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10 mars 2013

Le Rebelle


Régis de Trobriand, Le Rebelle , Montréal, Réédition Québec, 1968, 39 pages. (Fac-similé de la 1re édition  en livre : Québec, N. Aubin et W. H. Rowen, 1842) (Publié d'abord dans Le Courrier des États-Unis, en décembre 1841)

L'action se déroule pendant la Rébellion de 1837-1838. Laurent de Hautegarde est un patriote. Il est amoureux d’Alice MacDaniel, la fille d'un Irlandais loyaliste. Le père d’Alice refuse que sa fille épouse Laurent. Leur union devient encore plus improbable lorsque Laurent et un patriote du nom de Durand participent à une escarmouche contre les Anglais dans laquelle le frère d’Alice est tué. Lorsque celle-ci l’apprend, elle s’effondre sur le parquet et sombre dans le coma. 

Laurent va participer à la bataille de Saint-Charles (lire l’extrait) et réussir à s’enfuir au dernier moment. Il assistera, incognito, à la pendaison des patriotes. Il essaiera de retrouver Alice sans savoir qu’elle est morte le jour même. La fin n’est pas très claire : on comprend qu’il serait mort, lui aussi, après avoir ouvert la tombe de son amoureuse pendant la veillée funéraire.

Du point de vue historique, l'action débute le 23 octobre 1837 à Saint-Charles, et se termine par l’exécution de quelques Patriotes au printemps de 1838 (?). Les événements marquants de la Rébellion s’enchaînent sans qu’on y assiste vraiment. Le mieux décrit, c’est la bataille de Saint-Charles (lire l’extrait). Par moments, on se croirait dans un livre d’histoire, surtout au début quand Trobriand nous résume à gros traits les événements qui ont mené à la Rébellion. Heureusement, le récit n’a que 39 pages.

Du point de vue littéraire, c’est très faible. L’intrigue et les personnages sont à peine esquissés. Plus encore, on a droit à une histoire secondaire (qui concerne Durand), encore plus embrouillée que la première.

L’édition n’est pas très heureuse, non plus. On a peine à lire certaines pages tant leur reproduction est mauvaise.

Extrait
II finissait à peine ces mots que les troupes ébranlées s'élancèrent au pas de charge sur les retranchements. En un instant toute cette partie de la ligne fut enveloppée d'une épaisse fumée au milieu de laquelle comme une ceinture d'éclairs brillaient les explosions d'armes à feu ; les détonations se succédaient avec une rapidité pareille au pétillement de la grêle sur les toits. Les clameurs des combattants augmentaient le bruyant tumulte de cette scène que les cris et les imprécations des blessés, la chute des morts commençaient à revêtir d'une teinte funèbre. Bientôt les coups de feu devinrent moins nourris ; une bouffée de vent en emportant la fumée leva  le rideau qui recouvrait la scène de carnage, en dérobait les détails et le spectacle d'un retranchement enlevé à la baïonnette s'offrit dans sa magnifique horreur. Aux grandes clameurs, au tonnerre des explosions avait succédé un silence bien plus effrayant. La mort moissonnait à larges fauchées parmi les hommes pressés comme des épis. Autour des chefs, sur quelques points, les cadavres couvraient le sol rougi de sang et jonché d'armes brisées ; les uns tombaient renversés au pied des retranchements qu'ils escaladaient; les autres parvenus au sommet rejetaient dans l'intérieur les ennemis atteints par le fer, — car le feu avait cessé, et les hommes luttant corps à corps n'avaient ni le temps ni la possibilité de recharger leurs armes. On s'égorgeait donc à l'arme blanche, mais sans bruit, mais sans enivrement, et sur des cadavres couchés près des canons muets. — Cette scène terrible fut heureusement de peu de durée. Les insurgés privés des armes nécessaires à ce genre de combat furent culbutés par les Anglais mieux pourvus et plus nombreux. Le dernier qui resta à son poste dans la déroute générale fut Laurent de Hautegarde. Entouré par l'ennemi, il faisait tête à tous avec une intrépidité qui tenait du délire, frappant sans se lasser et sans daigner faire le moindre effort pour protéger sa vie autrement qu'en combattant avec rage. (p. 30)

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