François de Vernal, Le jardin de mon père, Montréal, Leméac, 1962, 75 p.
J’ai
déjà fait le compte rendu du premier livre de François de Vernal : Pour
toi. Ma critique était quelque peu sévère. De Vernal est de ces auteurs qui
s’adonnent à la poésie sans se soucier de l’avancement du milieu littéraire, ce
qui donne une poésie toute simple, sans recherche, une poésie qui nous
laisse découvrir une personne, ses rêves, ses craintes, sa fantaisie, son âme…
Dans
Le jardin de mon père, on se tient tout près de l’auteur, de ses
craintes, de ses frustrations, de ses désillusions sur le genre humain. C’est
peu dire que d’affirmer que le monde n’est pas à la hauteur de ses attentes.
J’ignore quel lien il a pu avoir avec la guerre, mais elle revient souvent dans
son propos. « C’est étrange comme je me sens seul ce soir / Où la guerre
gronde comme l’orage / Avec mes yeux blessés / Mes pieds brisés / Je ne sais plus
avancer ». La mort, souvent associée à la guerre, est aussi un motif
récurrent. Comme il est croyant, bien des questions se posent concernant les
desseins divins : « Dieu que tu es loin / Faudra-t-il mourir pour te
connaître un jour / Descends de ton ciel comme l’oiseau de l’arbre / et tue les
mots en nous ».
Au-delà
des désillusions, on lit parfois des moments de pur bonheur
(« Anne »), des appels à la fraternité (« Fraternité »), des
désirs de paix (« Enfance »).
SON IMAGE
Il n’avait plus peur
Il n’avait plus mal
Un grand silence l’avait envahi
Il s’était couché par terre
Les lèvres ouvertes il aspirait le sol
Il voulait comprendre pourquoi il allait mourir.
Il ne comprenait rien
Tellement rien que ses yeux se mouillèrent
Il avait la nostalgie du passé
Il avait le désir de vivre encore quelques minutes
retrouver
une image qu’il aimait.
Trois gouttes de pluie le mouillèrent
C’était cela son image :
La pluie avait marqué sa vie
Il pouvait mourir
Il n’aurait plus jamais soif… (p. 48)
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