Edmond Rousseau, Deux récits : À Carillon ; Dans un yacht, Québec, Charrier & Dugal, 1913, 174 pages. (1re édition : Montréal, Decarie, Hebert & Beauchesne, 1903)
À Carillon
Le récit commence en décembre 1758 et se termine en 1761. Un jeune officier du régiment du Berry, Michel de la Muette, dépêché sur la Côte-de-Beaupré, s'est vu assigner la ferme de René Bolduc comme logis (les habitants logeaient les soldats). Il tombe amoureux de la jeune fille de la maison, Marie-Louise. Durant les longues soirées d’hiver, il raconte des histoires, dont la bataille de Carillon à laquelle il a participé. Le printemps venu, alors que sa fiancée est emportée par la débâcle de la rivière Sainte-Anne, il la sauve d’une mort certaine. L’été approchant, il doit rejoindre le régiment de Montcalm. Quand les Anglais décident de mettre le feu à toutes les habitations, Marie-Louise se réfugie dans la forêt. Pour son malheur, un jour, elle accompagne un jeune garçon qui tire sur un officier anglais. Elle est emprisonnée et « livr[ée] à [la] soldatesque ». Elle est relâchée, plus morte que vivante, et elle mourra deux ans plus tard, sans avoir revu Michel, mort à la bataille de Sainte-Foy.
Dans un Yacht
Auguste Villeneuve, un jeune homme plutôt frivole, doit épouser contre son gré Eugénie Senneterre, une jeune fille fortunée. Il finit par accepter d’aller rencontrer la jeune fille en utilisant son yacht. Pendant son voyage, une tempête se lève et il sauve d’une mort certaine une jeune fille dont l’embarcation est en perdition. Il en devient amoureux. Vous l’avez sans doute deviné, sa belle naufragée, c’est Eugénie Senneterre, celle qu’il doit épouser, ce qu’il ignore. Elle, par contre, elle comprend tout puisqu'il lui révèle son nom. Vexée de voir qu’il abandonne sa « fiancée » (elle-même) pour une étrangère (elle-même), elle décide de le punir. De mèche avec la mère et les amis d’Auguste, elle se cache pendant six mois, question de raffermir ses sentiments. Quand elle juge que la punition a assez duré, elle jette bas les masques et les amoureux se tombent dans les bras.
Dans « À Carillon », Rousseau a lié ensemble trois courtes histoires (la bataille de Carillon, la débâcle et la bataille des plaines d’Abraham) au moyen d’une intrigue amoureuse assez pâle. Dans le récit « Dans un yacht », écrit en partie sous forme de roman par lettres, il nous raconte une histoire d’amour traditionnelle. On sent quand même, dans ce dernier récit, une réflexion sur la condition féminine. C’est la femme qui mène la barque, même si c’est l’homme qui l’a sauvée. On y trouve une description de la femme idéale (lire l’extrait) : c’est assez misogyne!
Extrait
« Quoique jeune encore, j'ai coudoyé bien des femmes jusqu'à ce jour. Je les ai toujours connues tantôt bonnes filles, tantôt pédantes, toujours à l'affût de nouvelles conquêtes, dédaigneuses de l'encens qu'elles ont une fois respiré, ne se souciant que d'éblouir, se moquant d'ailleurs qu'on les aime, mourant au fond de peur de grandes émotions, des grands périls que comporte ce grand mot d'amour.
Ou bien encore, type plus détestable que les premières: je vois de ces femmes, espèce de faux docteurs en Sorbonne en jupons, plus, pédantes, raisonneuses sur tous les sujets, voire même en politique, lisant les journaux sérieux, si tant est qu'il en existe ici, s'essayant à disséquer les actes bons ou mauvais de nos hommes d'état, se torturant l'esprit pour devenir des êtres insupportables, fléau de la société, supplice de leur intérieur et des hommes d'esprit, qui ne cherchent qu'à les fuir sans y parvenir souvent.
Oh! j'en suis sûr, le ciel n'a pas permis que vous fussiez de celles-là: mais peut-être êtes-vous des premières.
Je suis un peu, mademoiselle, comme ce grand sage Don Quichotte qui, sans savoir s'il existait de par le monde une dulcinée de Toboso ou si ce n'était qu'une chimère, se mettait à la poursuite d'une dulcinée de Toboso ou de sa chimère.
Pourtant, je me reprends à croire aux femmes créées par mon imagination et qui n'étaient ni coquettes, ni égoïstes, ni perfides, mais la bonté, le naturel, la sincérité et l'indulgence, comme vous devez être.
Secourez-moi, aidez-moi à ne pas devenir comme la foule de ceux qui ne pensent qu'à eux-mêmes. » (p. 143-144)
À Carillon
Le récit commence en décembre 1758 et se termine en 1761. Un jeune officier du régiment du Berry, Michel de la Muette, dépêché sur la Côte-de-Beaupré, s'est vu assigner la ferme de René Bolduc comme logis (les habitants logeaient les soldats). Il tombe amoureux de la jeune fille de la maison, Marie-Louise. Durant les longues soirées d’hiver, il raconte des histoires, dont la bataille de Carillon à laquelle il a participé. Le printemps venu, alors que sa fiancée est emportée par la débâcle de la rivière Sainte-Anne, il la sauve d’une mort certaine. L’été approchant, il doit rejoindre le régiment de Montcalm. Quand les Anglais décident de mettre le feu à toutes les habitations, Marie-Louise se réfugie dans la forêt. Pour son malheur, un jour, elle accompagne un jeune garçon qui tire sur un officier anglais. Elle est emprisonnée et « livr[ée] à [la] soldatesque ». Elle est relâchée, plus morte que vivante, et elle mourra deux ans plus tard, sans avoir revu Michel, mort à la bataille de Sainte-Foy.
Dans un Yacht
Auguste Villeneuve, un jeune homme plutôt frivole, doit épouser contre son gré Eugénie Senneterre, une jeune fille fortunée. Il finit par accepter d’aller rencontrer la jeune fille en utilisant son yacht. Pendant son voyage, une tempête se lève et il sauve d’une mort certaine une jeune fille dont l’embarcation est en perdition. Il en devient amoureux. Vous l’avez sans doute deviné, sa belle naufragée, c’est Eugénie Senneterre, celle qu’il doit épouser, ce qu’il ignore. Elle, par contre, elle comprend tout puisqu'il lui révèle son nom. Vexée de voir qu’il abandonne sa « fiancée » (elle-même) pour une étrangère (elle-même), elle décide de le punir. De mèche avec la mère et les amis d’Auguste, elle se cache pendant six mois, question de raffermir ses sentiments. Quand elle juge que la punition a assez duré, elle jette bas les masques et les amoureux se tombent dans les bras.
Dans « À Carillon », Rousseau a lié ensemble trois courtes histoires (la bataille de Carillon, la débâcle et la bataille des plaines d’Abraham) au moyen d’une intrigue amoureuse assez pâle. Dans le récit « Dans un yacht », écrit en partie sous forme de roman par lettres, il nous raconte une histoire d’amour traditionnelle. On sent quand même, dans ce dernier récit, une réflexion sur la condition féminine. C’est la femme qui mène la barque, même si c’est l’homme qui l’a sauvée. On y trouve une description de la femme idéale (lire l’extrait) : c’est assez misogyne!
Extrait
« Quoique jeune encore, j'ai coudoyé bien des femmes jusqu'à ce jour. Je les ai toujours connues tantôt bonnes filles, tantôt pédantes, toujours à l'affût de nouvelles conquêtes, dédaigneuses de l'encens qu'elles ont une fois respiré, ne se souciant que d'éblouir, se moquant d'ailleurs qu'on les aime, mourant au fond de peur de grandes émotions, des grands périls que comporte ce grand mot d'amour.
Ou bien encore, type plus détestable que les premières: je vois de ces femmes, espèce de faux docteurs en Sorbonne en jupons, plus, pédantes, raisonneuses sur tous les sujets, voire même en politique, lisant les journaux sérieux, si tant est qu'il en existe ici, s'essayant à disséquer les actes bons ou mauvais de nos hommes d'état, se torturant l'esprit pour devenir des êtres insupportables, fléau de la société, supplice de leur intérieur et des hommes d'esprit, qui ne cherchent qu'à les fuir sans y parvenir souvent.
Oh! j'en suis sûr, le ciel n'a pas permis que vous fussiez de celles-là: mais peut-être êtes-vous des premières.
Je suis un peu, mademoiselle, comme ce grand sage Don Quichotte qui, sans savoir s'il existait de par le monde une dulcinée de Toboso ou si ce n'était qu'une chimère, se mettait à la poursuite d'une dulcinée de Toboso ou de sa chimère.
Pourtant, je me reprends à croire aux femmes créées par mon imagination et qui n'étaient ni coquettes, ni égoïstes, ni perfides, mais la bonté, le naturel, la sincérité et l'indulgence, comme vous devez être.
Secourez-moi, aidez-moi à ne pas devenir comme la foule de ceux qui ne pensent qu'à eux-mêmes. » (p. 143-144)
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