13 juillet 2025

Courte-Queue

Il y a 42 ans, soit le 13 juillet 1983, Gabrielle Roy nous quittait.


Gabrielle Roy, Courte-Queue, Montréal, Éditions Stanké, 1979, n. p. (Très belles illustrations de François Olivier)


Courte-Queue est une chatte, très futée, qui n'accepte pas que ses maîtres fassent disparaître ses petits chatons à son insu. Elle mettra au monde sa deuxième portée loin des regards, en pleine forêt, mais devra se résoudre à ramener tout son petit monde  à la maison à l’approche de l’hiver.




Gabrielle Roy sur Laurentiana

Bonheur d’occasion

La Petite Poule d’eau

Alexandre Chenevert

Rue Deschambault

La montagne secrète

Ces enfants de ma vie 

La route d'Altamont

La rivière sans repos

4 juillet 2025

La flamme ardente

Jean Charbonneau, La flamme ardente, Montréal, Librairie Beauchemin, s. d. [1928], 240 pages.

Jean Charbonneau a écrit six recueils de poésie. J’en ai blogué trois ainsi que son étude sur l’École littéraire de Montréal.

Ce recueil contient quatre parties, les deuxième et troisième étant subdivisées, ce qui nous donne : L’âme errante des choses, L’immortel amour, L’amour dans la nature, Les haines, L’âme du monde et Le triomphe de la pensée.

Après avoir relu mes anciens textes et survolé La flamme ardente, j’en conclus que ce que j’ai écrit sur Les prédestinés s’applique aussi à ce recueil. « Tous les recueils de Jean Charbonneau sont longs. […] Il s’ensuit que le recueil va en tous sens : un peu de philosophie, un peu d’histoire, un peu de terroir, un peu de nature et, souvent, un peu de tout ça en même temps. »

Le poème qui suit témoigne d’une triste réalité, hélas!


 

LE SANG DES PIERRES

Dressez-vous, grandes tours, créneaux majestueux
Dont le reflet se baigne en une eau cristalline !
Élevez votre orgueil insolent jusqu’aux cieux,
Et prolongez votre ombre en la verte colline.

Élevez-vous, palais, œuvres des ans lointains
Où s’étale l’effort superbe du Génie !
Paraissez, monuments, au seuil de nos destins,
Fils de la haine et fils de la sainte Harmonie !

Quand nous vous contemplons, sur vos socles puissants,
L’histoire tout entière ouvre pour nous ses pages,
Et nous voyons se dérouler les faits sanglants
Qui s'entassent au cours millénaire des âges.

Vous portez de grands noms que le Temps garde encor,
Des noms que l’on redit en fermant nos paupières ;
Car pour perpétuer la mémoire des Morts,
Le passé d’une race est dans le sang des pierres !


Jean Charbonneau sur Laurentiana

La flamme ardente
Les blessures

L’école littéraire de Montréal

L’ombre dans le miroir 

Les prédestinés

27 juin 2025

Amours, délices et orgues

Jean Bruneau (Gustave Lamarche), Amours, délices et orgues, Québec, Institut littéraire du Québec, 1953, 179 p.

Gustave Lamarche, sous le pseudonyme de Jean Bruneau, présente 32 pastiches d’écrivains et de personnalités de son époque, dont un de lui-même. Bien sûr, tout cela a terriblement vieilli. Ses têtes de turc : Harry Bernard, Roger Brien, Jean Bruchési, Marcel Clément, Robert Choquette, Pierre Daviault, Marcel-Marie Desmarais, Alfred Desrochers, Roger Duhamel, Guy Frégault, Gratien Gélinas, Alain Grandbois, Anne Hébert, François Hertel, Charles de Koninck, Gustave Lamarche, André Langevin, Rina Lasnier, Félix Leclerc, Roger Lemelin, Séraphin Marion, Olivier Maurault, Alphonse Piché, Adrien Plouffe, Julia Richer, Léopold Richer, Ringuet, Lucette Robert, Guy Sylvestre, Yves Thériault, Marcel Trudel, Roger Viau.

Il ne se contente pas de livrer un texte ou un poème; il ajoute le livre fictif d’où ils sont tirés.


Voici trois exemples :

Lumbermen

Suant à grosses gouttes sous leurs épais pullovers,
Les pieds au chaud dans leurs énormes bottines,
Les lumbermen prennent quelques bons coups de gin
Avant de partir pour le chantier des Hooper.
 

(Alfred Desrochers, extrait des tiroirs de ce poète)

Tourterelle

J’ai aimé, Seigneur! j’ai aimé, mais ma turbulente course ne m’a menée que vers des sentiers déserts.
Mon pied était nu et, vierge folle, j ’ai couru vers les clairières pour étancher ma soif dans l’eau claire du soleil.
J’ai aimé, mais l’appel sonore de mes désirs n’a remué nul jonc sur les rives où passent les hommes,
et je suis seule, immobile, arrêtée par la gloire de mes racines.
 

(Rina Lasnier, extrait)


Le meurtre

La Joséphine Marleau ricana.
Elle était laide, elle était maigre et elle était pauvre, mais elle avait gagné le Léon au père Tipanet.
Un grand gars, comme un long pin sans branches.
La Joséphine ricana, car elle savait ce qu’elle allait faire.
Depuis que l’idée lui était venue, le noir était parti. Du soleil se promenait dans sa poitrine.
Elle frottait le plancher à pleins bras, mais elle avait aux lèvres goût de chansons.
La sueur lui descendait le long du corps, comme le ruisseau du flanc de la montagne. Elle était la femme-montagne.
 

(extrait de Joséphine-aux-mains-maigres, inédit).


Dans le domaine littéraire, Guy Sylvestre (1918-2010) est surtout connu pour son Anthologie de la poésie canadienne d'expression française (1943), rééditée maintes fois. Il a aussi dirigé la page littéraire du Devoir et de la revue Gants du ciel. Enfin, il fut haut-fonctionnaire et bibliothécaire à la Bibliothèque du parlement à Ottawa et à la Bibliothèque nationale du Canada.

Voir sur Laurentiana

À la manière de…

24 juin 2025

Bonne Saint-Jean

Fête nationale (Octave Crémazie)

Il est sur le sol d'Amérique

Un doux pays chéri des cieux,

Où la nature magnifique

Prodigue ses dons merveilleux.

Ce sol fécondé par la France

Qui régna sur ses bords fleuris, 

C'est notre amour, notre espérance,

Canadiens, c'est notre pays.


Pour conserver cet héritage

Que nous ont légué nos aïeux,

Malgré les vents, malgré l'orage,

Soyons toujours unis comme eux.

Marchant sur leur brillante trace, 

De leurs vertus suivons la loi, 

Ne souffrons pas que rien efface

Et notre langue et notre foi.


O de l'union fraternelle, 

Jour triomphant et radieux,

Ah! puisse ta flamme immortelle

Remplir notre cœur de ses feux :

Oui, puisse cette union sainte, 

Qui fit nos ancêtres si grands, 

Garder toujours de toute atteinte

L'avenir de leurs descendants.


Les vieux chênes de la montagne

Où combattirent nos aïeux ;

Le sol de la verte campagne

Où coula leur sang généreux ;

Le flot qui chante à la prairie

La splendeur de leurs noms bénis,

La grande voix de la patrie, 

Tout nous redit, soyez unis.


Québec, 24 juin 1863

Dans La Littérature canadienne (1850-1860)





 Illustrations  téléchargées de la BAnQ (oui, en anglais!)

22 juin 2025

Jours de folie

Henri Beaupray, Jours de folie, Québec, L’Action catholique, 1943, 214 pages.

Jean Renaudier a été rejeté par sa famille de nouveaux riches parce qu’il voulait épouser Thérèse Verdelet une fille de milieu pauvre. Il a même frappé violemment son frère Alexandre et s’est retrouvé pour quelques heures en prison. Pour éviter le scandale, sa famille n’a pas porté plainte. Il se retrouve seul, sans emploi (il travaillait dans l’entreprise de son père), presque sans argent, dans une petite chambre qu’il partage avec un ami journaliste. Pire encore, il a attrappé une pneumonie et y a presque laissé sa peau. Murielle, une jeune fille qui habite la même maison de pension, l’a secouru. Entre-temps, sa fiancée semble l’avoir abandonné. Peu lui importe, toutes ses pensées vont dorénavant vers Murielle. Son ami journaliste lui force la main et le convainc de lui prêter une part de ses économies pour jouer à la bourse, somme d’argent qu’il perd. Quelque temps passe et Murielle disparait sans explication : on apprendra que son père a été ruiné par le père de Jean.  

 

La situation semble de plus en plus désespérée quand l’ami journaliste lui propose de travailler au journal dont le nouveau propriétaire n’est nul autre que son frère Alexandre, ce que tout le monde ignore. Sur recommandation de ce dernier, Jean est encouragé à attaquer tout ce qui bouge, ce qui lui attire des problèmes, des procès et un nouvel emprisonnement. À la sortie de prison, il est conduit dans un asile d’aliénés. On comprend que c’est son frère Alexandre qui a tout manigancé parce que leur père étant décédé, Jean aurait hérité de la moitié de l’entreprise. Le roman se termine sur une petite note d’espoir : son frère, devenu maître à bord, s’est mis à dos sa mère et ses deux sœurs.

 

Vous l’aurez compris, ce roman n’est rien d’autre qu’un énorme mélodrame, un roman de gare. Les malheurs ne cessent de s’accumuler. Malgré les efforts d’explications psychologiques de l’auteur, on note beaucoup de raccourcis, de revirements de situation peu crédibles, entre autres pour tout ce qui touche aux relations amoureuses. Jean Normandier est animé d’une vision sociale généreuse, dit-on, mais il ne fait rien qui vaille pour la défendre. Bref, inutile de s’acharner…

 

Du même auteur : Les beaux jours viendront…