H. B. Nadeau, La Fugue de Jean Larochelle, Montréal, Beauchemin, 1928, 121 p.
1901, dans les Cantons-de-l’Est. François Larochelle vient de mourir. Déjà veuf, il laisse derrière lui son fils de cinq ans, Jean. Celui-ci est accueilli comme un don du ciel par son oncle et sa tante, Lucien et Pauline, qui n’ont pas d’enfant. L’enfant est élevé comme un petit roi. Dès son plus jeune âge, il démontre une très grande imagination : tout devient matière à rêverie. Il est littéralement fasciné par la musique. Son père avait tourné le dos à ses origines terriennes, préférant jouer du violon. Ses parents adoptifs, y décelant un atavisme néfaste, essaient tout en douceur de l’en éloigner. Il lui achète quand même un harmonica.
Vers 12 ans, un cousin américain débarque avec son violon : Jean ne le lâche pas d’une semelle. Ce cousin épouse une fille de la paroisse et devient le voisin des Larochelle. Vers 13 ans, Jean quitte l’école. Pour lui, est venu le temps de seconder ses parents adoptifs, qu’il aime beaucoup, dans les travaux de la ferme. Plus ou moins d'accord avec l'avenir qui lui est promis, il consacre ses soirées à la musique. René, un cousin montréalais, vient passer ses vacances chez lui. Les deux se lient d’amitié. Voyant la passion de son cousin pour la musique, il l’incite à venir à Montréal afin de trouver un professeur et d’en faire un métier. Jean, conscient qu’une telle décision ferait beaucoup de peine à ses parents adoptifs, essaie de toutes ses forces de repousser l’idée. Rien n’y fait. Elle s’est ancrée dans sa tête.
Sachant que ses parents ne consentiront jamais, il décide de fuguer. Il laisse une lettre rassurante, sans préciser ses projets. À son arrivée à Montréal (une partie du voyage en bicyclette et une autre en train), il réussit grâce à un agent de police à retrouver la maison de son oncle. De crainte que celui-ci avertisse ses parents, il s’arrange pour faire contact avec son cousin à son insu. René l’aide à trouver un logement et un professeur de musique. Il faut dire que le jeune Jean avait emporté avec lui ses économies.
Ses parents ont tout deviné. Ils engagent un détective amateur, Maurice Auger, et lui confie la mission de veiller sur leur fils, sans le forcer à revenir. Ils veulent que la décision vienne de lui. Auger, se faisant passer pour un campagnard qui doit entrer chez les frères dans une semaine, s’organise pour lier avec lui. Il réussit, sous le couvert d’un vol, à lui retirer son argent. Du même coup, il lui trouve un travail de commissionnaire dans la pharmacie d’un ami complice. Il veut compliquer la vie du jeune homme pour le forcer à rentrer au bercail.
La fugue de Jean Larochelle va durer six semaines. Il suit ses leçons avec beaucoup d’intérêt et est même un peu amoureux de sa jeune professeure. Il travaille l’après-midi et les fins de semaine à la pharmacie. Ses parents sont tenus au courant. Sa logeuse est très maternelle, mais l’ennui le ronge. Au bout de six semaines, un peu malade, n'y tenant plus, il décide de faire un saut chez ses parents pour quelques jours. Sur place, il découvre que son père s’est blessé. Le cœur gros, il se jette dans les bras de ses parents qui lui pardonnent son incartade. Comble de bonheur, il apprend qu’un professeur de violon vient de s’établir dans les environs. Tout est bien qui finit bien. Jean Larochelle deviendra un paysan musicien.
Petite variation sur le thème du déserteur quand même : bien sûr, il va en ville, mais c’est l’art qui est à l’origine de sa désertion. Pour le reste, l’histoire est assez banale. C’est un roman du terroir par le thème, mais on ne va jamais dans les champs, on ne voit pas l'ombre d'une vache ou d'un légume, la nature est peu présente. La terre existe en arrière-plan. Le roman n’est pas très bien écrit. **
Extrait
François Larochelle ayant, en toute saison, donné plus d'heures à sa muse qu'à son travail, se trouva vers la fin de sa vie, aussi dépourvu que la cigale d'imprévoyante mémoire. Il mourut subitement dans sa trente-cinquième année, laissant à son fils unique Jean, déjà orphelin de mère, soixante dollars et un violon.
Après les funérailles, Lucien Larochelle, frère du défunt, prit Jean dans ses bras et d'un geste large, le plaça sur les genoux de sa femme. C'était, sans formes, l'adoption de l'orphelin. Ils montèrent tous trois dans le « part de route » et sortirent bon train du village.
1901, dans les Cantons-de-l’Est. François Larochelle vient de mourir. Déjà veuf, il laisse derrière lui son fils de cinq ans, Jean. Celui-ci est accueilli comme un don du ciel par son oncle et sa tante, Lucien et Pauline, qui n’ont pas d’enfant. L’enfant est élevé comme un petit roi. Dès son plus jeune âge, il démontre une très grande imagination : tout devient matière à rêverie. Il est littéralement fasciné par la musique. Son père avait tourné le dos à ses origines terriennes, préférant jouer du violon. Ses parents adoptifs, y décelant un atavisme néfaste, essaient tout en douceur de l’en éloigner. Il lui achète quand même un harmonica.
Vers 12 ans, un cousin américain débarque avec son violon : Jean ne le lâche pas d’une semelle. Ce cousin épouse une fille de la paroisse et devient le voisin des Larochelle. Vers 13 ans, Jean quitte l’école. Pour lui, est venu le temps de seconder ses parents adoptifs, qu’il aime beaucoup, dans les travaux de la ferme. Plus ou moins d'accord avec l'avenir qui lui est promis, il consacre ses soirées à la musique. René, un cousin montréalais, vient passer ses vacances chez lui. Les deux se lient d’amitié. Voyant la passion de son cousin pour la musique, il l’incite à venir à Montréal afin de trouver un professeur et d’en faire un métier. Jean, conscient qu’une telle décision ferait beaucoup de peine à ses parents adoptifs, essaie de toutes ses forces de repousser l’idée. Rien n’y fait. Elle s’est ancrée dans sa tête.
Sachant que ses parents ne consentiront jamais, il décide de fuguer. Il laisse une lettre rassurante, sans préciser ses projets. À son arrivée à Montréal (une partie du voyage en bicyclette et une autre en train), il réussit grâce à un agent de police à retrouver la maison de son oncle. De crainte que celui-ci avertisse ses parents, il s’arrange pour faire contact avec son cousin à son insu. René l’aide à trouver un logement et un professeur de musique. Il faut dire que le jeune Jean avait emporté avec lui ses économies.
Ses parents ont tout deviné. Ils engagent un détective amateur, Maurice Auger, et lui confie la mission de veiller sur leur fils, sans le forcer à revenir. Ils veulent que la décision vienne de lui. Auger, se faisant passer pour un campagnard qui doit entrer chez les frères dans une semaine, s’organise pour lier avec lui. Il réussit, sous le couvert d’un vol, à lui retirer son argent. Du même coup, il lui trouve un travail de commissionnaire dans la pharmacie d’un ami complice. Il veut compliquer la vie du jeune homme pour le forcer à rentrer au bercail.
La fugue de Jean Larochelle va durer six semaines. Il suit ses leçons avec beaucoup d’intérêt et est même un peu amoureux de sa jeune professeure. Il travaille l’après-midi et les fins de semaine à la pharmacie. Ses parents sont tenus au courant. Sa logeuse est très maternelle, mais l’ennui le ronge. Au bout de six semaines, un peu malade, n'y tenant plus, il décide de faire un saut chez ses parents pour quelques jours. Sur place, il découvre que son père s’est blessé. Le cœur gros, il se jette dans les bras de ses parents qui lui pardonnent son incartade. Comble de bonheur, il apprend qu’un professeur de violon vient de s’établir dans les environs. Tout est bien qui finit bien. Jean Larochelle deviendra un paysan musicien.
Petite variation sur le thème du déserteur quand même : bien sûr, il va en ville, mais c’est l’art qui est à l’origine de sa désertion. Pour le reste, l’histoire est assez banale. C’est un roman du terroir par le thème, mais on ne va jamais dans les champs, on ne voit pas l'ombre d'une vache ou d'un légume, la nature est peu présente. La terre existe en arrière-plan. Le roman n’est pas très bien écrit. **
Extrait
François Larochelle ayant, en toute saison, donné plus d'heures à sa muse qu'à son travail, se trouva vers la fin de sa vie, aussi dépourvu que la cigale d'imprévoyante mémoire. Il mourut subitement dans sa trente-cinquième année, laissant à son fils unique Jean, déjà orphelin de mère, soixante dollars et un violon.
Après les funérailles, Lucien Larochelle, frère du défunt, prit Jean dans ses bras et d'un geste large, le plaça sur les genoux de sa femme. C'était, sans formes, l'adoption de l'orphelin. Ils montèrent tous trois dans le « part de route » et sortirent bon train du village.
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