23 avril 2023

Aux souffles du pays

Georges Boiteau, Aux souffles du pays, Québec, Le quartier latin, 1949, 93 p. (Illustrations d’Ernest Noreau). 

Le recueil débute par un poème très engagé, un poème des lendemains de la Guerre 39-45, une dénonciation de « satan-soviet qui veux [sic] l’homme, le sol / d’Europe et d’Occident, par terreur et par vol ». On quitte rapidement la politique internationale, Boiteau se concentrant sur le Québec, avec une attirance pour le Nord. Ce sont le plus souvent des scènes bucoliques et les motifs de la littérature du terroir : les paysans au travail, le passage des saisons, la religion, la survie du pays par l’occupation des terres. « Vive l’homme au champ et sa famille! / O vive son parler objectif! / Il est le roi du sol productif : / Dieu bénit l’élan de sa faucille! » Plus d’une fois, il  oppose la vie dure mais vivifiante des paysans à celle, misérable et oiseuse, des bourgeois : « Plus mesquins que l’habitant qu’ils frôlent, / Les folichons bourgeois au repos, / Ventripotents et pleins de propos, / Hautains, bavards, chez lui, font les drôles. »

 

Disons-le, les poèmes de Boiteau n’auraient pas détonné dans le monde littéraire des années 1920, au moment où le terroir fleurissait. Mais un poète qui fait encore des rimes en 1949, qui oppose la ville malsaine et la pure campagne, qui incite les urbains à découvrir les vertus agricoles du nord dans le giron de l’église, qui rédigent des poèmes sur le mois des morts et sur la maison abandonnée se condamne lui-même à l’oubli. À sa défense, il faut dire qu’il n’était pas seul : c’était à peu près les idées de Duplessis et de beaucoup de gens.






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