Le beau
vieux et la belle barbe,
Et le bon rire un peu malin,
Et les gros yeux qui vous regardent
Comme cela est déjà loin!
J’entends
encore (en souvenir)
Le cher silence de la chambre
Pour... celui qui allait venir.
Le soir du vingt-quatre décembre.
- Pas ceux
de nos grands magasins,
Les bonshommes à l'improviste
Qui vous sourient d'un air si triste
Et comme en vous tendant la main;
Ni les Pères
Noël trop blêmes
Dans leurs moustaches de papier,
Dont les gars n'auront pas d'étrennes
Et dont la fille va nu-pieds!
- J'entends encor (veille des Fêtes)
Le vrai Bonhomme de Noël,
Celui qu'on guette à la fenêtre
Et qui vraiment venait du ciel.
Traîneau
joyeux, course de rêve
Dans l'air phosphorescent et pur,
Où, par monts, par vaux et par grèves.
Fuyaient les cerfs à toute allure.
Et dans un
clair de lune immense
Où toits, clochers, ciel, tout reluit,
Voici le vertige et la danse
De cette aubade dans la nuit !
Voici
l'allégresse et l'orgueil
Et les étrennes opportunes.
Et les cornes de ces chevreuils,
Forêt mouvante sous la lune !
Voici la
fuite et le cortège
Que leur allure alerte enivre,
Telle une vraie traîne de givre,
Et sonnailles à fleur de neige !...
Et le
traîneau dans la nuit blanche,
Le beau traîneau vif et vermeil
Filait, plus brillant que les branches,
D'avoir passé sur le soleil!
(Jeannine
Bélanger, Stances à l’éternel absent,
1941)
Illustration : Cécile Chabot |
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