Madeleine Leblanc, Les terres gercées, Montréal, Éditions La Québécoise, 1965, 37 p.
D’après
ce que j’ai lu, ce recueil serait la reprise poétique d’un roman, Le
dernier coup de fil, publié par l’autrice, aussi en 1965. Elle y raconte le
désespoir et la colère d’une femme abandonnée par son amoureux. Auparavant, Leblanc
(née en 1928) avait écrit deux autres recueils, plutôt mal accueillis par la
critique : Ombre et lumière (1960), Visage nu (1963).
Le
recueil compte quatre parties, ce qui est beaucoup pour un livre aussi court. L’autrice
reprend les étapes d’une peine amoureuse, de façon très métaphorisée. Dans À
mon arbre unique, on assiste au départ de l’amoureux : « J’ai recueilli
/ les débris acérés / de ta fuite, / les ai cardés / en ruban d’acier ».
Dans Les terres gercées, on a droit au désespoir
amoureux : « Un être est passé dans leur vie? / Les vidant de
soleil et de pluie… / Et pour ne pas périr, / elles ont creusé, bu, et tari /
la fontaine du souvenir ». Épaves constitue la troisième étape du
deuil amoureux, le sentiment de n’être rien : « Combien de
millénaires faudra-t-il / à nos espoirs tronqués, / pour laisser les porteuses
de lumière, / braver les trouées opaques du cosmos? » Songes pour
survivre témoigne des moyens pour sortir du deuil. « Alors,
s’aboliront les nuits / cernées de silence / Les aubes glacées de souvenirs; / les
lèvres au clavier de venin… »
Le
style est très fleuri, trop probablement, à l’image du contenu, très chargé.
Le
recueil se termine ainsi :
Ne plus être avec toi
que spectre lumineux
dans l’opulence rigoriste
de Dieu