Marie-Claire Daveluy,
Aux feux de la rampe, Montréal,
L’Action française, 1927, 285 pages.
« Dans Aux Feux de la Rampe (1927), Mlle Marie-Claire
Daveluy a réuni onze pièces dont la plupart sont destinées à la
jeunesse. » (Marianopolis)
« Aux Feux de la Rampe
(1927) : saynètes, dialogues dont plusieurs sont tissés sur un fond
historique. Ce sont de belles leçons de patriotisme, de morale, présentées avec
beaucoup d’esprit, de goût, où se révèlent une compréhension sympathique de la
jeunesse, une fine observation. » (Précis
d’histoire littéraire des Sœurs de Sainte-Anne)
« Sous le titre Aux feux de la rampe, Marie-Claire
Daveluy publie en 1927 onze pièces de théâtre écrites de 1920 à 1926,
quelques-unes très courtes; d'autres plus substantielles: Dix d'entre elles
parurent dans des périodiques avant d'être regroupées. » (Alvine Belisle
dans le DOLQ)
En me fiant au résumé qu’Alvine
Belisle fait de chacune des pièces dans le DOLQ, j’en ai retenu deux qui
me semblent plus intéressantes : « Cheveux longs et Esprit court » et
« Le cadeau ».
« Cheveux longs et
Esprit court »
Luce s’est fait couper les
cheveux à la garçonne, et son fiancé en est ulcéré. Au contact d’une amie,
plutôt terne mais à la chevelure ravissante, et grâce à Schopenhauer (« La
femme est un être à cheveux longs et à idées courtes! »), le fiancé finira
par comprendre que l’esprit et la longueur des cheveux ne vont pas toujours de
pair.
« Le cadeau »
Cinq jeunes filles sont réunies
pour fêter l’anniversaire de Colette dans la bibliothèque de sa tante. Comme
cadeau, cette dernière a choisi de leur servir de petits tableaux de la littérature patriotique. Pour ce faire, elle a choisi quelques classiques de notre littérature. À peu
de choses près, on retrouve le mot à mot des œuvres : Daveluy se contente
d’y ajouter une narratrice (qui campe « La littérature canadienne »)
et quelques didascalies. Ainsi elle nous présente successivement Archibald de
Locheill et Blanche d’Haberville (Les
Anciens Canadiens), Marie Leblanc et sa mère (Jacques
et Marie), Lambert Closse et Élisabeth Moyen (À
l’œuvre et à l’épreuve), Henriette de Thavenet et Cotineau (Les Habits
rouges), Louise Routhier (Jean
Rivard), enfin Jules et Virginia de Lantagnac (L’Appel de
la race). La tante a voulu secouer ces jeunes filles qui se
complaisent dans la lecture de Delly. Il semble bien qu’elle y soit arrivée.
Extrait de « Cheveux
longs et Esprit court »
BERNARD —Voyez-vous, tante, ces petites têtes fantasques,
comme vous dites, savent vouloir avec une telle âpreté que l'on se sent écrasé.
Et les gestes de ces jolies despotes sont sans appel!... (Amer.) Si, encore, elles savaient aimer avec la grâce touchante, un
peu craintive, d'il y a... dix ans seulement.
MADAME LEROY — N'y compte pas. Cette idée, aussi, de se
créer un idéal... à reculons ! Transforme-le, mon petit, ton idéal. Fais-y
entrer un peu plus de vivacité.
BERNARD — Comme cela, tout de suite ?
MADAME LEROY —Non. Tu as de l'humeur. Mais dès que le temps
se mettra au beau, fais un effort.
BERNARD —La foi me manque.
MADAME LEROY — Veux-tu te taire ! Luce, dont, hier, tu me
disais tant de bien.
BERNARD, toute sa rancune lui revient — Luce s'est fait
couper les cheveux, tante. C'est une ineptie. Non, pis que cela, c'est un
crime. Je ne lui pardonnerai jamais.
MADAME LEROY — Et tu parles de despotisme ?
BERNARD —Vous l'approuvez ?
MADAME LEROY — Écoute.
BERNARD — Encore un signe des temps. Les femmes se
soutiennent entre elles, qu'il s'agisse ou non des pires excentricités.
MADAME LEROY —En ceci, puisqu'il est question de mode, tu
n'y vois goutte, permets ! On ne discute pas d'une mode, voyons. On la suit ou
on ne la suit pas. On en gémit un peu. On ne la contrecarre pas. C'est le moyen
de la faire durer.
BERNARD — Délicieux ! Toute la femme tient dans votre
raisonnement.
MADAME LEROY — Mon neveu, vous n'êtes guère courtois.
BERNARD — Je suis déçu, tante. Non pas seulement en
constatant que Luce a l'air d'un... d'un gamin ravissant, mais encore en
avouant qu'elle n'a pu me donner cette simple preuve d'amour: garder ses beaux
cheveux. Et si vous saviez comme je l'en ai priée.
MADAME LEROY —Ne prie plus, ne demande plus rien, de grâce,
Bernard. Tu es tragique lorsque tu demandes. Tu exaspères. Tu es terriblement
sérieux, mon neveu.
BERNARD — On ne se refait pas à mon âge.
MADAME LEROY — Trente ans, c'est la vieillesse ? Alors,
acquiers l'indulgence de tes vieux ans.
BERNARD — Enfin, vous avez raison, peut-être... Ah ! cette
impérieuse petite Luce, ce qu'elle me tient au cœur!... (p. 86-87)
Cette citation de Schopenhauer est apocryphe, mais peu importe; est-il nommé dans le texte ? Les mentions de Schopenhauer sont rares dans nos lettres.
RépondreEffacerOui, on le nomme et on lui attribue la citation.
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