8 mai 2022

La saignée du pain

Jean Gauguet, La saignée du pain, Montréal, Atys, 1963, n.p.

Le second recueil de Jean Gauguet est assez différent du premier (Cendres de sang). L’ambition esthétique est  plus grande : certains poèmes sont même tout à fait surréalistes.

Dans « Atomitude », la première partie, Gauguet dénonce toutes les violences, à commencer par la guerre : « Tel un poignard à haute voix / nous dénonçons la guerre / cancer qui mine la planète / jusqu’aux racines dorsales ». La guerre n’est que l’épiphénomène d’un monde en manque d’idéal : « l’homme se gave de haine / le symbole bancaire engendre les armes et la névrose ».

Dans « Amour », seconde partie dédiée à Paulyne Dion-Larouche, certains poèmes s’adressent à son amoureuse (« Je suis la mer sur tes yeux de jonquille »), mais d’autres tentent plutôt de dire la grandeur de l’amour : « le mariage du bleu et de la sève sera leur plénitude / demain les arbres enfanteront / car le froment se fait sentir sous l’écorce ».

Dans « La saignée du pain », dernière partie, le poète évoque son mal de vivre. La saignée du pain, c’est en quelque sorte la rançon qu’il faut payer à la vie. 

AUX manchons des jours sanglés 
   grince le soc des heures 
   geint la roue du délire

le bon grain dans les sillons d’asphalte 
titube à en perdre la tige

que de pas trépassent avant la moisson

le sang tire la charrue 
la main s’étrangle aux manchons de la vie 
        c’est la saignée du pain 

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