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15 juin 2024

Empire State. Coca Blues

Louis Geoffroy, Empire State. Coca Blues : triptyque 1963-1966, Montréal, Éditions du Jour, 1971, 75 p. (Coll. Les poètes du Jour)

Les poèmes d’Empire state. Coca blues auraient été écrits entre 1963 et 1966. Louis Geoffroy étant né en 1947, on peut dire que ce sont les poèmes d’un grand adolescent.

Selon Geoffroy, son recueil comprend trois volets, en fait quatre puisque le premier en contient deux.

Empire state. Coca blues (1963) — Le premier vers donne le ton « je me saoule à la banane » et l’effet de cette saoulerie est exploréen : « et je bitube / et tibute / surtout dans des mots comme dans un bloc / de tibume ». Le deuxième poème commence ainsi : « j’ai lu quelque chose / sur le peyotl » et l’effet ici aussi est surprenant : « au paradis terrestre de ton con / il n’y a plus de soleil ». Au-delà du sexe et de la drogue, il y a New York et une certaine conscience sociale : le procès qu’on a fait à Henry Miller, la mort de Malcolm X.

Miss Emma blues (1964) — En trois motifs : le jazz, Kerouac et la nostalgie (le blues) d’un amour perdu. « le pianiste noir / ressemblait à tes cheveux / et ses triolets be-bop en cascade / riaient comme tes dents / la musique glissait / longue et légère / sur mon corps ».

Lamourlanimale (1965-66) — Le premier poème s’intitule « L’obsession sexuelle ». Le sexe est souvent violent et associé à la mort : « j’arrache l’écume et me coule sur ton corps lave volcan satanique / jazz sur le sable sur un mont de chair je me coule et te tue / d’un seul coup / pour dans le plaisir nu y mourir aussi / que ton amour est sanguinolent de mon corps ! »

Livre-amour (1966) — Un long poème d’amour, plein de bruits et de fureur : « toi oh oui toi que j’aime seule drogue nécessaire à m’intoxiquer sans fin me barbiturer me construire ». Ou encore l’érotisme comme moyen de briser toutes les barrières, d’habiter pleinement le monde qui nous entoure :

« écarte tes jambes je veux aller jusqu’à tes pensers de moi ou d’ailleurs
écarte tes jambes je veux t’enlever des épaules le fardeau brûlant de passés ésotériques
écarte tes jambes je veux m’enfoncer en ta ville y lancer toutes les projections esthétiques d’images de nous d’anticipations de nous
écarte tes jambes que je te remplace par mon sexe l’espace et le temps d’un temps et d’un espace sensoriel te retrouver ensuite un peu plus enfoncé en toi toi m’ayant absorbé un peu plus
et tes yeux pour dessiner sur tous les tableaux du monde leur utilité devant nos yeux
et tes mains pour me retenir de mourir et ton amour pour me retenir de mourir
ET TON AMOUR POUR VIVRE »

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