Louis-Charles-Wilfrid
Dorion, Vengeance fatale, Montréal,
La Cie d'Imprimerie Desaulniers, Éditeurs, 1893, 184 pages.
Montréal 1837. Mathilde Gagnon doit
épouser Pierre Hervart. Lors d’un voyage à Montréal, elle rencontre Raoul de
Lagusse. Il lui fait une cour très insistante. Survient la bataille de
St-Charles. Raoul en profite pour se débarrasser de Pierre Hervart.
Montréal 1858. Raoul de Lagusse a changé
de nom. Il s’appelle dorénavant M. Darcy et il a deux filles Mathilde (une
autre) et Hortense. Celles-ci sont courtisées par Louis Hervart (fils de Pierre,
son ancien rival amoureux) et Ernest Lesieur, deux amis. On apprend que Louis,
déjà orphelin de père, a aussi perdu sa mère (Mathilde Gagnon) dans un incendie
(allumé par Lagusse après qu’elle eut refusé ses avances) en décembre 1838. On
apprend aussi qu’Hortense n’est pas la fille de Raoul de Lagusse mais d’une
autre de ses victimes tuées dans un incendie. Louis finit par découvrir la
vérité. Quand Darcy apprend que Louis sait tout, il décide de l’éliminer. Avec
des complices, il l’attend sur la route de Lachine. Mais Louis et Ernest, déjà
avertis du complot, sortent vainqueurs du combat qui s’ensuit. Louis et Ernest
épousent Hortense et Mathilde et s’enfuient en France.
Voici rapidement résumée une histoire
pleine d’actions et de personnages secondaires que je passe sous silence. Vengeance fatale, c’est un roman
d’action comme on en faisait au XIXe siècle en France. L’action rebondit sans
cesse, au mépris de la plus élémentaire vraisemblance, mais peu importe, c’est
un peu la loi du genre. Les murs ont des oreilles, les personnages se laissent
aller à des témoignages qui les inculpent, on joue de l’épée et du pistolet, on
fait chanter ses subalternes, des crapules louent leurs services pour quelques
dollars, bref tous les coups sont permis. Les dialogues sont abondants et
l’action, même si confuse parfois, évolue rapidement. Louis-Charles-Wilfrid
Dorion (1856-1914) a beaucoup de difficultés avec les actions parallèles,
malgré ses nombreuses adresses au lecteur.
Une première version du roman avait
été publiée quelque vingt ans auparavant nous apprend l’auteur dans sa
préface : « J’espère que le lecteur ne me refusera pas l’indulgence
que je lui demande pour cet ouvrage. En effet, lorsque, sous le pseudonyme de
Carle Fix je publiais, en 1874, « Pierre Hervart » dans l’Album de la Minerve,
je n’avais pas dix-huit ans, et quelques semaines à peine s’étaient écoulées
depuis que je venais de déserter, pour toujours, les bancs du collège. »
Extrait
Les seuls combattants demeurés sur ce
champ de carnage étaient Louis et le comte de Lagusse. Ernest voulait achever
ce dernier tout de suite en lui perçant les reins de son épée encore toute
trempée du sang d’Edmond, mais Louis lui ordonna de ne pas intervenir dans une
querelle qu’il considérait, avec raison, toute personnelle.
Au reste l’issue ne devait pas se
faire attendre longtemps. La jeunesse de Louis lui était d’un grand secours.
Aussi était-il toujours ferme, tandis que Darcy, qui n’avait plus la même
vigueur que Raoul de Lagusse, faiblissait constamment. La lassitude finit par
le gagner tout à fait et à une dernière attaque de Louis, il ne put résister à
ce dernier qui poussa rapidement son épée jusqu’au cœur du meurtrier.
— Amen ! fit Ernest soulagé.
Évidemment, Dieu ne voulait pas que ce misérable mourut d’une autre main que la
tienne, et le mal qu’il t’a fait souffrir, réclamait une vengeance solennelle.
(p. 179)
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