Gilles Constantineau, Simples poèmes et ballades, Montréal, L’Hexagone, coll. « Les matinaux no 11 », 1960, 30 pages.
Comme c’était le cas dans son premier
recueil intitulé La pêche très verte, la fantaisie est au rendez-vous dans Simples
poèmes et ballades : « monsieur Lasnier sort ses poubelles / la
pipe au bec / et pense avec / son petit cerveau / au printemps nouveau / et
trouve ça beau ». Plusieurs poèmes apparaissent comme un défi : il
s’agit de le construire autour d’un motif, comme le tissage (« Asphodèle »)
ou l’ordre minéral (« La poupée de granit »). Le plus beau poème du
recueil évoque une femme (voir ci-dessous). D’autres m’apparaissent comme des
instantanés, des moments volés qui, souvent, se dénouent dans l’absurde. Ainsi évoque-t-il
des scènes de rue (« l’humanité dans la rue, / une sainte et très égoïste
/ suivant la cruelle piste / des trottoirs » - « Rues »), des
scènes urbaines (ses nuages carcinogènes / sa haute société / ses buildings
babelisants qui gênent – « Villes »), un soir à la campagne (« Dormez
votre sommeil »). « Les amitiés sacrilèges », le dernier poème, apparaît
comme une autocritique de son travail : « … cette lave / qui me
coulait au lieu du sang / est plus froide que son image. »
On ne la vit qu’un soir riant sous la pluie,
à petits seins déployés sous la laine
Son royaume était de ce monde, animé de
poussière et d’humbles amitiés, très nu,
très intime, très doux. Son royaume animait
un million de poussières
On la vit sous la pluie rieuse et sérieuse,
le soleil lui battant au cœur sous la laine
le rythme des amours qui sucraient son
haleine et se répercutaient au bout de
chaque veine
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