Plus de 900 livres québécois! Patrimoine littéraire, bibliophilie, carnet de lecture. 120 000 pages vues par année. « Laurentiana » se dit des livres ou brochures relatifs au Québec, au Bas-Canada et à la Nouvelle-France.
LIVRES À VENDRE
25 février 2022
Les hanches mauves
18 février 2022
Cendres de sang
Le recueil est dédié à Noëlla, à sa famille et à la terre.
Tout est modeste dans ce livre : d’abord ses dimensions 13 x 15 cm, puis le nombre de pages (une trentaine) et même l’inspiration (dix-sept poèmes). Le livre est broché à l’intérieur d’une couverture à rabats.
Les sept premiers poèmes évoquent plutôt des malaises. « je suis érable au sol de rien / pollen opaque de ville / souches de misère / ombres passagères ».
Les dix derniers célèbrent l’amour. Dans certains, comme celui que je présente, Gauguet-Larouche s’adresse à la femme aimée.
XV
tu es là dans le sang de ma vie
j’entends tes pas
ah ! vernis indiscrets
j’accueille l’écho de ton corps
sans frapper j’entre
le beau temps la sève n’aiment pas attendre
nos bouches se gavent de baisers perdus
qui recouvre nos corps d’un linceul de joie
11 février 2022
Le vertige de sourire
Gilbert Langevin, Le vertige de sourire, Montréal, Atys, 1960, 4 pages. (Feuillet 4 pages sous chemise. Imprimé à l'Atelier Pierre Guillaume.) (Exemplaire de la BAnQ)
Le vertige de sourire ne contient qu’un poème, mais quel poème! On dirait que Langevin, lui qui nous a habitués aux poèmes plutôt courts, vient de découvrir le surréalisme et qu’il s’amuse comme un enfant devant son nouveau jouet.
On y lit :
Des images empruntées à des thématiques assez éloignées :
« tonneaux de larmes pentecôte ou menottes
morsure à cul de planète
sous le miel trop de vinaigre »
des enchaînements plutôt tortueux :
« mes péchés printaniers mes péchés de velour
vomissures d’étoile sperme ventriloque
la vitre se laisse lécher hublots sur absence
quoi de plus doux que la langue d’un fou
discordance
fouillis gélatineux des sacristies panorama de chair »
Mais au-delà de cette liberté verbale, on a un homme avec ses complexes, sa culpabilité, ses restes de croyances religieuses, et aussi un révolté…
« ah que mon regard à ce trop loin de la main s’embarque
chandelle d’œil-en-ciel flamme éteinte
découvrir tant de choses
l'imposition des chaînes de la connerie
les lois de pesanteur
la constellation des jalousies
le sang qui se répand
cet essor éperdu qu’on perd à tout instant
dans le bonheur dans la torture »
… avec cette volonté de trouver des alliés :
« mais dans mon exil volontaire
il y a les poissons il y a la tortue
il y a le chat il y a les oiseaux
eux aussi sont mes frères
j’en ai même aux lèvres le sourire
le vertige de sourire face au vide »
4 février 2022
Silex 2
Louis Caron, Pierre Chatillon et Olivier Marchand, Silex 2, Montréal, Atys, 1960, n. p. (24 p.]
Parmi les publications d’Atys, cinq s’inscrivent dans la collection « Silex » : Nouveautés poétiques, Silex 2, Cendres de sang (1961), Le froid se meurt (1961) et Les cahiers fraternalistes (1964). Pourquoi ces recueils et non pas les autres? Ça reste un mystère. Trois sont des collaborations, deux ont un auteur unique.
« Silex 2 » est parfois renommé « Silex 60 » dans des promotions d’Atys. Le titre est emprunté à un poème d’Olivier Marchand publié dans Crier que je vis. Plus que le titre, le poème lui-même figure au début du recueil (M. Marchand m’a confié qu’il l’ignorait), ce qui ressemble à une épigraphe. Dans son poème « Silex », Marchand nous dit qu’il n’y a pas de raison de nous taire, qu’il faut « parler tout haut », idée qui devait plaire à Langevin.
Le recueil contient 10 poèmes et des publicités. Les cinq poèmes de Pierre Chatillon oscillent entre l’intime et le social. « À bord / du grand vaisseau pourri de mes bottines, / j’ai mouillé l’ancre en la misère de la ville. »; « Et j’ai passé / dans le parfum profond et noir de tes cheveux / une puissante, épaisse nuit / Tous au fond de la mer. »
Les cinq poèmes de Caron sont à la fois fantaisistes et quelque peu misérabilistes : « la colline était la vache / qui mâche son foin / et les roches bleues / geignent sous les pas »; « si près de nous la mort / et la misère dans nos barbes / qu’on n’a pas de raisons / de ne pas essayer un peu / d’être un peu heureux… »
Les cinq dernières pages du recueil sont des « petites annonces ». On rappelle l’existence de « Nouveautés poétiques » tout en mentionnant que le recueil est épuisé, on annonce la parution prochaine du Journal d’un inquisiteur de Gilles Leclerc (« L’ironie au service de l’hérésie ») et on fait une publicité pour « Rythmes et couleurs » une revue parisienne dirigée par François Hertel (« représentant d’Atys à Paris »).