Cécile Chabot, Paysannerie. Conte des Rois, Montréal, Fides, 1944, 70 pages (Dessins de l’auteure)
Laurentiana
1000 livres québécois! Patrimoine littéraire, bibliophilie, carnet de lecture. 131 000 pages vues en 2024. « Laurentiana » se dit des livres ou brochures relatifs au Québec, au Bas-Canada et à la Nouvelle-France.
7 décembre 2025
Paysannerie. Conte des Rois
6 décembre 2025
Imagerie. Conte de Noël
Une seconde édition a été publiée en 1962 chez Beauchemin. Le poème a été mis en musique par Hector Gratton (voir ci-dessous).
Cécile Chabot sur Laurentiana
Cécile Chabot
Vitrail (1939)
Légende mystique (1942)
Paysannerie : conte des rois (1944)
Imagerie : contes de Noël (1944)
En pleine terre de Germaine Guèvremont.
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| Pub trouvée dans le livre |
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| Radio-Monde 1943 |
28 novembre 2025
Chemin de desserte
Chemin de desserte se compose de deux suites poétiques, « Loterie » et « Jeu de corps ». La poésie de St-Germain est très élusive, toute en délicatesses, très lisse, limpide. Il aborde un sujet encore présent à son époque, mais qui appartient peut-être davantage aux années 1950. Dit simplement : comment s’affranchir de la morale religieuse et donner libre cours à ses désirs?
Qui sont ces mages qui apparaissent dès le premier vers et qui reviennent ici et là dans le recueil :
les mages ont donné le signal du départ
nous sommes partis à petits pas
à petits touchers du bout des doigts
ne pas froisser nos vertus nos pudeurs
de peur de croiser nos fers avec des étrangers
nous avons couru à grandes enjambées
à regards furtifs longs et significatifs
les cils rabattus sur nos désirs
les mains moites sur nos genoux
Les mages sont bien entendu les tenants de la morale qui enseignaient que le corps est à la source de tous les péchés.
Dans la seconde partie, St-Germain évoque le cheminement qui mène à la libération. Pour le poète, celui-ci est progressif et ne va pas sans une certaine culpabilité :
je tire à moi ce corps
je le caresse embrasse caresse embrasse
réchauffer la surface du front. tracer
mon chemin de croix petit enfant de choeur
pauvre petit enfant de chœur
Comme extrait, voici le dernier poème du recueil. La libération du désir est exprimée par la métaphore de l’eau :
nous rythmons nos corps au temps de la terre
nous valsons nous dégringolons
nos lèvres ouvrent le sable reflué
les grandes eaux coulent déboulent les rocs
les grandes eaux nous entraînent
le ressac du ruisseau
la cataracte furieuse
l'humide amour nous coule sur le dos
nous sommes embrasés le rire superbe
des hommes ensorcelés par les fièvres des anses
le sas est ouvert
nous avons ensorcelé la mort
21 novembre 2025
Les poubelles mangeoires célestes
18 novembre 2025
Kathmandou
Louise Beaugrand-Champagne, Kathmandou. Cappricio, Montréal, L’Estérel, 1968, 148 pages.
La narratrice, Alexandra Maréchal, décide de quitter son
monastère dans l’Himalaya, où elle a passé un an, et de rentrer au pays. Elle
raconte à son maître Babaji ce qui l’a menée au Népal.
Beaugrand-Champagne nous présente 12 courtes nouvelles, plus
ou moins reliées entre elles, qui mettent en scène 12 hommes assez différents
les uns des autres. Malheureusement, on n’apprendra à peu près rien du séjour d’Alexandra à Katmandou, de son évolution spirituelle (en ce sens le titre est
trompeur). On comprend vite que le cadre initial sert surtout de prétexte pour
parler des hommes et de leurs relations avec les femmes. Il semblerait que
chacun des 12 hommes retenus représentent un signe astrologique. On découvre
Benedict, le militaire impatient; Tom, le journaliste séducteur; Gérôme, le
touche-à-tout irresponsable; Christophe, l’homme immature; Laurent, le
gestionnaire débordé qui traite l’amour comme tout le reste; Victor, le
manipulateur pervers; Bernard, le diplomate toujours en retrait; Simon,
l’indépendant (et le grand amour de la narratrice); Serge, le fuyard; Charles,
le penseur ascétique; Vincent, l’homme rationnel; Philippe, l’insaisissable.
Malgré la présence de la narratrice dans tous ces récits, on
a l’impression que cette femme nous échappe. Elle court un peu partout,
« jeune, dispersée », mondaine jusqu’au bout des ongles. Femme
émancipée mais pas nécessairement libérée, elle semble presque toujours au
service ou à la traîne des hommes (on est en 1968).
« Cappricio » est le
sous-titre donné par l’autrice à son œuvre pour en souligner la forme libre.
Les dialogues sont nombreux, les analyses ramenées à l’essentiel, le style vif
mais sans recherche. Tout cela se lit encore très bien.
Extrait (prologue)
Depuis cinq jours, je
porte le sari rouge.
Tu as compris,
n'est-ce pas, Babaji, mon maître? Que je quitte le blanc des veuves, le
monastère, l'Himalaya. Que je retourne à l'Occident. Tu as compris, n'est-ce
pas, que je pars?
À Kathmandou j'ai
trouvé la libération, Babaji; depuis un an, dans le calme de ton cloître, j'ai
enfin pu réfléchir, méditer, peser chacune de tes sages paroles. J'ai revu,
jour après jour, ma vie, cette vie frénétique et inutile que tu ne connais pas
et que les thèmes éthérés de nos échanges n'ont certes pu t'apprendre.
Je cherchais un
soleil à ma galaxie. Je ne trouvai que lunes, étoiles et comètes. J'abordai
donc, une à une, toutes les constellations des cieux. Mais elles ne
m'entendirent point.
Cette course
sidérale, je te la livre aujourd’hui, Babaji, non pas que je te croie consumé
par une curiosité sans bornes, mais pour que, si tu en avais le désir, tu
saches par quelles voies je suis venue à toi et vers quoi je pars.











