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16 février 2007

L'Oublié

Laure Conan, L’Oublié, Montréal, Beauchemin, 1936, 123 pages.
(1re édition : la Cie de publication de la Revue canadienne, 1900) (Préface de G. Bourassa; illustrations de C. A. David)


« Villemarie n’était encore qu’un champ de bataille bien souvent ensanglanté, mais la sainte colonie, comme l’appelle Leclercq, était définitivement sortie du fort. Sur la Pointe-à-Callières, à travers des champs cultivés, on apercevait une trentaine de petites maisons solides, à toit pointu, protégées par des redoutes. »

Ville-Marie, 1655. Élisabeth Moyen, qui a vu ses parents massacrés sous ses yeux, a été emmenée en captivité par les Iroquois. Heureusement pour elle, le major Lambert Closse a réussi à capturer un chef iroquois, et un échange de prisonniers est effectué. Tel est le début du roman.

La colonie religieuse, installée sur la Pointe-à-Callières, est dirigée par monsieur de Maisonneuve ; il est assisté par Jeanne Mance et Sœur Marguerite Bourgeoys. Les Iroquois sont menaçants et les colons se sont bâti un fort pour s’abriter. Malgré tout, plusieurs y ont perdu la vie dans une embuscade. Lambert Closse, héros intrépide et inspiré, assure la sécurité de la petite colonie, au mépris de sa vie. Le temps passe. La jeune Élisabeth devient l’assistante de Jeanne Mance. Au fil des rencontres, le major Closse, dans la trentaine avancée, tombe amoureux de la jeune Élisabeth (16 ans), l’épouse et se fait agriculteur par amour pour sa belle. Après une courte période de paix, les Iroquois relancent les hostilités : ils rassemblent les différentes nations et, eux, qui ont déjà éliminé les Hurons, promettent d’en faire autant des Français. Seize braves, menés par Adam Daulac (Dollard des Ormeaux) vont à leur rencontre et périssent au fort Long-Sault (1660), comme on le sait. Cette action héroïque sauve la colonie.

Nous sommes maintenant en 1662. Lors d’une attaque contre Ville-Marie, Lambert Closse, qui a maintenant une enfant, est tué au combat, une mort qu’il souhaitait d’une certaine façon (mourir martyr pour la Vierge Marie).

Laure Conan rend bien le zèle religieux - voire l'obsession du martyr - qui animait les fondateurs de Montréal. « Ma chère enfant, puisque Villemarie est fondée pour étendre le règne de Jésus-Christ, il faut qu’elle porte le signe de la Passion, il faut que tout y saigne, que tout y souffre. » Le roman fait constamment le panégyrique de ces chrétiens hors norme, de leur courage, de leur désintéressement. Jamais ne pointe le moindre petit doute chez l’auteure, quant à la légitimité et à la rationalité de leur implantation en territoire iroquois.

L’intrigue et les descriptions sont menées rondement, « sans ouvrir derrière elles de perspective profonde qui attire l’œil et sollicite l’imagination » (Bourassa, dans la préface). Il est un peu difficile de suivre le déroulement temporel du récit. Les Iroquois, comme dans tous ces romans, sont démonisés. Par contre, on y trouve l’idée de former « un peuple composé de Français et sauvages (sic) ». Laure Conan, contrairement à

Joseph Marmette, ne raconte pas les horreurs de la guerre, les tortures, le cannibalisme, etc.

Pourquoi le titre? Parce qu’on jugeait que Lambert Closse était un héros oublié de l’histoire. La lecture du roman est expédiée en une petite heure et les gens de mon âge vont retrouver, avec une certaine nostalgie, le ton de leurs cours d’Histoire du Canada du primaire. ***½

1 commentaire:

  1. J'ai lu l'Oublié il y a plus de 50 ans au secondaire. Dommage, que ce soit introuvable aujourd'hui. Outre l'aspect trop religieux, qui même à l'époque agacait,j'ai toujours voulu savoir l'authenticité de ce récit. COMMENT, savoir la vérité?

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