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28 juin 2024

LSD, voyage

Louis Geoffroy, LSD, voyage, Montréal, Éditions Québécoises, 1974, 58 p. (Coll. Poésie 0) (Illustrations de Jean Lepage)

Le recueil est dédié à Emmanuelle Septembre, dont la photo apparaît en couverture. Il est daté de 1974, mais il aurait été terminé en 1969. Geoffroy cite un passage de Georges Bataille en exergue.

Dans un texte très dense, dont les vers semblent se précipiter les uns contre les autres, Louis Geoffroy raconte son « amour fou » pour Emmanuelle Septembre, nommée à quelques reprises dans le texte. Malgré quelques coupures, engendrées par la présence de photos et des illustrations de Lepage, le texte est continu. Le titre et quelques passages nous laissent penser qu’il a été écrit sous l’effet de l’acide.

Cet amour fou (Geoffroy emploie l’expression) n’a rien d’éthéré, on pourrait même parler d’un  violent corps à corps érotique : « je te piétine de mon amour / je te foule au pied de ma tendresse / je te botte de ma communion de toi / je te tue de ma vie / et de long en large avec frénésie je t’ouvre le sexe à coups de hach pour que tout mon corps y pénètre mon âme me regardant agir sans remords / j’ai la violence de la soif / et ta photo / la photo de toi qu’est ton corps ne suffit plus aux papilles monstrueuses qui m’envahissent le cerveau ». Comme le veulent les artistes de la contreculture, le sexe est un des moyens d’accéder à l’extase qui pousse l’humain au-delà de ses limites : « Emmanuelle / … / l’Empire State Building c’est ma queue que je plante en toute ouverture vers la connaissance de moi et de toi / vers la connaissance du monde échevelé ». Ou encore : « mon âme quitte mon corps sept fois pour retrouver le grand Manitou de son esprit ». Mais cette sexualité débridée est aussi une forme de révolte contre la société bien pensante : « à moi la violence / à moi les cris / spations / fermement décidé à gémir de toutes mes cambrures / fermement décidé à colorer les archétypes déformés de ta vie quotidienne / fermement décidé à demeurer fermement décidé outre mesure avec excès ». Contrairement aux activistes sociaux, il croit que la libération de l’individu (et donc de la société) commence par la liberté sexuelle : « Et la liberté s’est mise à naître ».

En plus de Bataille, il cite les Fugs, les Doors, Procol Harum, Albert Ayler, Andy Warhol, Godard (Anticipation), bref des artistes de la marge.

Je cite les derniers vers du recueil en guise d’extrait :

L’acide était bon cette fois-ci Emmanuelle où regarde-moi m’avancer avec les mains moites de tendresse pour découvrir que jeu violet de tes yeux

est-ce qui me reste d’acide

la musique de ton corps ouvert me défait bribe par brique


Louis Geoffroy sur Laurentiana

Les nymphes cambrées

Empire States. Coca cola blues

Totem. Poings fermés

Max-Walter Swanberg



 

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