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21 mai 2014

Le Secret de Lindbergh

Claude-Henri  Grignon, Le Secret de Lindbergh, Montréal, Éditions de la Porte d’Or, 1928. 209 p.  (préface  en anglais de de J. A. Wilson, controller of civil aviation) (Bois de Maurice Lebel)

Les 20 et 21 mai 1927, Charles Augustus Lindbergh effectuait la première traversée sans escale, de New York à Paris, à bord du  Spirit of St Louis. Entre août et novembre 1927, donc en toute hâte, Claude-Henri Grignon rédige Le Secret de Lindbergh. Il est indéniable que le récit romancé de Grignon se ressent de cette précipitation.

Comme source d’information, Grignon est-il allé plus loin que la lecture des journaux? On peut en douter tant la part événementielle est réduite à sa portion congrue, ensevelie sous le déluge de commentaires de l’auteur. Tout est prétexte à dissertation, comme s’il fallait coûte que coûte remplir 200 pages : de la  psychologie des héros, à la relation mère-fils, à l’attachement à son petit milieu natal, en passant par les phénomènes atmosphériques et l’effervescence des grandes villes (New York et Paris). À ces hors-d`œuvre, il faut ajouter certains passages du plus haut lyrisme dans lesquels  l’écriture de Grignon vole jusqu’aux cieux, comme si seules les envolées littéraire étaient dignes du grand Lindbergh. (Je suis dur avec Grignon, mais il l’a tellement été avec les autres!) Pour Grignon, Lindbergh a la même stature que Christophe Colomb et des plus grands bienfaiteurs de l’humanité. Disons qu’il n’a pas réussi à me convaincre…

Qu’est-ce qu’on sait concrètement de l’aventure de Lindbergh? Si peu de choses que le tout tiendrait fort bien dans une cinquantaine de pages. De façon chronologique, on suit les principales étapes de l’exploit  : la conception du Spirit of St Louis, l’entraînement pour un vol de 32 heures, le vol vers New York, le matin du grand départ, les conditions atmosphériques douteuses, la violente tempête au large de Terre Neuve, la vue de l’Irlande, l’atterrissage à Paris, la célébration du héros et le retour à New York.

La syntaxe est parfois boiteuse, mais surtout on lit maintes phrases confuses qui ne veulent à peu près rien dire :
« Lorsque Charles-Augustus eut décidé de franchir la scène nouvelle du monde qui le séparait d'une action tangible, certainement définitive, il savait déjà qu'un caprice romantique cheminait aux côtés de l'énergie, dans les allées silencieuses de son coeur.

Et cela, d'une certitude prochaine.
L'homme, venu pour arrêter les étapes de sa vie, ne pouvait rompre le cours des saisons, et l'automne apparut pour le surprendre, lui apportant les derniers sourires d'un été fulgurant. Toutefois, la mélancolie de cet épisode ne pouvait arracher Charles à ses penchants, dont l'opiniâtreté prenait l'apparence d'une force indestructible. Et cela, à un tel point, que son visage semblait être vissé dans l'habitude du combat. Son caractère, c'était désormais une forme humaine. Elle agirait avec beaucoup de calme, et, en face des ruines inévitables, se gardant bien de capituler, la puissance tomberait comme un chêne assommé par le vent.
Charles marcha vers l'Épreuve. » p. 39

Claude-Henri Grignon sur Laurentiana
Le Déserteur
Un homme et son péché (édition originale)
Un homme et son péché (édition du Vieux Chêne)
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