpabilité. C’est le cas de Jean Danou, l’architecte, qui se lance dans une véritable enquête dans le but de l’innocenter.
Danou, qui avait la clef de la demeure de Fabien, entend démontrer que plusieurs de ses connaissances (il fréquente le même cercle que Fabien) auraient eu la possibilité de lui subtiliser la clef et des motifs de commettre ce meurtre. Il appelle l’avocat de la défense, lui fait part de ses hypothèses. Cet avocat, encore sans système de défense, accepte de bon gré les hypothèses de Danou. Plus encore, il l’invite à se joindre à lui pour mener l’enquête. D’autres personnages sont suspectés : l’ancienne femme de Fabien, son associé en affaires, l’ancien amant de sa femme… Quant au véritable coupable, comme il se doit dans ce type de récit, il est révélé à la toute fin. Pour le connaître, il vous faudra lire le roman.
Comme on le voit souvent dans ce genre de récit, un détective et son confident, qui représente le lecteur, mènent l’enquête. Ici, c’est un peu original, puisque celui qui aurait dû être le confident devient le détective. Chicoine cite, à l’intérieur du roman, Conan Doyle et Ellery Queen, des spécialistes du genre. Je suppose que ce sont ses modèles, même si ce me semble très loin (de mémoire) de Sherlock et sa loupe. En effet, la méthode de Danou, c’est d’abord l’investigation psychologique. Ce sont moins les « petits détails » extérieurs en apparence insignifiants que l’étude des personnalités, que la recherche des mobiles, que l’analyse des réactions de chacun des suspects devant l’accusation qui lui permettent de résoudre l’énigme. L’analyse des lieux du crime ne vient que confirmer les déductions des observateurs.
Je constatai une fois de plus que cette affaire m'accaparait beaucoup trop. Tout le monde finissait par avoir une gueule de criminel à mes yeux : Martineau, qui ne vous regardait jamais en face, Robitaille avec sa tête de singe, Lazure avec sa fausse tête d'ascète, Flémand avec sa nonchalance trop voulue, Lamarre avec sa philosophie mal comprise, Vauban avec ses dollars à protéger. Il fallait ajouter en toute objectivité Claire Routhier puisque, officiellement, elle était tenue criminellement responsable et bien que je susse d'instinct qu'elle n'avait en aucune façon participé à cet assassinat. Pas plus que madame Fabien d'ailleurs. Ces deux jeunes femmes exceptées, aucune des personnes que je pouvais impliquer dans l'affaire ne m'inspirait la moindre parcelle de cet esprit de charité que j'aurais voulu plus répandu sur cette terre misérable. Et pour parler franc, ce n'était pas du tout un esprit de charité qui me poussait à absoudre ces deux jeunes femmes séduisantes, Claire Routhier en particulier. (p.196-197)
Le roman nous montre un Montréal nocturne de l’après-guerre assez surprenant dans cette société de la grande Noirceur.
La rue Ste-Catherine, la rue St-Laurent, le quartier chinois, autant de drogues fascinantes. Il y avait trop de choses à faire et à voir dans la vie! On aurait pu vivre de cette atmosphère populaire, de ces lumières dans le soir, de ces bruits de flâneurs, de ces filles dures, mal fardées, de ces débuts de discussion entre gens du milieu et qui, parfois, tournaient mal. Une vie de badaud c'est énorme, une vie d'observation dans ce vaste laboratoire, c'est un programme rempli. Le vent de la vie vous arrive en pleine figure dans ces rues grouillantes et d'un coup vous enlève votre chapeau de snob. Vous perdez le sens du social. Vous vous sentez happé violemment par cette main implacable qu'est la vie brute, la vie sans artifices, la vie sans obstacles, excepté ceux que la loi érige et qu'on écorche du mieux qu'on peut, la vie qui crache et regimbe, la vie qui gueule et aime sans calcul. La vie du gars tough qui ne se fait pas piler sur les pieds, no sir, pas un huitième de pouce même, et qui, au fond, aime humblement. La vie de la p'tite fille qui a du chien et tiendra tête à tous les policemans du monde, qui se défendra comme, un bel animal, avec ses ongles, avec ses injures, qui ne se rendra que devant l'amour parce que l'amour, c'est fort, c'est plus fort que tout. Et qui accueillera dans son logis un chat inconnu et malade. Parce qu'elle se rend devant l'amour mais aussi devant plus pauvre qu'elle. (p. 182)
Certains personnages étalent leurs préjugés, leur sexisme et l’un d’eux défend des idées de droite, comme celles du héros de Desmarchais dans La Chesnaie. ***
Bonjour, Je ne sais si tu as reçu mon premier message (envoyé à via ton adresse courrielle) mais me revoici. Je n,ai pas encore eu le temps de bien visiter ton blog mais je suis bien content de l'avoir découvert.... juste un peu avant son centième !!
RépondreEffacerBravo et quelle belle idée tu as eu de le créer afin de faire conaître nos vieux livres dont trop s'en allaient vers un énorme "blanc de mémoire collective".
J'espère que nous verrons le jour du 200e !!
Bye!
Bonjour,
RépondreEffacerOui, j'ai eu votre message et je vous ai répondu. J'ai visité vos sites ainsi que les livres que vous vendez sur EBAY, dont Circuit 29. Avis aux intéressé(e)s. Merci du commentaire
Re-bonjour,
RépondreEffacerMalheureusement il y a sans doute eu un petit problème car je n'ai pas reçu ta réponse... pas encore du moins. J'ai un "Blogger" aussi mais ne l'utilise pas vraiment. J'ai cependant un espace sur MSN, http://spaces.msn.com/vivo-parvo/ ,sur lequel je présente de choses que j'aime et j'y donne des liens intéressants.... dont ton blog que je viens d'ajouter.