Blanche Lamontagne-Beauregard, Récits et Légendes, Montréal, Beauchemin, 1922, 135 pages.
Ce recueil présente dix-sept courts textes, répartis en deux parties (« Terre » et « Mer »). Que l’auteure ait employé « récits » et « légendes » pour désigner ses textes – alors que plusieurs auteurs de son époque emploient le mot « conte » - témoigne de sa difficulté à les faire entrer dans un classement. La plupart sont des récits, quelques-uns sont des essais. Parmi les récits, deux ou trois pourraient être associés à cette définition de la légende que propose Le Petit Robert : « récit populaire traditionnel, plus ou moins fabuleux, merveilleux. »
Ce recueil présente dix-sept courts textes, répartis en deux parties (« Terre » et « Mer »). Que l’auteure ait employé « récits » et « légendes » pour désigner ses textes – alors que plusieurs auteurs de son époque emploient le mot « conte » - témoigne de sa difficulté à les faire entrer dans un classement. La plupart sont des récits, quelques-uns sont des essais. Parmi les récits, deux ou trois pourraient être associés à cette définition de la légende que propose Le Petit Robert : « récit populaire traditionnel, plus ou moins fabuleux, merveilleux. »
Souvent le commentaire de la narratrice a tendance à envahir le récit. Blanche Lamontagne représente tout à fait l’auteure qui met l’écriture au service d’une cause. Et la cause, c’est toujours la même : il faut sauver la « race » canadienne-française. Elle a écrit l’un des textes patriotiques les plus bizarres qu’il m’ait été donné de lire. Le titre en est « Force et beauté ». Le sujet : comment l’hygiène à la campagne peut contribuer à renforcer la « race ». Vous avez bien lu! Le texte commence ainsi : « Ouvrons nos portes au soleil du bon Dieu. Saturons-nous d’air pur et de lumière. Devenons une race forte et superbe. » J’ignore s’il y a une histoire autour de ce texte (au-delà de la grippe espagnole), si c’est un tract commandé par le ministère de l’Agriculture, mais il en a toutes les caractéristiques. Je vous épargne les différentes mesures qu’elle propose et je cite : « Voilà le vrai but de l’hygiène : former une race solide dont le corps sera le serviteur de l’âme, conserver à la nation toutes ses forces, mobiliser ses chances de survie. Et Dieu sait combien il faut de force aux petites nations pour vivre à côté des grandes! » Le texte « Notre langue » va dans le même sens : elle dénonce les fautes d’orthographe et l’envahissement de l’anglais dans les lieux publics.
Dans certains textes, elle aborde les thèmes chers aux écrivains du courant « Vieilles choses, vieilles gens » : le calvaire au bord du chemin, les quêteux jeteurs de sorts, le vieux rouet, la langue française, les marins. D’autres textes racontent une petite histoire pathétique : ainsi dans « Lucie l’aveugle », elle met en scène une jeune aveugle qui se rend à Sainte-Anne-de-Beaupré et le miracle tant attendu se produit durant la messe. Sauf que la jeune voyante, remerciant Sainte-Anne, ajoute : « Grande sainte, si le don que vous m’avez fait doit me conduire au péché, si ma vue doit me perdre, si je puis tomber en enfer à cause d’elle, grande sainte, laissez-moi dans mes ténèbres. » Et la « grande sainte » lui enleva peu à peu la vue. « Le petit fils » est une autre histoire pathétique : une grand-mère qui a perdu son mari, son fils, voit son petit-fils la quitter pour prendre la mer à son tour.
Quelques textes sont construits à partir d’un leitmotiv. C’est le cas du texte qui ouvre le recueil. La phrase « Je sais une maisonnette, là-bas, sur la colline » sert de leitmotiv. Ailleurs, c’est « Rou… rou… rou le vieux rouet tournait » ou encore « Petites filles de la mer, petites filles aux yeux bleus!... » ou encore « L’anse pleureuse pleure, pleure…
L’idéologie de l’auteure est tout à fait dans la ligne du terroir. Dans « La maisonnette, sur la colline… », elle brosse à grands traits l’histoire de deux jeunes paysans qui s’aiment, qui fondent un foyer et qui arrachent une terre à la forêt pour leurs enfants. : « Quand vous découvrirez, dans les replis de la montagne, perchée comme un nid d’aigle, simple et majestueuse, la demeure du colon, quand vous passerez devant la maison du défricheur, amis, inclinez-vous. Le colon est un être sublime comme le héros des champs de bataille. » (p. 17) L’intention est si évidente qu’il est inutile de la formuler. Il en va de même pour « Les âmes voyagent », la plus belle réussite du recueil : un vieil habitant a dû se séparer de sa terre et s’exiler aux États-Unis où il est rapidement mort d’ennui. Les nouveaux propriétaires voient le soir son fantôme qui arpente ses champs. Voilà, on est dans la légende, comme c’est aussi le cas dans « Vaisseau-fantôme ».
Au moins un texte est un récit historique : dans « La nuit terrible », elle raconte comment Walker, induit en erreur par un marin gaspésien emmené de force, précipite ses vaisseaux sur les récifs de Sept-Îles.
Blanche Lamontagne a dédié ce livre à la « jeunesse canadienne ». Voilà qui explique ce ton trop souvent paternaliste, « maternaliste », moralisateur, injonctif, agaçant pour tout dire. **
Blanche Lamontagne sur Laurentiana :
Par nos champs et par nos rives
Aucun commentaire:
Publier un commentaire