14 février 2025

Soleil brûlé

Luce Proulx, Soleil brûlé, Québec, Éditions Garneau, 1968. 62 p. (Maquette de la couverture : Jean-Miville Deschênes)

Lucille (son vrai prénom) Proulx n’avait que 19 ans lorsque Garneau publie son recueil. Je ne crois pas qu’elle en ait publié d’autres. Elle est décédée à Trois-Rivières en 2021.

Le titre est assez révélateur. Plusieurs poèmes font état d’un rêve ou d’une démarche qui se sont buttés à une adversité trop forte, aussi bien dans l’enfance que dans l’adolescence. « La détresse inventait ses chemins, / Tenaillait mes portes closes ». En d’autres mots, ses élans, ses attentes sont contrecarrés, et il est un peu difficile de cerner la source de l’obstacle, la poésie de l’autrice étant tout en images. On croit tout de même comprendre qu’elle est elle-même à l’origine de l’empêchement : « j’ai deux soleils dans mes mains / Et je marche à tâtons vers les eaux de givre ». Plus le recueil avance, plus s’impose le rêve amoureux, très évanescent.

Ces petits drames sont métaphorisés de façon simple, l’autrice empruntant ses images à la nature, opposant les éléments premiers, surtout la lumière et l’eau. « La mer rugissante / Cerne le soleil, / Réfléchit sourdement / La lutte blessante / Du feu, ardent, / Du feu glissant sur l'eau, / Du feu qui par métempsycose / Renaît en notre amour. »

Il n’y a rien d’original dans cette poésie, ou même de surprenant, mais si on considère qu’elle est le fait d’une adolescente qui n’avait probablement qu’un accès limité au milieu littéraire, on ne peut pas dire qu’elle soit sans intérêt.

TES YEUX

J'ai retenu pour tes yeux
De longs filets de brume
Pareils aux grands matins frissonnants.

Les aubes mordaient à même la terre
Le goût âcre des soifs intenses
Et des vains plongeons vers l'Inconnu.

Tes yeux se cachaient derrière le froid,
Le gel a mordu mon cœur,
L'a couché au sol.

J'ai buté sur le vide,
Dormi sur le froid,
Mais je glisse aujourd'hui
Vers les grands trous de mystère.

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