Gonzalve Desaulniers, Les Bois
qui chantent, Montréal, Beauchemin, 1930, 189 pages. (Préface de Louis
Dantin)
Gonzalve Desaulniers (1863-1934) fut
de la première cuvée de l’École littéraire de Montréal. Pourtant, il avait 67
ans quand parut Les Bois qui chantent.
On peut imaginer que les poèmes de ce recueil ont été écrits sur une période de
quarante ans et peut-être davantage. Cela explique peut-être la quantité de
poèmes d’amour adolescent que contient le recueil.
Étonnant ce livre quand on pense
qu’il a été écrit par un avocat devenu juge. Si je n’avais rien su de l’auteur,
j’aurais pu penser qu’un coureur des bois ou un bûcheron ou un marin ou un
paysan en était l’auteur. La plupart des poèmes ont pour cadre physique la forêt, la mer (la Gaspésie à quelques
occasions) ou un décor champêtre. On suppose que le juge devait vivre en ville,
qu’il a eu une vie sociale : c’est tout juste si on peut le découvrir à
travers quelques poèmes de circonstances. Rien sur l’espace urbain, sur la vie citadine, sur la société. Rien sur
les grands problèmes humains. Quelques références à la guerre, tout au plus, et
encore à travers les yeux des paysans.
Le personnage typique qu’on
rencontre dans ces poèmes, c’est celui de la jeune fille. Et que fait-elle? Telle
une fleur, elle ne vit que de sa beauté. Son bonheur, c’est de rencontrer un poète qui saura chanter ses
charmes, dans un langage gracieux que
n’auraient pas renié les troubadours. « Vous souvenez-vous, vous étiez
jolie? / Le flot déferlait sur le sable roux. / Pour un peu j’aurais commis la
folie / Qu’on regrette alors qu’elle est
accomplie. / Vous souvenez-vous, vous étiez jolie? » Ce sont des paroles bien superficielles et il
ne faut guère attendre plus de Desaulniers. Pour varier un peu le thème, il
emprunte à Chateaubriand ses idylles chez les « enfants des bois »,
les Autochtones.
Desaulniers ressassent tous les
thèmes romantiques liés à la nature. La nature est le doux témoin des premiers
amours; la nature est le refuge des amoureux abandonnés; la nature est la gardienne
des souvenirs; la nature est le prolongement du divin. Desaulniers évoque
Horace, mais on pense davantage à Chateaubriand, à Musset et, surtout, à
Lamartine, par exemple dans cet extrait
qu’on pourrait multiplier : « Ne cherchons pas, goûtons cette heure
évocatrice / D’un passé dont la cendre est brûlante à demi, / Et laissons de ce
qui fut peut-être un caprice / Flotter le cher parfum sur le lac endormi. »
Certains poèmes ne contiennent
pas plus de cinq vers, d’autres s’étendent sur plusieurs pages. Dans ceux-ci,
Desaulniers raconte une histoire rimée, comme celle de ce vieil Autochtone, cruel
du temps de sa jeunesse, devenu guide de chasse, qui empêche un chasseur
d’abattre une chevrette par respect pour la nature. Ou encore celle de cette
jeune fiancée de 16 ans qui écrit une longue diatribe à l’adresse de son
amoureux, l’encourageant à s’engager pour défendre la France, long poème que vient
clore cette exhortation : «Va là-bas pour qu'un peu de tes triomphes fasse
/ Comme un nouveau manteau de gloire pour ta race ; / Pour que la France en toi
reconnaisse les siens / O petit paysan des champs laurentiens ! »
Vous l’aurez compris, Desaulniers
n’est pas un grand poète. On suppose qu’au terme de sa vie, toute obligation
sociale ayant cessé, il a décidé de laisser à la postérité des traces de son
passage. Pour terminer, et c’est le bibliophile qui parle, s’il n’a pu imposer son œuvre par son génie,
il a voulu au moins que celle-ci repose dans un livre imposant (22 sur 28 cm)
de belle facture. Bien entendu, ceci ne
rachète pas cela.
POUR AIMER PLUS LONGTEMPS
Je t'aime et je n'ai pas encor pu te le dire;
Quand j'hésite à
livrer l’aveu qui tremble en moi.
Je ne sais quelle
main farouche l’y déchire
Avant qu'il ait monté de mon cœur jusqu’à toi.
Je t’aime et quand ma lèvre indiscrète se pose
Quelquefois sur ton front qui s'offre ingénument.
Je retiens son frisson léger de peur qu’il ose
Ce que je n oserai jamais assurément.
Je t’aime et ne veux pas surtout que tu le saches.
Tu pourrais par pitié m’aimer quelques instants:
Les amours partagés ont de frêles attaches
Et je veux aimer seul pour aimer plus longtemps.
Si cela vous intéresse, vous pouvez devenir
« ami » du poète sur Facebook.
J'ai chez moi un exemplaire de "Les bois qui chantent" dédicacé par M. Desaulniers ainsi qu'un carnet intitulé "Pour la France", dédicacé aussi. Ils appartenaient à ma tante qui a été sa secrétaire pendant plusieurs années.
RépondreEffacerMalheureusement, le livre a eu la vie dure. Il n'a pas rencontré d'humidité mais la page couverture est déchirée. Entière, mais déchirée.
Si quelqu'un est intéressé, me contacter
martineau-johanne@ hotmail.com
Merci
Il y avait erreur dans l'adresse courriel. Voici la bonne :
RépondreEffacermartineau_johanne@hotmail.com
Surtout, ne pas utiliser l'adresse gmail, je ne l'utilise plus. Merci.