Pamphile Lemay, Fables, Montréal, Granger frères, 1925, 151 pages. (C’est la quatrième édition, une édition posthume remaniée par l’éditeur). (1re édition : Fables canadiennes, Québec, Typographie de C. Darveau, 1882, 351 p.)
Cette édition contient 82 fables. Il me semble que Lemay est inférieur à Stevens. La versification n’est pas régulière et plusieurs fables y auraient gagné à être plus développées. Le départ est souvent bon, mais le récit tourne court, nous laisse en appétit, un peu comme c’était le cas pour les Contes vrais. Ceci étant dit, je pense qu’on aurait avantage, du moins dans le milieu scolaire, à emprunter des fables à ces deux auteurs, ne serait-ce pour les mettre en parallèle avec celles de La Fontaine.
I. Le Laurier-rose et la Pensée – Les grands doivent respect aux petits.
II. Le Vanneur et le Blé – La souffrance est purificatrice.
III. A propos d'une Ondée – Inutile de faire tout un plat d’un simple désagrément.
IV. Le Chêne et le Noisetier – Les orgueilleux sont souvent amers.
V. Le Songe des trois Frères – Devant un obstacle, commençons par réfléchir.
VI. Le Cerf vaniteux – Il faut préférer l’utile à l’agréable.
VII. Le Cenellier – « A cultiver des cœurs méchants, la vertu perd ses soins touchants. »
VIII. La Cigale et la Fourmi – Faire le bien à celui qui vous hait, voilà le défi.
IX. Le Rat et le Pâté – Quand le bonheur nous appelle, restons prudents.
X. Le Carcajou qui veut s'illustrer – N’entreprends pas ce que tu ne peux pas réussir.
XI. La Plume et le Pin – Ceux qui croient tout régenter ne sont souvent que des pions.
XII. Le Renard et le Loup – Les plus forts finissent toujours par tirer profit d’une situation.
XIII. Le Lièvre qui cherche un refuge – Devant le danger, il vaut mieux réfléchir avant d’agir.
XIV. La Mouche et l'Araignée – Le vice nait souvent de l’indigence.
XV. Le Cerf altéré – Devant le danger, il vaut mieux réfléchir avant d’agir.
XVI. Le Glouton et l'Écureuil – « La noix est bonne, mais il faut savoir la manger. »
XVII. Le Singe sur des échasses – Bien des gens aiment se grandir.
XVIII. Le Cheval mourant – Il vaut mieux des amis généreux que nombreux.
XIX. Le Taureau et la Fourmi – « Gardez votre courage pour un digne motif. »
XX. Le Saule et le Pin - On se fortifie dans l’adversité.
XXI. L'Oiseau-mouche et le Chêne – Les petits s’attribuent des pouvoirs qu’ils n’ont pas.
XXII. Le Daim imprudent – Évitons de nous jeter dans les griffes des usuriers.
XXIII. La Couleuvre et l'Aiglon – On peut se détruire à vouloir se venger.
XXIV. Le Castor et le Loup-cervier – « La naïveté n’empêche pas la ruse. »
XXV. Le Paysan et les Moineaux – Le bien est récompensé.
XXVI. Le Loup devenu Mouton – Ventre plein perd ses dents.
XXVII. L’Aigle et le Serpent – L’ambition peut causer votre perte.
XXVIII. Le Ruisseau ambitieux – La richesse peut gâter l’honnête homme.
XXIX. Le Lièvre et le Rat – Faites le bien et on ambitionnera sur vous.
XXX. Les deux Voisines et la Mort – « On aime toujours mieux voir mourir ses voisins que soi-même. »
XXXI. Fleuve et Ruisseau – Parfois « nos souhaits sont mal fondés ».
XXXII. Lionne et Laie - La qualité vaut mieux que la quantité.
XXXIII. Un « fin » politique – S’abstenir, c’est consentir.
XXXIV. La Corneille et la Grive - Certains utilisent le talent des autres à leur profit.
XXXV. Les deux Épis - « Vertueux ou savant n’aime pas être vu. »
XXXVI. Le Loup et les deux Bassets - Il vaut mieux ne pas diviser ses forces.
XXXVII. Les deux Écoliers – À y mettre trop d’empressement, on détruit l’objet de sa convoitise.
XXXVIII. La Belette et le hibou – « Ce qui fait notre orgueil peut devenir… source de peines. »
XXXIX. Le Brochet empressé – Veiller aux intérêts des autres sans négliger les siens.
XL. Le jeune Chat et la Souris – A trop risquer, on finit par tout perdre.
XLI. La Fauvette et l'Épi – À faire la charité, on est parfois récompensé.
XLII. Les deux Sources – « Ce qu’on donne revient. C'est Dieu qui le renvoie. »
XLIII. Le Coq et le Putois – Quand les promesses sont trop belles, il vaut mieux se retirer.
XLIV. L'Oiseau et le Feuillage – « La peur du lendemain est donc une sottise. »
XLV. Le Loup et le Chien – Évitons ceux qui « vous offrent de tout et vous font un emprunt ».
XLVI. Le Renard prudent – Par prudence, il vaut mieux vérifier si les faits concordent avec les paroles.
XLVII. Le Lion et le Lézard – La vanité
XLVIII. Le nouveau Régime – Sous le couvert de la démocratie, les puissants imposent leur pouvoir.
XLIX. La Mouche et le taureau – La vanité
L. Le Cheval et le Charriot – Les gouvernants ne doivent pas céder les rênes du pouvoir à leurs commettants.
LI. La harpe et la Girouette – Les mêmes vents « irritent les méchants et font chanter les bons ».
LI. La harpe et la Girouette – Les mêmes vents « irritent les méchants et font chanter les bons ».
LII. Le Froment et l'Ivraie – Prudence avant de consentir certaines amitiés.
LIII. Le Nuage et le Soleil – Notre âme a besoin de pluie et de soleil.
LIV. Les Feux Saint-Elme et le Phare – L’attrait de la nouveauté et la force de la permanence.
LV. La Luciole et la Rose – A chacun son tour de briller!
LVI. Le Chat et le jeune Oiseau – Il vaut mieux rester près du nid maternel quand on est petit.
LVII. Le Singe en voyage – « Plein d’orgueil ou de vin, tu ne peux te connaître. »
LVIII. L'Ours et le Mouton – Est pris qui croyait prendre.
LIX. La Cigale orgueilleuse – « Mieux vaut santé que bonne mine. »
LX. Le Roseau – La vantardise
LXI. Le Laboureur et l'Athée – Un croyant confond un athée.
LXII. La Colombe – Il faut mesurer son élan pour atteindre son but.
LXIII. Le Renard et l'ombre des Pigeons – Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras.
LXIV. La ligue des Rats – Loin du danger, il est facile de faire le brave.
LXV. L'Abeille et l’Enfant – « Contre l’effronté qui vole défendez bien votre foyer. »
LXVI. Le Renard et le Lièvre – Un poltron qui se vante.
LXVII. La Lampe et le Réverbère – « Tout pouvoir emprunté bien aisément s’effondre. »
LXVIII. La Goutte d'eau et la Pierre - À force de persévérance, on atteint son but.
LXIX. La Mer et le Rocher – Un bon serviteur fait fi des menaces.
LXX. Le Chat qui rêve – Confondre rêve et réalité peut nous en coûter beaucoup.
LXXI. La Neige et le Marécage – On ne peut blanchir la fange.
LXXII. Le Cygne - La beauté est souvent honnie.
LXXIII. Les deux Chiens – Les hommes s’aiment aussi longtemps que leurs intérêts concordent.
LXXIV. L’Agneau et le Glouton – Le fort trouve toujours une raison pour dévorer le faible.
LXXV. Les deux Ruisseaux et le Rocher – « Celui-là devient grand qui surmonte l’épreuve. »
LXXVI. Le Renard et l'Ours – Devant plus fort que soi, il vaut mieux ruser.
LXXVII. La lutte pour la présidence – « Prenez garde à l’homme qui rampe et monte sans se faire voir. »
LXXVIII. Les chameaux – Tout le monde trouve à redire sur tout le monde.
LXXIX. Le Renard et le Loup-cervier – Méfiez-vous des flatteurs.
LXXX. Le Paysan et la Mine d'or – Vaut mieux cultiver la terre que d’y chercher de l’or.
LXXXI. L’Orme prodigue – Prenons soin de nos richesses.
LXXXII. La Sauterelle et la Chenille – Le pouvoir étant volatile, il vaut mieux s'en servir à bon escient.
Tout comme à Paul Stevens, il arrive à Lemay d’emprunter situation et personnages à La Fontaine, tout en optant pour une autre morale. Dans « La Cigale et la Fourmi », là où La Fontaine condamnait les négligents, Lemay reprend une parole évangélique : « Aimez vos ennemis, … , faites du bien à ceux qui vous haïssent… » Lire aussi la version de Jean Anouilh.
LA CIGALE ET LA FOURMI
La cigale est railleuseEt se plaît à chanter;La fourmi, travailleuse,N'aime pas plaisanterElle est peu charitableEt d'humeur intraitable,Le fait ne peut être nié,Si La Fontaine, enfin, n'a pas calomnié.
Un hiver, la fourmi que l'on dit tant avideAvait pourtant laissé son grenier presque vide,Et ce fut à son tour alors de mendier
Chez la cigale, sa voisine,
Où l'on faisait bonne cuisine,Elle s'en vint psalmodier,Avec beaucoup de modestie,Pour s'attirer la sympathie,L'histoire de sa pauvreté.A l'entendre son sort n'était pas mérité.
La cigale, prenant une façon badine,Lui dit: « Venez manger; cet hiver, moi je dîne...Il n'en a pas ainsi toujours été.— Comment reconnaîtrai-je enfin tant de bonté ?Réplique la fourmi. — Comment ? Sur la prairieToute fleurieSi la cigale chante encorPour vous prédire un ciel longtemps d'azur et d'or,Et que, venu l'hiver, elle quête une graineQu'elle aura, la pauvrette, oublié d'amasser,Ah! ne vous montrez plus vilaineEt ne l'envoyez pas danser. »
Souvent un imbécileFait le mal pour le mal et s'en vante, on le sait;Mais une autre vengeance autrement difficile,C'est de faire du bien à celui qui nous hait.
Pamphile Lemay sur Laurentiana
Picounoc le maudit
Le Pèlerin de Sainte-Anne
Les Vengeances
Les Gouttelettes
Fables
Contes vrais
Édition originale (voir le commentaire)
Je viens d'acquérir l'édition originale des Fables canadiennes.Elle date de 1882. Elle compte 105 fables, réparties en cinq livres de 21 pages chacun.Un coup d'oeil rapide me permet de constater que certaines fables ont été largement modifiées.Ce que je comprends moins, c'est qu'on trouve sur Internet archive une édition dite "nouvelle édition" qui date aussi de 1882. Il faut en déduire que le succès fut assez grand pour qu'on puisse présenter deux éditions de ces fables en 1882 (ou, simplement, un second tirage). Le DOLQ ne mentionne pas cette édition révisée.
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