Alain Horic, L’aube assassinée, Montréal, Erta, 1957,
s. p. [44 p.] (Coll. de la Tête armée no 6) (Deux sérigraphies de
Jean-Pierre Beaudin)
Le recueil est divisé en trois parties : Évasion (10 poèmes), L’oiseau de pierre (5 poèmes), et Confrontation (6 poèmes).
Le poème liminaire, qui suggère une agression, annonce la
tension qui innerve la plupart des poèmes. D’un côté, on lit : « Poing », « mort »,
« mille couteaux aiguisés », « corbeaux »,
« cercueils », « égorgent »; de l’autre :
« coq », l’aube », « réveil » et « matinal ».
La violence, la mort sont omniprésentes. La figure du coq qu’on égorge sera
reprise dans la troisième partie (et donnera même son titre à un recueil ultérieur :
Les coqs égorgés, 1972).
ÉVASION
« Évasion »
me semble un titre bien choisi pour coiffer cette partie. Et que veut fuir le
poète? Horic reprend la symbolique de l’oiseau en cage de Garneau, du poète
dévoré de l’intérieur : « Chaque homme est une cage / un cercueil
dedans / qui restera / et un oiseau / qui s’envolera » (La tourmente). Mais ce mal, qui
condamne à la solitude, est ressenti partout autour de lui : « Je me
regarde dans le visage / d’un autre / et me découvre / … / Je suis / dans
toutes les jambes qui marchent » (L’humain).
Le fin du dernier poème, « Dérive »,
décrit en quelque sorte un plan d’évasion : « Je suis l’appel des
profondeurs / le vent / plein les voiles // Pour aborder l’autre rive / qui
défie le temps ».
L’OISEAU DE PIERRE
Il y a aussi un pressant désir de vivre qui cherche sa voie :
« J’amène une femme enceinte / frapper tous les cœurs / pour trouver le
chiffre / de la fraternité humaine » (Fraternité).
Mais tout autour, c’est la désolation la plus noire (voir l’extrait). L’oiseau
de pierre, c’est un oiseau qui ne peut plus s’envoler, aussi bien dire un
oiseau mort.
CONFRONTATION
La dernière partie développe ce qui était déjà annoncé dans
ce qui précède. Le sujet cherche une voie de sortie, sans la trouver vraiment.
Tout au plus, espère-t-il « une nuit d’encre / pour couvrir / toutes les
misères du monde » (Une nuit).
Tous les coqs sont égorgés
voiles crevées
Personne ne chante
personne ne remue
Les oiseaux envolés
visages effacés
Seuls les feuillages
improvisent ma couche
Je vois poindre
le soleil
et la mort
ma dernière chance
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