Guy Fournier, Terres prochaines, Montréal, Éd. D’Orphée, 1958, s.p. [environ
40 p.] (Frontispice sur deux pages de Charles Daudelin)
Le
livre de Guy Fournier, un compte d’auteur réalisé par André Goulet, est une
belle réalisation : papier de qualité, mise en page soignée et surtout le frontispice
de Charles Daudelin qui vaut à lui seul le prix du livre.
Les titres
qui coiffent chacune des quatre parties du recueil annoncent le projet de Fournier :
La douleur d’être (4 poèmes), Les assassins (18 poèmes), Voici poindre le temps (8 poèmes) et Les matins neufs (5 poèmes). Du
malaise, à l’accusation, à l’espoir et au renouveau.
La douleur d’être
« Je
m’enlisais dans la vase des jours / Et la puanteur me seyait ». Fournier
ne perd pas de temps. Dès le départ, le ton et la manière sont là : un
sentiment d’impuissance, d’enlisement et
une certaine enflure verbale. Tout y passe, « les mères…
asphyxiantes », les « pères scorpions », les « curés
déifiés », les « riches ». En quelque sorte, une révolte
d’adolescent : « Je cuisinerai des ouragans / En guise d’éloge
funèbre / Pour ceux qui ont brisé ma vie ».
Les assassins
Les
« assassins » ont déjà en partie été nommés dans la partie précédenteFournier ne fait que reprendre — et approfondir un peu tout de même — ce qui a
déjà été dit : « Le veau d’or réapparaît sans cesse / Il scintille
poli / Par les lèvres qui baisent / Son cul d’argent ». Fournier
vient d’agrandir le cercle des « assassins ». Et peut-être encore
plus dans ce passage : « Étrange pays / Où personne n’a de droit /
Que celui de victime // Tête haute / L’assassin se promène / En costume de
ville ».
Voici poindre le temps
« Voici
poindre le temps / Des comptes à régler / Des gueules à briser / Des blessés à
finir ». La partie se termine ainsi : « Je n’ai pas d’autre
choix / Que celui du courage ».
Les matins neufs
Ces
« matins neufs » semblent encore loin tout de même. « Il n’ a
pas de solutions / Aux problèmes absurdes ». Ce n’est que dans les deux
derniers poèmes qu’on sent un certain apaisement, le poète se délestant de sa
colère : « Le froid qui mordait ta peau / A maintenant la chaleur /
Des paumes de femme ». Ou encore : « La vie vie éclate partout /
Dans des airs de flûte ».
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