Robert Lalonde, Rafales de braise, Montréal, Atys, 1965, n.p. (Couverture de J.-L. Lamarche)
Robert Lalonde (à ne pas confondre avec l’acteur et romancier du même nom qui publie à partir des années 1980) est un poète et un peintre né à Sudbury en 1936. Il revendique son appartenance à la nation métis. Il a participé à la Nuit de la poésie en 1970. Il a écrit trois recueils de poésie aux éditions Atys : Rafales de braise (1965), Charivari des rues (1970) et Kabir kouba (1971). Il a aussi publié des recueils de contes, recueillis auprès des Métis et des coureurs de bois : Ailleurs est en ce monde (1966), Les contes du portage (1973) et Les contes de la lièvre (1974).
On peut déjà dire de Robert Lalonde qu’il a un style bien à lui, ce qui n’est pas négligeable : « elle qui fut reine de mes rafales de braises et de neige / aux désirs d’océan, oasis fébrile de plénitude / goguenarde elle piétine mes plates-bandes en rosiers ». Comment définir ce style? D’abord il est très métaphorique, donc difficile pour le lecteur. On dirait que la poésie avance par agglutination. Aux propositions s’ajoutent d’autres propositions, aux thèmes d’innombrables ramifications, comme si le poète n’arrivait pas à saisir l’idée ou qu’il préférait ne pas l’enfermer dans un carcan verbal trop restrictif. Collage surréaliste? Au final, cette densité obstrue parfois le sens du poème.
La femme, toutes les femmes, depuis la jeune fille jusqu’à la mère, en passant comme il se doit, compte tenu de ses racines, par la femmme autochtone, occupent les premiers poèmes : « ton corps en cadence du temps ton cœur à l’encan / les plumes de ta vie forment un parasol de soleil / Indienne au visage cuivré les arbres pleins de toi / les rivières ton regard la lune ton sourire ».
Pour le reste, on découvre le regard d’un poète qui observe aussi bien son entourage que l’univers, se contentant de les appréhender, sans les investir vraiment : « l’espace / court de long en large, main dans la main, / avec le temps, sur des buttes en bétons ». Ou encore : « l’humain marche, les vestibules s’entrecroisent / il rampe, les ténèbres l’invitent ». Le poète cherche sa place — et celle de l’humain — dans cette univers en changements, ce qui ne va pas sans inquiétude, par exemple dans ce poème dédié à Gilbert Langevin : « il est né toi pour être témoin de ta détresse / sur ces continents un reflux de vie en sourdine / ton cœur gringalet grince avec tes chaînes ». Même si le poète me semble plus dans la résilience, de temps à autre pointe une dénonciation : « j’invite à boire tous les assassins de la vie / au banquet des affamés les assoiffés / où seul le hasard sert lieu de conscience ».
En conclusion, voici de courts passages, dont plusieurs inspirés par la nature, qui méritent d’être cités parce qu’ils étonnent : « ces femmes, d’été, bosquets de cordes-à-poulies »; « entre tes cuisses une étoile d’eau en aval »; « un rosier se fanait dans la verdure de leurs yeux »; « la fleur dans le lit étoilé des boutons d’or »; « l’appel de la pluie fermente le sol »; « ces paysages effleurés de tendresse »; « tes yeux de fleuve ».
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