Oscar Le Myre, Un peu de vie, Montréal, Imprimerie Modèle, 1923, 134 pages. (« Simple présentation » de Gustave Comte)
Comme Gustave Comte l’exprime dans sa
présentation, Le Myre « s’est appliqué à peindre des sujets vécus, et […]
a souffert ou souri avec ses héros ». Ce que Comte annonce, c’est que nous
sommes en face d’un auteur qui n’hésite pas à jouer sur les sentiments.
Le livre est dédié à son père qui
lui a enseigné « qu’il fallait, pour ne pas se heurter / Aux écueils du
chemin, aux ronces de la route, / […] comprendre, étudier, écouter ».
Rien d’original du point de vue
formel : des poèmes longs, découpés en strophes inégales, écrits en
alexandrins.
On est au lendemain de la guerre
et il aurait été difficile de clamer que tout est pour le mieux dans le
meilleur des mondes. Le Myre ne tombe
pas dans ce piège, même si l’ensemble de son recueil est plutôt optimiste.
L’auteur se penche sur son passé et recueille des souvenirs tantôt tristes et douloureux,
tantôt joyeux. Le deuil, l’entrée d’une amie au cloître, une enfant qui vient
de perdre sa mère, le retour dans son alma mater, la première communion d’une
petite cousine, le départ de jeunes hommes pour la guerre, la guerre elle-même,
la jeunesse, beaucoup de poèmes d’amour, quelques déconvenues, voilà grosso
modo les sujets du recueil. Dans les dernières pages, Le Myre présente quelques
poèmes plus narratifs, entre autres sur Noël, qui veulent tirer les larmes par
la mise en scène de petits pauvres, de vieillards abandonnés et d’orphelins.
Le Myre se tient loin de la bagarre que les terroiristes et les exotistes se livraient à
l’époque. Deux poèmes ont comme sujet les yeux bleus de sa bien-aimée. En voici
un.
TES YEUX
Tes yeux, quand ils sont gais, ont des lueurs d’aurore.
Un matin de printemps,
Brillants comme un matin joyeux, qui vient d’éclore,
Dans des rayons ardents.
Quand ils rêvent, ils sont immenses comme l’onde,
Tes grands yeux caressants,
Aussi bleus que la mer, aussi grands que le monde.
Et toujours éblouissants.
Quand ils chantent, joyeux de quelque douce ivresse,
Et fermés à demi,
Tes yeux ont des trésors d’adorable caresse,
Et d’amour infini.
Quand ils pleurent, parfois, pleins de tristesse amère,
Alanguis, douloureux,
Sous les diamants perlés qui cachent ta paupière,
Comme ils sont beaux, tes yeux!
Mais rieurs ou chagrins, pleins de joie ou de peine,
Rien n’est plus enchanteur
Que l’éclat caressant de tes grands yeux de reine,
De tes yeux de bonheur!
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