8 avril 2023

Ramilles



France Brégent [pseudo : Élisabeth Forté]
, Ramilles. En attendant chez le docteur, Montréal, Thérien frères, 1940, 182 p. (préface de Madeleine Huguenin) (Illustrations de Laurence Leroux) (1ère édition : 1937. Cette édition a été partiellement détruite par un incendie.)

La journaliste Madeleine Huguenin, qui signe la préface, pose un jugement très sympathique sur le livre de son amie : « Dans cette œuvre nuancée, filtrée, délicate et pensée, dans ses multiples élans, Madame Edmond Brégent (France) puisqu’elle se dénomme ainsi avec tant de grâce, de charme et de séduisante bonté, publie, dans toute la force de son talent et la gentillesse d’une nature admirablement comblée, un livre dont la sérieuse attitude vous assagira pour les libres et fières conquêtes de l’esprit et du cœur. »

Le père de France Brégent (1888-1966) était médecin à Laprairie, d’où le sous-titre. Cet élément autobiographique est le point de départ du présent recueil, le premier texte étant consacré à son père : « à la mémoire de mon père, pieusement, je dédie cette tranche de vie ».

Composé de cinq parties, « Anecdotes », « En route », « Portraits et croquis », « Ce qu’elles pensent » et « Causerie », ce livre rassemble surtout de courts textes en prose à saveur anecdotique, un certain nombre de portraits, quelques poèmes en vers libres, une série de courts essais sur l’amitié, l’amour, la famille, etc. et, dans la dernière partie intitulée « Causerie », un essai plus substantiel sur la femme. On pourrait dire que l’autrice y fait l’apologie du rôle traditionnel de la femme. (voir les extraits)

Bien entendu, tous ces textes sont on ne peut plus simples, sans prétention littéraire. Ils sont datés et s’étalent sur seize ans (1921-1937). Plusieurs anecdotes ont comme sujet elle-même, son mari et ses amis. Plusieurs épigraphes d’autrices coiffent les textes. Sont citées : Marjolaine, Colette, Renée des Ormes, Yvette O. Mercier-Gouin, Françoise Gaudet-Smet, Germaine Guèvremont, Jovette Bernier, Jeanne Grisé et quelques autres.

EXTRAITS

« La vocation maternelle de la petite fille se révèle de très bonne heure. Quand elle joue à la maman, ce n'est pas une comédie, on sent qu’elle ne tient pas un rôle, mais que c’est l’éveil de sa vraie vocation.

Petite enfant jusqu’à sa tombe, maman dès le berceau : voilà la définition de la femme. […]

L’éveil de l’imagination sentimentale vient mettre sa touche harmonieuse sur tous les chemins qui s’ouvrent, et c’est heureux pour la jeune fille. Oui, en dépit de certains éducateurs qui croient devoir souffler sur les beaux enthousiasmes, éteindre le feu qui s’allume. Il faut de la prudence, soit, mais, comme le soleil est fait pour briller, la jeunesse doit exhaler sa confiance et chanter, rire, crier sur tous les tons: qu’il fait bon vivre !!! […]

La jeune fille ne peut pas traverser la vie sans appeler l’amour. Les femmes, toutes celles qui sont aimantes, sensibles, désirent, dès l’adolescence, s’attacher à un être bon qui les comprendra en les aimant; elles rêvent d’un foyer. Rien n’existe plus, sinon l’amour grand, l’amour vrai ! Et, lorsque la jeune fille a rencontré son compagnon de route, qu’elle devient femme, en s’unissant à lui par les liens sacrés du mariage, elle peut, alors, contempler, dans son ciel matrimonial, toute la gamme des heures roses. Elle correspond à ces années bénies où la femme devenue épouse et mère, connaît de la vie les suprêmes joies, en acceptant l’envers des grandes abnégations.

L’épouse a de sérieux devoirs à remplir. Elle doit servir de force et de courage au mari qu’elle chérit; c’est à elle qu’incombe le soin de veiller au bien-être et à la sécurité du foyer; sentinelle du seuil, elle en est la fidèle gardienne. Et le sens de la maternité vient encore développer chez la femme, cet instinct de donner son cœur, de le multiplier. Les rayons du soleil se doublent au miroir de l’eau, la mère sent son amour se dilater, s’accroître, se multiplier en ses petits.

L’éducation des enfants est une œuvre capitale, difficile, intéressante et grandiose ! La mère, vraiment mère, trouve en son cœur, toutes les ressources pour mener à bien cette œuvre immense. » (p. 171-173)

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