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24 décembre 2011

Yolande la fiancée

Laetitia Filion, Yolande la fiancée, s. l. [Lévis], s.n. [Imprimerie «Le Quotidien»], 1935, 188 pages

L’histoire commence en 1913, se déroule à Québec et aux alentours, surtout à Saint-Jean, Île d’Orléans. Jean Dubreuil et Henri Desruisseaux sont deux universitaires qui achèvent leurs études: le premier veut devenir médecin et le second, avocat. Jean a une sœur, Yolande, qui a une amie, Lucienne. Les jeunes filles ont fréquenté les couvents, ont terminé leurs études et demeurent à la maison en attendant de trouver un mari. Henri est amoureux de Yolande et Jean, de Lucienne.

Aux termes de leurs études, en 1915, pour des raisons obscures, Jean et Henri décident de s’enrôler. Juste avant de partir, l’un et l’autre se déclarent à sa belle. Ils se retrouvent successivement à Val Cartier (sic), à Plymouth, puis au front à Rouen. Les amoureux s’échangent des lettres. Les deux gars s’en tirent jusqu’en 1916 : Henri est amputé des deux jambes. Il rentre au pays au printemps 1917, envoie une lettre à Yolande dans laquelle il la libère de son engagement. Même si tout le monde lui conseille d’accepter cette rupture, elle ne l’entend pas ainsi.  Elle essaie sans succès de convaincre ses parents et son fiancé. Le temps passe, Yolande s’accroche à son rêve jusqu’à ce que Henri meure (on ne comprend pas trop de quoi).

En novembre 1918, survient l’armistice et Jean rentre au pays. Il revoit Lucienne, mais rompt avec elle. Pendant la guerre, elle s’était trouvé un autre amoureux, au cas où il ne serait pas revenu. Jean est maintenant médecin à Matane. Monsieur Dubreuil meurt. À défaut du grand amour, Jean épouse une gentille fille. Quand madame Dubreuil meurt à son tour, Yolande se retrouve seule. Elle décide de rester célibataire et de donner sa vie aux autres : elle allègera la vieillesse de madame Desruisseaux (qui aurait dû être sa belle-mère), d’une vieille tante et s’occupera des enfants de son frère.

Inutile de vous dire que je n’aime pas la conclusion de ce roman :
« De la joyeuse fiancée du mois de juillet 1915, il ne restait plus qu'une personne vieillie avant l'âge et qui désormais partagerait ses soins et son dévouement entre sa tante Sylvie et Madame Desruisseaux. A toutes deux qui étaient âgées, elle fermerait les yeux. Henri n'aurait pas de reproches à lui faire, après s'être dépensé auprès de ses parents, elle serait pour sa mère, à lui, une fille affectueuse et dévouée comme elle l'avait promis. Enfin, plus tard elle irait partager avec sa belle-sœur les devoirs nombreux qu’impose une famille.Yolande, seule dans la chambre d'Henri, que Madame Desruisseaux met à sa disposition, pense à ses rêves d'avenir, et voit qu'ils se sont tous changés en fumée. Malgré un soupir qui gonfle sa poitrine, elle ne se sent pas trop malheureuse: il lui reste encore quelqu'un pour qui se dévouer. »
Il y a beaucoup de femmes qui commencent une carrière de romancière aux alentours des années 1930 et Laetitia Filion (1897-1947) est l’une d’elle. Disons que la plupart ont écrit sur les relations amoureuses.  Je pense à Hélène Charbonneau,  Jovette Bernier, Éva Senécal, Marie-Louise Turcot, Françoise Morin  et Adrienne Maillet (L’Oncle des jumeaux Pomponelle, 1939). Je dois dire que toutes celles citées ci-dessus, sauf Morin, sont supérieures à Filion.

En choisissant le point de vue de la jeune fille naïve (Yolande), qui ne voit guère plus loin que l’amour qu’elle éprouve pour Henri, Filion condamnait son roman à la superficialité. On ne sait pour ainsi dire rien de la guerre, rien de la petite communauté dans laquelle elle vit, rien de ses parents. Le lecteur reste muré, avec elle, dans son rêve d’amour, devenu pathétique quand son amoureux est amputé. Même le décor est en partie escamoté : tout au plus, on mentionne à quelques reprises le traversier qui assurait la liaison entre l’île d’Orléans et Québec.

1 commentaire:

  1. En espérant que 2012 a bien débuté et que l'année vous apportera d'agréables lectures.

    Par la même occasion, ma nouvelle adresse :
    http://lalitoutsimplement.com

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