Reine Malouin, Les murmures, Québec, Institut
Saint-Jean Bosco, 1939, 158 p. (Préface de Marcel Montgrain)
« Je
dédie ce recueil à l’amour qui remplit ma vie. » (Reine Malouin)
À
l’occasion d’un concours organisé par « L’Académie de la Ballade Française
et des Poèmes à formes fixes », fondée à Paris en 1930, Reine Malouin
soumet une série de poèmes fixes (deux ballades, six sonnets, un rondeau, un
rondel, un pantoum) et remporte le Grand prix d’Académie (1936). Les
Murmures reprend ces poèmes dans la première partie du recueil.
Marcel
Montgrain, un préfacier verbeux, insiste sur le parcours exceptionnel de Reine
Malouin qui, malgré une « instruction moyenne, donc médiocre » devint une
« autodidacte accomplie ». Il retient « l’esprit plus viril et logique de la
poétesse », dont la poésie, malgré « les traces des vieux défauts de notre
école littéraire », contient « certaines strophes [qui] sont des modèles
de facture ».
Le
recueil contient cinq parties : « Recueil de poèmes à forme fixe », «
Messages et confidences », « Le temps fuit », « Vers la lumière » et «
Sagesse et paix ». Il serait bien difficile de justifier l’appartenance de
chacun des poèmes à l’une des parties.
L’autrice met en scène la figure du poète romantique, inspiré, épris d’absolu. Elle semble éprouver l’urgent besoin de s’extirper d’une certaine médiocrité pour
atteindre le sublime. « Mon âme, envole-toi vers tout ce qui t’élève ». La poésie est la voie choisie, mais il est difficile d’être poète dans un monde matérialiste : « Profane
[…] / Vous n’atteindrez jamais à la hauteur des cimes / Que le rêve réserve aux
poètes sublimes! » La poésie devient une expérience mystique, que Malouin exprime avec les mots du haut-lyrisme : « Éperdu d’infini, je me
perds en la nue, / Mon esprit vogue au loin dans la lumière nue, / Et pour lui,
le ciel semble une chère maison ».
Beaucoup
de poèmes reprennent des thèmes romantiques comme la fuite du temps, le sentiment de la nature et l’amour. Dans la
nature, s’exprime le sublime. La
nature est la grande conseillère qui doit guider les humains :
« Je ne me lasse pas de mêler à mon âme / La foi de la nature et sa subtilité,
/ Tout ce qu’elle a de grand, de noble... » Mais elle est aussi celle qui
nous rappelle que l’âme est portée par un corps : « La nature sans
trêve / Prêche la volupté ».
Dans ses poèmes sur le thème de l’amour, la sensualité est très présente (lire l’extrait). Le sentiment amoureux, comme la nature et la poésie, doit élever l’âme : « Mon cœur, asile de mon rêve, / Écrin secret de tant d’espoir, / Ne veut pas du bonheur d’un soir, / Mais d’un noble amour qui l’élève. »
Dans ses poèmes sur le thème de l’amour, la sensualité est très présente (lire l’extrait). Le sentiment amoureux, comme la nature et la poésie, doit élever l’âme : « Mon cœur, asile de mon rêve, / Écrin secret de tant d’espoir, / Ne veut pas du bonheur d’un soir, / Mais d’un noble amour qui l’élève. »
Même si Reine Malouin est inspirée par des sentiments et idées nobles, l’expression sombre souvent dans les clichés poétiques :
« À travers la guipure ombrageante de
l’arbre, / J’aperçois l’azur clair du grand ciel lumineux. » L’usage
fréquent des formes fixes crée l’impression que l’autrice est plus inspirée par
les règles de la versification que par le message à délivrer. Mais on lit aussi des petits poèmes sans enflure verbale, plus libres, de belle venue :
« Vous ne viendrez pas! Aujourd’hui, / Je serai seule avec mon âme. / Tout
mon être qui vous réclame / Se sent triste et comme réduit. »
Édition de qualité : papier coquille ivoire.
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