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15 février 2007

Au village

Alfred Mousseau, Au village. Épisode de la vie rurale, Montréal, G. A. Marchand imprimeur, 1915, 158 p.


Deux ingénieurs, André Noël et Adélard Legris, ont convaincu le conseil municipal de Saint-Germain, dirigé par le maire Louis Martin, de moderniser le village en ajoutant un système d’aqueduc et d’égouts ainsi que la lumière électrique. Jaloux, les opposants au conseil, menés par le député-échevin Georges Beaulieu, réussissent à contrecarrer le projet. Les élections municipales surviennent, les opposants prennent le pouvoir et présentent à peu près le même projet.

L’épicier Magloire Sirois, un fier allié du maire Martin, ne digère pas la défaite et va jusqu’à se battre avec les opposants. Il entretient une si grande colère que même ses amis craignent pour sa santé mentale. Ses opposants, dont Baptiste Fournier, son beau-frère épicier lui aussi, et un médecin, réussissent à le faire interner. Sa femme Marie, impuissante, est au désespoir. Louis Martin, embarrassé et lâche, ne fait rien pour protéger son ancien allié.

Les opposants s’acharnent sur les Sirois. De crainte que Magloire sorte de l'asile, Beaulieu promet à Martin de lui laisser la mairie aux prochaines élections s’il consent à ne rien faire pour l'en faire sortir. Et voilà que les deux adversaires d’hier complotent! Mais le pire ennemi des Sirois demeure leur beau-frère épicier Baptiste Fournier. Lui et sa femme - deux méchants! - ont décidé de s’emparer du commerce. Fournier fait semblant d’aider Marie à gérer l’épicerie pour mieux détourner les clients vers la sienne. Comme ce manège ne porte pas fruit, il essaie de se faire nommer curateur public. (À l’époque, la femme aux yeux de la loi n’existe pour ainsi dire pas et ne peut gérer les biens au nom de son mari.) Pour réussir dans cette démarche, il doit au plus obtenir son assentiment, ce qu’elle refuse malgré les très fortes pressions psychologiques qu’il exerce sur elle. En désespoir de cause, il décide de porter un grand coup : lui enlever un enfant et la faire chanter. Comme il est en train d’accomplir son forfait, Magloire Sirois, évadé, surgit juste au bon moment. Fournier fuit quand même avec l’enfant, qu’on ne reverra pas, mais un de ses complices se querelle avec lui et l’entraine dans la mort. Bien fait pour lui, se dit-on!

Le roman se termine bien. Les deux hommes politiques (deux crapules!) s’entendent pour laisser à Magloire Sirois sa liberté. La veuve de Baptiste Fournier, l'instigatrice du complot, est punie comme il se doit : elle perd tous ses avoirs et doit retourner dans sa famille.

C’est très mauvais, comme vous l’avez sans doute deviné. Mélodramatique dans le mauvais sens du terme. Des bons et des méchants! Un complot invraisemblable! Une pauvre femme sans défense sur laquelle on s’acharne, des hommes politiques corrompus! En outre, Mousseau commence une première histoire avec comme personnage principal le maire Martin. Il l’abandonne en cours de route et nous raconte les déboires de Magloire Sirois. Deux petites histoires d’amour viennent meubler les temps morts du récit (entre la fille de Martin et l’ingénieur Noël ; entre le frère de Magloire et la sœur de Baptiste!). L’auteur est le fils d’un ancien premier ministre du Québec. Le roman est dédié à Sir Wilfrid Laurier et au début figurent deux pages de souscripteurs (environ 150) qui ont permis l’édition : en tête on retrouve « sa grandeur monseigneur Paul Bruchési » et « son excellence le lieutenant-gouverneur Leblanc ». Dans les souscripteurs ordinaires : Lomer Gouin, L. A. Taschereau, H. Mercier.

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