Chemin de desserte se compose de deux suites poétiques, « Loterie » et « Jeu de corps ». La poésie de St-Germain est très élusive, toute en délicatesses, très lisse, limpide. Il aborde un sujet encore présent à son époque, mais qui appartient peut-être davantage aux années 1950. Dit simplement : comment s’affranchir de la morale religieuse et donner libre cours à ses désirs?
Qui sont ces mages qui apparaissent dès le premier vers et qui reviennent ici et là dans le recueil :
les mages ont donné le signal du départ
nous sommes partis à petits pas
à petits touchers du bout des doigts
ne pas froisser nos vertus nos pudeurs
de peur de croiser nos fers avec des étrangers
nous avons couru à grandes enjambées
à regards furtifs longs et significatifs
les cils rabattus sur nos désirs
les mains moites sur nos genoux
Les mages sont bien entendu les tenants de la morale qui enseignaient que le corps est à la source de tous les péchés.
Dans la seconde partie, St-Germain évoque le cheminement qui mène à la libération. Pour le poète, celui-ci est progressif et ne va pas sans une certaine culpabilité :
je tire à moi ce corps
je le caresse embrasse caresse embrasse
réchauffer la surface du front. tracer
mon chemin de croix petit enfant de choeur
pauvre petit enfant de chœur
Comme extrait, voici le dernier poème du recueil. La libération du désir est exprimée par la métaphore de l’eau :
nous rythmons nos corps au temps de la terre
nous valsons nous dégringolons
nos lèvres ouvrent le sable reflué
les grandes eaux coulent déboulent les rocs
les grandes eaux nous entraînent
le ressac du ruisseau
la cataracte furieuse
l'humide amour nous coule sur le dos
nous sommes embrasés le rire superbe
des hommes ensorcelés par les fièvres des anses
le sas est ouvert
nous avons ensorcelé la mort

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