Marie-Rose Turcot, Le Carrousel, Montréal, Beauchemin, 1928, 120 pages.
Marie-Rose Turcot, un peu comme Michelle Le Normand dans Autour de la maison, nous raconte ses souvenirs d’enfant. Disons-le, dès le départ, le recueil de Turcot n'a pas la qualité de celui de Le Normand, entre autres au point de vue littéraire. Le Normand avait su donner une composition d’ensemble à ses souvenirs : des personnages récurrents servaient de fil conducteur entre les récits disposés de façon chronologique.
Rien de tel chez Turcot. Voici à gros traits les sujets traités dans ses 14 nouvelles : la visite du cirque et l’attirance des chevaux de bois; les jeux et les contes qui ont enchanté son enfance; les frasques des petits garçons qui réussissaient à émerveiller les filles par leur audace; son premier voyage à Montréal marqué par différentes emplettes dans les grands magasins; sa première communion et la peur du péché qui tétanise son âme d’enfant; sa découverte de l’amour alors qu’elle est pensionnaire; le souvenir de Julie, l’idiote du village, happée par un train; l’histoire de Paddy, le chien de Miss Lucy; l’histoire de Sabin, un jeune homme arriviste qui finit par se faire déculotter à la Bourse. Finalement, Turcot présente trois courtes histoires qui mettent en scène Riquet et Criquette, deux jeunes enfants très éveillés : elle décrit une visite à leur grand-mère et leur participation aux événements qui ont marqué les soixante ans de la Confédération : les fêtes du jubilé (60e de la Confédération), la visite de Lindbergh (lire l’extrait) et celle du prince de Galles.
Les récits de Turcot manquent de vivacité. Les enchaînements temporels ne sont pas toujours bien marqués, la description a peu de consistance, les personnages flottent dans un flou narratif. Plus encore, le récit est trop souvent mené comme un résumé et ainsi se succèdent les anecdotes trop vite racontées.
Extrait
Enfin, le grand jour a lui : — c'est le 1er juillet, le Soixantième Anniversaire de la Confédération.
La foule afflue au cœur de la ville, vers la Colline du Parlement. Le soleil auréole de gloire ce réveil de fierté nationale. L'air bruit de murmures joyeux
Sur les pelouses ensoleillées, dominées par les monuments de nos grands hommes, la masse émerveillée a l'œil tendu vers la Tour de la Victoire, comme le minaret d'où s'élèvera bientôt la prière du muezzin
Sur la base que forme la ruche en effervescence, les commandements militaires coupent l'air, tranchent les régiments qui se dispersent pour venir s'aligner à l'entrée de l'Édifice Central.
Le radieux été inonde de clartés la foule en fête. C'est un flamboiement, une lumière vivante sur les temps héroïques reculés; une trouée lumineuse ouvrant une clairière sur l'avenir de notre jeune pays.
Le clairon annonce l'instant qui va suivre. L’ivresse se mêle à la curiosité intense ; la multitude se cabre dans une sorte de ronronnement, le frisson sacré d'un peuple sur lequel passe le souffle de l'histoire.
L'allégresse se traduit par le piaffement des chevaux, le vol léger des panaches blancs sur les casques de cuivre des dragons, le pas alerte des Écossais, des Marins et des Cadets et enfin l'arrivée du carrosse vice royal, portant Leurs Excellences Lord et Lady Wellingdon.
Les trois coups de l'heure se détachent clairs et solennels. Le carillon en branle soutenu par un chœur de mille voix lance aux quatre vents des cieux l'hymne O CANADA ! qui prélude à l'ouverture du Grand Jubilé.
Dans un étonnement ravi. Riquet contemple le miracle. […] Mais Riquet a survécu à la parade des pageants, procession de chars allégoriques illustrant les faits et symboles de notre épopée nationale : les Forêts et leurs défricheurs, M. de Monts et les Loyalistes en Acadie, l'arrivée de Jacques-Cartier, Champlain à Québec, Pierre de la Vérendrye explorateur de l'Ouest canadien ; la Traite des fourrures, les Troubadours de Bytown; la Gendarmerie à cheval dans les solitudes de neige ; l'immigration avec son apport divers à la fusion des races ; le Premier Chemin de Fer Canadien , les Pêcheurs sur nos côtes ; l'Histoire du Blé d'or ; le Progrès, l'Électricité ; les Dix Provinces Sœurs ; les Trappeurs et les Indiens et enfin les Arts durai il la Paix. […]
Enfin, des chuchotements, des regards espion ni le firmament. Un vrombissement d'aéroplanes qui tournoient comme une noce d'hirondelles. L’esprit de Saint Louis est signalé solitaire et majestueux. Il fait le plongeon dans l'éther. La nue s'entrouvre, les pieds se dressent, les mains battent l'air, Lindbergh atterrit.
Soudain, un crépitement, une collision ; deux hélices se sont touchées. La queue d'un oiseau vole en éclat! Le compagnon de Lindbergh voyant son avion frappé se lance hors du biplan pour amortir le choc de la chute. Malheureusement, il est trop près de terre, le parachute refuse de s'ouvrir et il est projeté sur le sol horriblement mutilé. (p. 109-111)
Marie-Rose Turcot, un peu comme Michelle Le Normand dans Autour de la maison, nous raconte ses souvenirs d’enfant. Disons-le, dès le départ, le recueil de Turcot n'a pas la qualité de celui de Le Normand, entre autres au point de vue littéraire. Le Normand avait su donner une composition d’ensemble à ses souvenirs : des personnages récurrents servaient de fil conducteur entre les récits disposés de façon chronologique.
Rien de tel chez Turcot. Voici à gros traits les sujets traités dans ses 14 nouvelles : la visite du cirque et l’attirance des chevaux de bois; les jeux et les contes qui ont enchanté son enfance; les frasques des petits garçons qui réussissaient à émerveiller les filles par leur audace; son premier voyage à Montréal marqué par différentes emplettes dans les grands magasins; sa première communion et la peur du péché qui tétanise son âme d’enfant; sa découverte de l’amour alors qu’elle est pensionnaire; le souvenir de Julie, l’idiote du village, happée par un train; l’histoire de Paddy, le chien de Miss Lucy; l’histoire de Sabin, un jeune homme arriviste qui finit par se faire déculotter à la Bourse. Finalement, Turcot présente trois courtes histoires qui mettent en scène Riquet et Criquette, deux jeunes enfants très éveillés : elle décrit une visite à leur grand-mère et leur participation aux événements qui ont marqué les soixante ans de la Confédération : les fêtes du jubilé (60e de la Confédération), la visite de Lindbergh (lire l’extrait) et celle du prince de Galles.
Les récits de Turcot manquent de vivacité. Les enchaînements temporels ne sont pas toujours bien marqués, la description a peu de consistance, les personnages flottent dans un flou narratif. Plus encore, le récit est trop souvent mené comme un résumé et ainsi se succèdent les anecdotes trop vite racontées.
Extrait
Enfin, le grand jour a lui : — c'est le 1er juillet, le Soixantième Anniversaire de la Confédération.
La foule afflue au cœur de la ville, vers la Colline du Parlement. Le soleil auréole de gloire ce réveil de fierté nationale. L'air bruit de murmures joyeux
Sur les pelouses ensoleillées, dominées par les monuments de nos grands hommes, la masse émerveillée a l'œil tendu vers la Tour de la Victoire, comme le minaret d'où s'élèvera bientôt la prière du muezzin
Sur la base que forme la ruche en effervescence, les commandements militaires coupent l'air, tranchent les régiments qui se dispersent pour venir s'aligner à l'entrée de l'Édifice Central.
Le radieux été inonde de clartés la foule en fête. C'est un flamboiement, une lumière vivante sur les temps héroïques reculés; une trouée lumineuse ouvrant une clairière sur l'avenir de notre jeune pays.
Le clairon annonce l'instant qui va suivre. L’ivresse se mêle à la curiosité intense ; la multitude se cabre dans une sorte de ronronnement, le frisson sacré d'un peuple sur lequel passe le souffle de l'histoire.
L'allégresse se traduit par le piaffement des chevaux, le vol léger des panaches blancs sur les casques de cuivre des dragons, le pas alerte des Écossais, des Marins et des Cadets et enfin l'arrivée du carrosse vice royal, portant Leurs Excellences Lord et Lady Wellingdon.
Les trois coups de l'heure se détachent clairs et solennels. Le carillon en branle soutenu par un chœur de mille voix lance aux quatre vents des cieux l'hymne O CANADA ! qui prélude à l'ouverture du Grand Jubilé.
Dans un étonnement ravi. Riquet contemple le miracle. […] Mais Riquet a survécu à la parade des pageants, procession de chars allégoriques illustrant les faits et symboles de notre épopée nationale : les Forêts et leurs défricheurs, M. de Monts et les Loyalistes en Acadie, l'arrivée de Jacques-Cartier, Champlain à Québec, Pierre de la Vérendrye explorateur de l'Ouest canadien ; la Traite des fourrures, les Troubadours de Bytown; la Gendarmerie à cheval dans les solitudes de neige ; l'immigration avec son apport divers à la fusion des races ; le Premier Chemin de Fer Canadien , les Pêcheurs sur nos côtes ; l'Histoire du Blé d'or ; le Progrès, l'Électricité ; les Dix Provinces Sœurs ; les Trappeurs et les Indiens et enfin les Arts durai il la Paix. […]
Enfin, des chuchotements, des regards espion ni le firmament. Un vrombissement d'aéroplanes qui tournoient comme une noce d'hirondelles. L’esprit de Saint Louis est signalé solitaire et majestueux. Il fait le plongeon dans l'éther. La nue s'entrouvre, les pieds se dressent, les mains battent l'air, Lindbergh atterrit.
Soudain, un crépitement, une collision ; deux hélices se sont touchées. La queue d'un oiseau vole en éclat! Le compagnon de Lindbergh voyant son avion frappé se lance hors du biplan pour amortir le choc de la chute. Malheureusement, il est trop près de terre, le parachute refuse de s'ouvrir et il est projeté sur le sol horriblement mutilé. (p. 109-111)
Marie-Rose Turcot sur Laurentiana
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