Claude-Henri Grignon, Le
Secret de Lindbergh, Montréal, Éditions de la Porte d’Or, 1928. 209 p. (préface
en anglais de de J. A. Wilson, controller of civil aviation) (Bois de
Maurice Lebel)
Les 20 et 21 mai 1927, Charles
Augustus Lindbergh effectuait la première traversée sans escale, de New York à
Paris, à bord du Spirit of St Louis. Entre
août et novembre 1927, donc en toute hâte, Claude-Henri Grignon rédige Le Secret de Lindbergh. Il est
indéniable que le récit romancé de Grignon se ressent de cette précipitation.
Comme source d’information,
Grignon est-il allé plus loin que la lecture des journaux? On peut en douter
tant la part événementielle est réduite à sa portion congrue, ensevelie sous le
déluge de commentaires de l’auteur. Tout est prétexte à dissertation, comme s’il
fallait coûte que coûte remplir 200 pages : de la psychologie des héros, à la relation
mère-fils, à l’attachement à son petit milieu natal, en passant par les phénomènes
atmosphériques et l’effervescence des grandes villes (New York et Paris). À ces
hors-d`œuvre, il faut ajouter certains passages du plus haut lyrisme dans
lesquels l’écriture de Grignon vole
jusqu’aux cieux, comme si seules les envolées littéraire étaient dignes du
grand Lindbergh. (Je suis dur avec Grignon, mais il l’a tellement été avec les
autres!) Pour Grignon, Lindbergh a la même stature que Christophe Colomb et des
plus grands bienfaiteurs de l’humanité. Disons qu’il n’a pas réussi à me
convaincre…
Qu’est-ce qu’on sait concrètement
de l’aventure de Lindbergh? Si peu de choses que le tout tiendrait fort bien
dans une cinquantaine de pages. De façon chronologique, on suit les principales
étapes de l’exploit : la conception du Spirit of St Louis, l’entraînement
pour un vol de 32 heures, le vol vers New York, le matin du grand départ, les
conditions atmosphériques douteuses, la violente tempête au large de Terre
Neuve, la vue de l’Irlande, l’atterrissage à Paris, la célébration du héros et le
retour à New York.
La syntaxe est parfois boiteuse,
mais surtout on lit maintes phrases confuses qui ne veulent à peu près rien
dire :
« Lorsque Charles-Augustus eut décidé de franchir la scène nouvelle du monde qui le séparait d'une action tangible, certainement définitive, il savait déjà qu'un caprice romantique cheminait aux côtés de l'énergie, dans les allées silencieuses de son coeur.
Et cela, d'une certitude prochaine.
L'homme, venu pour arrêter les étapes de sa vie, ne pouvait rompre le cours des saisons, et l'automne apparut pour le surprendre, lui apportant les derniers sourires d'un été fulgurant. Toutefois, la mélancolie de cet épisode ne pouvait arracher Charles à ses penchants, dont l'opiniâtreté prenait l'apparence d'une force indestructible. Et cela, à un tel point, que son visage semblait être vissé dans l'habitude du combat. Son caractère, c'était désormais une forme humaine. Elle agirait avec beaucoup de calme, et, en face des ruines inévitables, se gardant bien de capituler, la puissance tomberait comme un chêne assommé par le vent.
Charles marcha vers l'Épreuve. » p. 39
Claude-Henri Grignon sur Laurentiana
Le Déserteur
Un homme et son péché (édition originale)
Un homme et son péché (édition du Vieux Chêne)
Ombres et Clameurs
Le Secret de Lindbergh
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