Première partie
La population de Marsouins (Marsoui) attend M. Ernest
Lalonde, un Montréalais qui s’est porté acquéreur de la scierie locale. Celui-ci doit étrenner un nouveau tronçon de
route, ce que le jeune Félix Gervais, 16 ans, attend impatiemment lui qui n’est
jamais sorti de son village. M. Lalonde, un veuf, est accompagnée de sa sœur et
de sa fille de 13 ans Edna, une jeune demoiselle gâtée et pas très commode. L'industriel passe l’été à Marsouins pour remettre en marche
l’usine. Avant de retourner en ville, il promet au jeune Félix de prendre en
charge ses études.
Deuxième partie
Un an plus tard, Félix débarque à Montréal, habite
chez son bienfaiteur, poursuit des études commerciales. Monsieur Lalonde agit
comme un véritable père pour le jeune homme. Trois ans passent, Félix s’ennuie fermement, mais réussit fort bien ses études, au terme desquelles il rêve de revenir chez lui. Monsieur Lalonde
s’ouvre sur ses projets : il aimerait que Felix épouse sa fille et prenne sa suite.
Un vol se produit chez les Lalonde.
Troisième partie
Beaucoup d’indices laissent croire que Félix pourrait être l’auteur du
vol, ce que M. Lalonde peine à croire. Félix
n’est pas là pour se défendre, car il a dû interrompre ses études et retourner
à Marsouins où son père est très malade. Quelque mois plus tard, M. Lalonde,
par hasard, découvre les objets qui ont servi au vol dans la commode de sa
fille, qui a agi par jalousie. Pour la punir, il décide de se remarier. Et, à
l’été, il se rend à Marsouins, avec sa
nouvelle épouse, pour servir de père à Félix qui doit épouser la maîtresse
d’école. M. Lalonde le nomme aux commandes de sa scierie à Marsouins.
C’est un roman d’une extrême sobriété, pour ne pas dire sans éclats,
sans relief. L’auteur s’adresse aux lecteurs européens et beaucoup
de passages didactiques leur expliquent le mode de vie et le langage des
Canadiens. D’ailleurs, dans l’intro, Yon explique aux Européens pourquoi le
Québec ne saurait se réduire à Maria
Chapdelaine. Les agriculteurs de 1928 n’ont plus rien à voir avec l’irréductible
défricheur qu’incarnait Samuel Chapdelaine : « ils dorment sous un
toit fixe, et l’effort initial de leur pères leur vaut déjà une certaine
aisance ». On est quand même surpris qu’un roman campé en Gaspésie donne
aussi peu d’importance, à la pêche et au fleuve.
L’abbé Armand Yon vivait en France quand il a écrit de roman. Il avait
passé des vacances à Marsouins.
Extrait
Une ère nouvelle allait donc s’ouvrir pour Marsouins, qui ne recevait en
toute saison que de rares voyageurs de commerce et, pendant les mois d’été,
quelques touristes séduits par l’étonnante beauté du paysage. Un riche industriel
de Montréal, M. Ernest Lalonde, venait d’acheter récemment de la Duchesnay lumber
C° sa scierie — ou son moulin à scie, comme on dit là-bas — fermée depuis la
guerre. Félix voyait déjà les billots descendre en files pressées le cours de
la Rivière aux Marsouins ; il entendait le sifflement des scies rondes, alors
que de nombreuses goélettes se balançaient au quai, attendant leurs cargaisons
de madriers, de planches, de lattes, de bardeaux...
Et il avait confiance que les gains de son père lui permettraient d’aller
étudier à Québec ou à Montréal — son rêve !
— J’en ai assez, se disait-il, j’en ai assez de notre petite école.
Renoter toujours la même chose, cela devient achalant !
Plutôt délicat, quoique bien musclé, Félix paraissait à peine ses seize
ans. Pendant l’été, il relevait en brosse ses cheveux blond cendré, ce qui
donnait à sa figure un air plus mâle. Il avait les bons yeux gris, un peu
bridés, d’un chat tranquille. Bien que sympathique, l’ensemble accusait presque
une origine anglo-saxonne.
À la vérité, son grand-père avait abordé tout jeune en Gaspésie, comme
tant d’autres émigrants anglais venus, depuis plus d’un siècle et demi, de
l’île de Jersey. Ces nouveaux colons s’établirent sur la côte, où ils
s’adonnèrent surtout à la pêche de la morue pour le compte de la puissante Cie
Robin. Convertis au catholicisme par les missionnaires, ils épousèrent des
Canadiennes, et de ces mariages est sortie une génération vigoureuse, alliant à
l’énergie britannique les qualités plus nuancées des populations du Québec. (p.
15-16)
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