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12 juin 2020

Le long voyage

Simone Routier, Le long voyage, Paris, Édition de la lyre et de la croix, 1947, 153 p.

Le séjour de Simone Routier en France est brutalement interrompu en 1939. D’abord la France déclare la guerre à l’Allemagne, mais surtout son fiancé Louis Courty décède dans un accident d’automobile, deux jours avant leur mariage. Simone Routier rentre au Canada et séjourne 10 mois au cloître du monastère des Moniales de Berthierville entre 1941 et 1942. Le long voyage et Psaumes du jardin clos ont été écrits dans ce lieu de retraite.  

Le long voyage compte 75 poèmes à caractère religieux. On pourrait résumer ainsi : Routier avoue ses « errances », s’en confesse : « J’ai été si puérile, mon Dieu, si odieuse et entêtée à ne point comprendre. / … / Vous pouviez si bien, mon Dieu, m’abandonner à mes bourrasques de prétentions, / M’abandonner, gonflée à éclater de l’univers — pour y avoir trop bu à pleines lèvres ». Le « long voyage », c’est une démarche expiatoire vers l’acceptation de la mort de son ami, mais aussi la quête d’un réconfort dans la découverte du Christ : « Un matin j’avais compris : au Christ on s’identifie; c’est Lui qui entre et s’installe dans le cœur, de toute sa hauteur et de toute sa largeur, avec sa Croix et des douleurs. » 

Quelques poèmes constituent un éloge funèbre pour Louis Courty, le fiancé disparu : « La vie de ce cher être — essayons aujourd’hui d’en parler — était vraiment un poème. / Il était fort, il était grand — que le regard se posait sur lui avec agrément! — et sa vie lui ressemblait. / Son fin sourire et son regard émouvant étaient la droiture même / Et nul ne pouvait se défendre de l’aimer quand il souriait. »

Enfin, Routier évoque à quelques reprises la vie ascétique des sœurs dominicaines (voir l’extrait).

Même si le texte est disposé en vers (versets, serait plus juste), on a plutôt l’impression de lire de la prose poétique. Les poèmes sont longs, la parole est ample, peu métaphorique, peu lyrique. Routier ne sombre jamais dans le mélodrame malgré les circonstances dramatiques. La nature est le point de départ de quelques allégories dans lesquelles l’autrice chante la paix retrouvée, sa rencontre avec Dieu.

Le recueil est dédié « à [s]a sœur Gabrielle, sœur Simone-Thérèse, missionnaire à Ganganika ». Il contient beaucoup d’épigraphes et de poèmes dédicacés.

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