18 novembre 2025

Kathmandou

 

Louise Beaugrand-Champagne, Kathmandou. Cappricio, Montréal, L’Estérel, 1968, 148 pages.

La narratrice, Alexandra Maréchal, décide de quitter son monastère dans l’Himalaya, où elle a passé un an, et de rentrer au pays. Elle raconte à son maître Babaji ce qui l’a menée au Népal.

Beaugrand-Champagne nous présente 12 courtes nouvelles, plus ou moins reliées entre elles, qui mettent en scène 12 hommes assez différents les uns des autres. Malheureusement, on n’apprendra à peu près rien de son séjour à Katmandou, de son évolution spirituelle (en ce sens le titre est trompeur). On comprend vite que le cadre initial sert surtout de prétexte pour parler des hommes et de leurs relations avec les femmes. Il semblerait que chacun des 12 hommes retenus représentent un signe astrologique. On découvre Benedict, le militaire impatient; Tom, le journaliste séducteur; Gérôme, le touche-à-tout irresponsable; Christophe, l’homme immature; Laurent, le gestionnaire débordé qui traite l’amour comme tout le reste; Victor, le manipulateur pervers; Bernard, le diplomate toujours en retrait; Simon, l’indépendant (et le grand amour de la narratrice); Serge, le fuyard; Charles, le penseur ascétique; Vincent, l’homme rationnel; Philippe, l’insaisissable.

Malgré la présence de la narratrice dans tous ces récits, on a l’impression que cette femme nous échappe. Elle court un peu partout, « jeune, dispersée », mondaine jusqu’au bout des ongles. Femme émancipée mais pas nécessairement libérée, elle semble presque toujours au service ou à la traîne des hommes (on est en 1968).

« Cappricio » est le sous-titre donné par l’autrice à son œuvre pour en souligner la forme libre. Les dialogues sont nombreux, les analyses ramenées à l’essentiel, le style vif mais sans recherche. Tout cela se lit encore très bien.

Extrait (prologue)

Depuis cinq jours, je porte le sari rouge.

Tu as compris, n'est-ce pas, Babaji, mon maître? Que je quitte le blanc des veuves, le monastère, l'Himalaya. Que je retourne à l'Occident. Tu as compris, n'est-ce pas, que je pars?

À Kathmandou j'ai trouvé la libération, Babaji; depuis un an, dans le calme de ton cloître, j'ai enfin pu réfléchir, méditer, peser chacune de tes sages paroles. J'ai revu, jour après jour, ma vie, cette vie frénétique et inutile que tu ne connais pas et que les thèmes éthérés de nos échanges n'ont certes pu t'apprendre.

Je cherchais un soleil à ma galaxie. Je ne trouvai que lunes, étoiles et comètes. J'abordai donc, une à une, toutes les constellations des cieux. Mais elles ne m'entendirent point.

Cette course sidérale, je te la livre aujourd’hui, Babaji, non pas que je te croie consumé par une curiosité sans bornes, mais pour que, si tu en avais le désir, tu saches par quelles voies je suis venue à toi et vers quoi je pars.

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