2 juin 2021

La jonchée nouvelle

Louis-Joseph Doucet, La jonchée nouvelle, Montréal, Yon, 1910, 96 pages. (Préface de Charles Gill)

Le recueil est dédié à la « France canadienne ». Gill écrit dans la préface : « La sincérité, l'attendrissement, une franche saveur de terroir et l'abondance sont les qualités maîtresses de ce généreux poète au cœur naïf. Ces qualités, il les possède à un degré difficile à atteindre, et jamais au Canada le sentiment de la nature n'a chanté avec autant de chaleur et de pittoresque. " Le Vieux Pont " et " Les Cèdres ", par exemple, sont des chefs-d'œuvre. »

Ce que j’ai écrit, il y a douze ans, sur La chanson du passant, je pourrais le répéter ici : « Doucet est un poète romantique, mais non un poète du terroir. Son inspiration très convenue est à peu près la même que celle de Lamartine : la nature bienveillante, le temps destructeur, les souffrances humaines, l’appréhension de la mort. »

« J'aime voir le passé creusant sa trace austère
Et couvrant de poussière un seuil abandonné » (Les ruines)

« Heureux qui sait mourir sous le toit de ses pères !
Heureux qui se complait en son passé d'enfant ! » (Le souvenir)

« Mon âme avec émoi contemple ta verdure
Et sourit en disant, heureuse de te voir :
Salut, saison des fleurs, idéale nature,
Dont le souffle embaumé me prodigue l'espoir! » (Printemps)

« Ma vie est comme une herbe au vent,
Battant le mur, battant le sable,
Profondément simple et suivant
Ton jours son rêve impérissable. » (Mélancolie)

« Il était un poète au cœur large et sincère,
Un enfant du pays aux généreux accents,
Poète qui chantait les preux de notre terre,
Peuplant l'écho natal de mots attendrissants. » (Crémazie)

« J'espère en toi Seigneur, protège ma misère.
Le pauvre que tu fis regarde aux cieux sereins
D'un triste et long regard, en te tendant les mains ;
Écoute un peu mon cœur, ma prière est sincère. » (Psaume)

Quelques critiques

« "La Jonchée Nouvelle" donne, en effet, l'impression d'un luxuriant jardin quelque peu négligé. Il y a parfois surabondance de verdure, l'art s'y perd dans la profusion. Mais qui pour- rait affirmer avec certitude que ce désordre même n'a pas sa beauté. Victor Hugo aurait-il mieux fait, pour sa gloire, de retrancher de ses livres tant de pièces que la critique réprouve ? » (critique anonyme)

« Ceux de la ville trouveront de la beauté dans ces ballades et ces élégies et ces sonnets, une beauté qu'ils admireront, qu'ils sentiront sans doute, mais qu'ils ne comprendront vraiment que s'ils ont entendu, un jour, et avant tout autre bruit, la grande voix delà nature, dans l'immense recueillement champêtre. Pour cela, il faut, à coup sûr, avoir de la poésie en l'âmeet de l'amour au cœur. » (Colette)

« Il est difficile d'imaginer rien d'aussi lumineux, d'aussi pur que certains strophes de "La Jonchée Nouvelle", strophes dont la pensée et la forme offrent tout ce qu'il y a de plus élevé, de plus poétique et parfois de plus chrétien dans la tradition française. Et ce sera là le plus beau titre de gloire de Louis-Joseph Doucet. » (Olivier Bonnard)

Et, n’en déplaise à Gill, « Le vieux pont » n’est pas un chef d’œuvre :

« Aux caresses du vent dont se plaint le roseau,
Parfois un rossignol y turlute son trille.
Et le vieux pont sommeille au-dessus du ruisseau,
Dans l'ouragan des soirs comme au midi tranquille. »



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