Gaétane de Montreuil (Georgina Bélanger), Les rêves
morts, s. l., Chez l’autrice, 1927, 64 pages.
Le premier poème donne son titre
au recueil. Montreuil évoque un ami d’enfance dont elle semblait éprise
(voir l’extrait). D’autres poèmes feront aussi état de cet amour resté
embryonnaire.
Pour le reste, il n’y a pas
d’inspiration uniforme. On y lit une légende autochtone (La légende du lac au
Fantôme), des poèmes qui célèbrent des lieux (Québec, les Rocheuses, la
France, l’église St-Roch), des poèmes plus personnels (Rêve d’antan),
des poèmes inspirés par la guerre (Les fiancés de la mort). Gaétane de
Montreuil est avant tout une raconteuse et ses poèmes narratifs sont les plus
intéressants. Elle affectionne les histoires tragiques et les raconte avec
délicatesse : par exemple, lors d’une promenade avec son fils en pleine forêt,
elle trouve une ancienne épitaphe de marbre sur laquelle est gravé le nom d’une
jeune fille décédée à onze ans (Une tombe dans la forêt); dans Vieille
histoire, elle raconte l’histoire d’une jeune fille devenue folle après que
sa mère a tué son père.
Plusieurs poèmes sont dédicacés,
toujours à des hommes, dont Rodolphe Lemieux et Lomer Gouin. Une certaine
conscience féministe émerge sans plus. Tous les poèmes sont versifiés, le vers
a le plus souvent douze pieds, et l’autrice n’utilise pas les formes fixes.
Enfin, le style est très coulant, naturel.
Il y aurait eu deux
« premières éditions » de ce recueil. L’autrice aurait détruit la
première (celle que j’ai) pour des raisons obscures. La réponse ne semble pas
résider dans les sept poèmes rejetés de la nouvelle édition. En effet, dans la
réédition, il n’y aura que 17 poèmes, mais trois préfaces. (Voir le Catalogue
de novembre 2019 de François Côté.)
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