12 janvier 2016

Les Pays d’en haut Émission no 1


Comme tous les gens de ma génération, j’avais hâte de voir à quoi ressemblerait cette nouvelle mouture d’Un homme et son péché. Je suppose que les téléspectateurs de l’ancienne série ont dû voguer de surprise en surprise en découvrant certains changements chez les personnages. Va encore pour Alexis et Séraphin, pas si éloignés de leur jumeau de la série télévisée (rien à voir avec le roman original toutefois). Mais Donalda? La « sainte » et résignée Andrée Champagne doit en être encore toute remuée, elle qui incarnait la soumission d’une épouse à son mari. (À noter qu’il y a toujours eu des femmes qui se tenaient debout dans Les Belle histoires des pays d’en haut) Et il y a le curé Labelle (généreux Antoine Bertrand). Quel personnage! Le voilà qui tombe à bras raccourcis sur ses opposants, qui flirte avec les femmes et qui prend un coup. C’est ce qu’on appelle « dépoussiérer un personnage », même si la réalité historique n’est sans doute pas au rendez-vous.

Ce qui m’agace, c’est que les auteurs de la série veulent absolument nous convaincre qu’ils sont les dépositaires de la vérité historique. Ils prétendent que Grignon, lui qu’on surnommait le « vieux lion du Nord », lui qui faisait trembler tous les intellectuels des années 30, aurait édulcoré la réalité. L’a-t-il fait? Comme tous les auteurs de l’époque, il a choisi de montrer la facette la plus acceptable et, sans aucun doute, la plus répandue de la société de l'époque. Pourtant, je ne pense pas que cette argumentation  soit nécessaire. Oublions le réalisme. Il est bien évident que cette nouvelle série aurait pu (dû?) être créée à partir d’un scénario original, tant elle doit peu au roman de Grignon de 1933. On a retenu les personnages et certaines situations du téléroman (des bons et des méchants, des entourloupettes, du mélo, un peu de comédie) et on a ajouté de la violence et du sexe. C’est une version 21e siècle, une vue a posteriori, un histoire à la sauce d'aujourd'hui avec ses personnages irrévérencieux, ses séquences très courtes, ses gros plans léchés...

Déçu? Non. Au contraire, les auteurs de la nouvelle série n’avaient pas d’autres choix. Il ne servait à rien de rabâcher pour la ixième fois les mêmes vieux clichés. Au moins, les ont-ils mis à jour. Pour le mieux? On verra. Et tant mieux si ce vieux conservateur de Claude-Henri Grignon se retourne dans sa tombe.

Claude-Henri Grignon sur Laurentiana

2 commentaires:

  1. Je suis contente d'avoir votre avis. Je me demandais également en quoi c'était une série "non censurée". Vous nous donnez la réponse. Personnellement, je n'avais pas besoin d'une autre version.
    J'aimerais que nos producteurs achètent plutôt les droits de nouveaux romans.

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  2. Moi, ce qui m'agace vraiment beaucoup, c'est qu'on transpose des valeurs et des comportements actuels à des personnages d'un autre siècle, à des gens qui ont vécu autrement. Le public québécois est-il incapable d'apprécier son histoire ?

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