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1 janvier 2021

LA NOUVELLE ANNÉE (Trudel)

Oui, l’aiguille du temps, de son geste implacable
Faisant un nouveau tour sur le cadran moqueur,
Marque un an ; et son poids pénètre, impitoyable,
               Jusqu’au cœur.

Qu’a donc fait ce tyran de nos heures joyeuses?
Que n’a-t-il effacé pour nous, pauvres humains,
Avec les jours joyeux les heures malheureuses
              Des chemins ?

Où donc sont envolés ces plaisirs de notre âme,
Ces roses qu’il semait en soins harmonieux
Pour égayer la route et mettre quelque flamme
              Dans les yeux.

Ce nouvel an qui vient, donnera-t-il encore
Tous les mêmes bonheurs ou les mêmes douleurs ?
N’égaiera-t-il pas cette craintive aurore
              De couleurs?

Mais pourquoi soulever le voile que Dieu baisse?
Espérons-nous, hélas! quelques mots des linceuls?
Laissons plutôt les jours que craint notre faiblesse
              Venir seuls.

Et si comme aujourd’hui la douleur nous assiège,
Regardons le cadran ; son aiguille descend,
Et ce qu’elle apporte à nos jours n’est pas un piège
              Que Dieu tend.

Joie, Ivresse, Bonheur que porte sa corolle,
Amours, Illusions que l’on croit voir venir,
Sait-on qui les aura? Non, c’est une parole
              D’avenir.

Laissons-nous donc bercer par ces mots de la brise,
Son parler est suave et ses mots sont si doux!
Et si, devenant aquilon, elle nous brise,
              Taisons-nous.

Au milieu du chemin, une rose peut-être
Montrera son calice aussi frêle que beau,
Et nous pourrons sourire avant de disparaître
              Au tombeau.

(Trudel, Première moisson, 1929, p. 137-138)

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