Yves Thériault, La rose de pierre: histoires d'amour, Montréal, Éditions du Jour,
1964, 135 pages.
Le recueil propose
neuf titres dont celui qui donne son nom au recueil. Les sept premiers sont des
nouvelles alors que les deux derniers tiennent davantage du conte. Tous ces
récits, sauf le dernier, étaient déjà parus en revue, dans Chatelaine ou Maclean.
La rose de pierre
Anthyme, 60 ans, engage
Nicolas, un ouvrier agricole d’origine roumaine. Sa fille Véronique, libre et
un peu sauvage, est amoureuse de Nicolas. Amour qu’il semble partager mais auquel il n’a
pas droit : il est marié et a un enfant.
La Loutre
Rita, une Indienne
Waswanipi du grand lac Mistassini, a fui sa communauté qui voulait la forcer à
épouser un homme qu’elle n’aimait pas. Elle croise dans sa fuite François, et
il tombe amoureux d’elle.
La Mariouche, c’est pour un blanc
La Mariouche, c’est
Marie-Lise, une belle blonde qui accompagne ses parents dans un voyage d’agrément
en forêt. Lui, c’est Benjamin, un Montagnais de la Romaine. Bien entendu la
Marie-Lise n’est pas pour lui. La Mariouche, c’est aussi la fille d’une légende Autochtone chantée par Vigneault.
Le fichu de laine
Newport,
Baie-des-Chaleurs. Ambroise, au début de la soixantaine, a épousé Micheline, au
début de la vingtaine. Sur le bateau qu’il dirige, il aperçoit un matelot qui
porte un tricot comme sa jeune femme en tricote. La jalousie s’empare de lui.
La main
Géron est un
colérique, mais il aime sa femme par-dessus tout. Un jour, dans un accès de
colère, il frappe sa femme. Pour être sûr de ne jamais recommencer, il se coupe
la main.
Les sept jours de la transhumance
On est dans les
montagnes du sud de l’Italie. Un bouc aurait tué un berger qui aurait malmené
une chèvre.
Je n’ai lieu qu’en toi
Julienne, une
Parisienne, a épousé un ingénieur, Richard. Après des séjours en Afrique,
Richard se retrouve sur la Côte-Nord, près de Baie-Comeau. Sa femme n’arrive
pas à apprivoiser les lieux jusqu’à ce qu’elle rencontre une Montagnaise.
Le plat d’or
Conte. Dans un pays
qui a aboli la monarchie, le roi et la reine ne sont plus que deux fantoches,
image dont ils n’ont pas conscience, puisque les miroirs sont défendus dans le
palais.
La tulipe bleue
Martine est
inconsolable depuis la mort de François. Une amie lui donne une tulipe qui
devient le substitut de son amoureux décédé.
L’amour est décliné
sous différentes formes. Couples qui se forment, qui se défont, qui n’arrivent
pas à se former, usés, désunis par la mort. On trouve quelques couples mixtes
(Québec-Europe; Blancs-Indiens) et si cette différence apparaît comme un obstacle,
elle n’est pas synonyme d’échec de la relation amoureuse. Dans 5 récits sur 9,
l’aventure se termine plutôt mal.
On connait la manière
Thériault. Il plante un décor loin de la ville, dans un lieux excentré,
même lorsqu’il l'invente. Sur les neuf récits, quatre ont lieu dans des lieux imaginaires, deux
sur la Côte-Nord, un au Saguenay, un dans la Baie-des-Chaleurs et un en Italie.
On retrouve aussi ses
personnages habituels. La virilité et le silence des hommes cachent une grande
tendresse; les femmes sont généreuses de leurs corps, de leurs sentiments,
davantage par atavisme que par éducation.
Thériault utilise
souvent un objet ou un lieu qui devient le symbole de l’état d’âme de ses
personnages. C’est tantôt un objet (la rose de pierre dans « La Rose de
pierre »), tantôt un lieu (l’anse dans « Je n’ai lieu qu’en
toi »).
Aucun commentaire:
Publier un commentaire