9 mai 2024

Vous avez dit « Contreculture »?

contre-culture : « Courant culturel allant à l'encontre de la culture établie ou dominante. » (Usito) 


Le terme a d’abord été employé par Theodore Roszak dans son ouvrage intitulé The Making of a Counter Culture, publié en 1969.


J’ai lu quelques livres « dits contreculturels » et même certains essais sur le sujet. Je n’aime pas trop l’extension que certains commentateurs donnent au mot. Pour moi, le « contre » est un « contre ». Les artistes de la contreculture voulaient en découdre avec la culture officielle. Ils s’érigent contre la recherche du beau, de l’équilibre, de la pureté artistique, du léché et de tous les grands principes esthétiques hérités des siècles précédent. Le vulgaire, le laid, l’irrévérencieux, le désordre, l’obscène (syn. : grossier, ordurier, choquant, trivial, scatologique, vilain) ont droit de cité. 


Selon moi, certains commentateurs attribuent une importance démesurée au phénomène. Je ne crois pas que la contreculture (la littéraire du moins) ait ouvert tant que cela « les portes de la perception ». Pour avoir vécu cette période comme jeune adulte, je peux témoigner que la contreculture littéraire (poétique) était un phénomène marginal, sans commune mesure avec la musicale : pour nous, les jeunes, la contreculture, c’était Joplin, Hendricks, les Doors, Black sabbath, Deep purple, Alice Cooper, Charlebois, etc. Mais elle et eux non plus, il ne faut pas trop les « sanctifier ». 


Je ne crois pas, comme certains l’affirment, qu’elle soit à l’origine du féminisme, de la « libération sexuelle », ou de la sensibilisation à l’écologie. Même si « contreculture », « activisme politique » et « formalisme » (structuralisme) sont trois mouvements-phares de la fin des années 60, qui se sont côtoyés et même interpénétrés, je refuse toute amalgame facile et préfère les distinguer.  « Toutt n’est pas dans toutt. »


Je ne crois pas non plus que la contreculture ait contribué à la reconnaissance de l’identité québécoise. Les forces de changements venaient de tout bords et tous côtés, à commencer par les militant.e.s qu’ils-elles soient politiques, féministes, écologiques. On pourrait ajouter certains politiciens, quelques intellectuel.e.s qui tenaient des chroniques dans des journaux ou des revues, les syndicalistes, et même des profs de Cégep.


La contreculture a juste donné une voix à tout un monde qui était ignoré par la culture officielle. Elle a donné la parole aux laissés pour-compte, à ceux et celles que la société marginalisait en raison de leur conduite, de leur choix de vie ou de leur orientation sexuelle. Elle a contribué à briser la barrière derrière laquelle s’abritait l’élite culturelle, ce qui va mener au courant qu’on a appelé le postmodernisme. Ce n’est pas rien, il va sans dire. 

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