Millicent, Campanules,
Québec, L’Action sociale, 1923, 122 p. (Pseudonyme d’Amélie Leclerc)
Ce recueil a été écrit par une
jeune femme (elle est née en 1900) qui
allait entrer chez les religieuses un an plus tard. Il a eu droit à une
deuxième publication au Bien public en 1941.
Il compte cinq parties qui nous
laissent deviner en partie le contenu : « Préliminaires », « Pro deo », « Pro
patria », « Pro domo » et « Fantaisie ».
Préliminaires
Le premier poème est une dédicace
à son alma mater (Sillery) et les deux autres sont des adresses aux lecteurs.
Comme il arrive trop souvent chez les auteurs de l’époque, elle joue la carte
de l’humilité et va au devant des coups : « Allez, petites campanules, /
Je vous livre à tous les esprits / Si l’on couvre de ridicule / Vos calices
tantôt fleuris (…) J’irai respirer vos arômes / Pour vous consoler, ô mes
fleurs, / Et nous nous moquerons des hommes / Campanules, petites sœurs … »
Pro deo
On le devine, c’est le sentiment
religieux qui domine. On y rencontre un prêtre, on visite une église, mais on
lit surtout des prières adressées à Dieu : « Je vous offre, mon Dieu,
cette aube qui se lève »; « Je
vous attends, Jésus, avec d’autres désirs / Et je veux vous prier avec une âme
ardente / Pour que vous bénissiez mes rêves d’avenir / Et que croisse en mon
cœur la grâce fécondante ».
Pro patria
Seul le premier poème est à
proprement parler patriotique. Le reste, ce sont des poèmes sur la nature,
traités selon les motifs habituels : les différents temps de la journée,
le passage des saisons, les variations de température qui reflètent les
variations d'humeur...
Pro domo
Elle y parle de sa famille (le
premier poème est dédié à sa mère, morte lorsqu’elle avait 8 ans), mais aussi
de l'amitié féminine, de l'enfance. C’est
dans cette partie qu’on plonge le plus dans l’âme de Milicent : on
découvre une jeune femme angoissée, qui porte en elle une douleur qui n'est pas
vraiment nommée (« Si tu souffres, tais-toi, ne le dis à personne »).
Certaines propositions sont étonnantes : « Le don le plus sacré, / La
chose la plus chère / Dont on jouit sur la terre, / Mais, c’est la
liberté!... » Ou encore : « Ah! Que le monde est laid! Et que je
voudrais donc / Me trouver tout à coup sur une ile lointaine ».
Fantaisie
Cette partie reçoit les poèmes
qui n’ont pas trouvé leur place dans les parties précédentes. Le poème final se
termine ainsi : « Puisque je n’ai pu faire / Ce poème joli, / Mettons, lecteur,
mon frère, / Que je n’ai rien écrit !... »
Millicent chante surtout la
religion et la nature, mais aussi
s’interroge sur la nature humaine, sur sa condition. Sur le plan formel, rien
de flamboyant : quelques sonnets, des rimes, des dodécasyllabes, des distiques
à l’occasion, des quatrains. Pas vraiment d’images qui retiennent l’attention,
mais un style tout en simplicité.
Lire un poème : Heure grise
Ce recueil a remporté le prix
David en 1923.
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