Ce recueil
contient 11 poèmes de formes irrégulières. Il appartient au courant du terroir.
Le mérite de Tremblay, c’est de maintenir une certaine hauteur d’inspiration,
d’éviter de célébrer l’heure des vaches.
Strophes liminaires
S’attacher
à la terre, c’est une manière de rendre hommage aux ancêtres : « J’ai pris racine au sol qu’ont découvert les
nôtres ; / Et dans chaque sillon, puisant leur souvenir / Comme un or
épuré que rien ne peut ternir, / J’écoute dans mon cœur chanter leur voix
d’apôtres. »
Laudes
Le chant de la nature est un hymne à Dieu. « Il n’est
pas dans les bois une oraison qui mente, / Et l’âme peut monter, dans cette
ascension, / Où l’aube rajeunie entre en procession ; / Car toutes les
beautés se fondent en prière ».
Aubade bocagère
Poème bucolique dans lequel le poète célèbre le chant de la
forêt.
Réveil des champs
Tremblay oppose le monde vivifiant de la campagne au monde
dénaturé de la ville.
L’Œuvre
Il glorifie les
faucheurs. « Le neuf est aujourd’hui l’âme des vieilles choses ».
Choral des blés
« Le pain
est bon qu’on mange après l’avoir gagné / Sur le terrain qu’on a pour soi-même
imprégné ».
Rapsodie
Le plus long
poème du recueil. Tremblay commence par un hommage au blé, à qui il donne la
parole. La suite du poème est ancrée dans la réalité de 1917 : le blé
symbolise les Canadiens français au combat. «
Ils culbuteront l’Allemand / Dans la tranchée ou dans la plaine, / Et vaincront
sans reprendre haleine ». Le poème nous emmène ensuite en Ontario où le
français est menacé : « L’Europe n’est pas seule où la Justice
pleure. / … / Et jusque dans mes bois, un gendarme brutal / Veut me faire oublier
le doux parler des mères ».
Nocturne
On est en plein au cœur de l’idéologie de conservation : « La vision qui
point à travers les moyettes / Brode un sourire d’ange aux blancheurs des
layettes, / Et transforme les blés en berceaux vagissants ».
L’amour du sol
Le poète se lance dans une défense de la vie campagnarde en
opposition à la vie urbaine : « Vos livres, vos
palais, vos temples, vos musées, / Vos théâtres, remplis de foules amusées /… /
Tout cela ne vaut pas une tige qui sort / À travers le sol dur qu’elle bombe et
qu’elle ouvre. »
Le cri du nourricier
Ce poème est
une charge contre les « villes tuberculeuses » et le monde
industriel : « Vous nous assassinez des campagnes entières, / Pour
peupler sans repos l’usine-cimetière. » Ou encore : « Il ne faut
pas, jamais, que notre tâche hésite, / Même si nous faisons vivre vos
parasites. / Le chômage du soc est un arrêt de mort, / Car vos progrès géants
viennent de notre effort. »
Demain
La conclusion
était prévisible, la régénération cette civilisation perdue ne peut venir que
du sol : « Car c’est du sol que surgira le droit de vivre, / En
donnant à chacun sa page du grand-livre, / Et le soc prévaudra contre
l’accapareur / En rayant d’un sillon les siècles de terreur. »
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