Émile Chevalier, L’Île de Sable, Paris, Michel Lévy, 1888, 307 p. (1ère édition : 1878)
En préface, Chevalier dédie son livre à François-Xavier Garneau. Il cite les pages de L’Histoire du Canada qui lui ont inspiré son roman.
Le prologue
Le récit commence à la fin du XVIe siècle, en Bretagne, et met en scène le marquis de La Roche qui doit bientôt prendre les commandes de la Nouvelle-France : « en 1598, le marquis de la Roche, de la province de Bretagne, se fit confirmer par le roi dans la charge de lieutenant général du Canada, de l'Acadie et des pays adjacents, que lui avait déjà accordée Henri III » (Garneau) Le marquis a une nièce, Laure de Kerskoen, laquelle s’est amourachée du fils du duc de Mercoeur, le pire ennemi du marquis. Ce dernier voudrait qu’elle épouse le vicomte Jean de Ganay, son second.
1ère partie
Départ vers la Nouvelle-France. Une bande de prisonniers, que le marquis de la Roche a capturés lors d’une attaque contre son château par les hommes du duc de Mercoeur, sont montés à bord contre leur gré. Parmi eux se trouve une femme de 25 ans qui, par subterfuge, a pris la place de son frère; elle se nomme Guyonne. Le voyage est pénible : tempêtes, insurrection, manque de nourriture et d’eau, si bien que le marquis décide de laisser les proscrits dans une île où ils devront se débrouiller en attendant son retour. Cet île, à 85 miles du Cap-Breton, se nomme l’Île de Sable.
2e partie
Pourquoi avoir choisi une île aussi peu hospitalière? Le capitaine du bateau a découvert que Guyonne était une femme et, comme elle a repoussé ses avances, il s’est vengé en débarquant les prisonniers sur cette île. Comme le marquis tarde à revenir, les nouveaux insulaires doivent s’organiser. Ils profitent du naufrage d’un autre bateau qui faisait partie de la mission pour recueillir matériaux, outils, nourriture. Ils élèvent des abris de fortune. Sur l’île se trouve un lac autour duquel il est possible de faire un peu d’agriculture. Cette partie se termine par une insurrection et par la disparition de Guyonne.
3e partie
Cinq ans plus tard. On apprend que c’est un vieux naufragé qui a enlevé Guyonne et l’a transportée sur une autre île. Il vivait déjà seul sur l’Île de Sable depuis plusieurs années. Après avoir dérivé sur une glace, Guyonne retrouve l’Île de Sable. Elle revoit Jean de Ganay qui a découvert, entre-temps, qu’elle était une femme et qu’elle avait de nobles origines : elle est comtesse. Le récit se conclut comme l’a décrit F.-X. Garneau : de retour en France le marquis « se trouva enveloppé dans une foule de difficultés au milieu desquelles le duc de Mercœur, qui commandait la Bretagne, le garda prisonnier pendant quelque temps. Ce ne fut qu'au bout de cinq ans qu'il put raconter au roi, qui se trouvait à Rouen, ce qui lui était arrivé dans son voyage. Le monarque, touché du sort des malheureux abandonnés dans l’Île de Sable, ordonna au pilote qui les y avait conduits d'aller les chercher. Celui-ci n'en trouva plus que douze... »
En conclusion, on apprend que Jean de Ganay a épousé la comtesse de Guyonne qui est morte en mettant au monde leur premier enfant.
C’est un roman d’aventures typique de l’époque : les événements historiques sont plutôt un prétexte qu’une fin en soi. Une histoire sentimentale vient rehausser le tout et finit par dominer la trame narrative. Autour des principaux protagonistes se déploient plusieurs personnages très stéréotypés qui animent le roman : le comique, le nain, l’Hercule, le traître, le sage, l’extravagant… On trouve plusieurs digressions, des passages humoristiques, des retournements de situation. L’auteur disserte sur l’amour, la droiture, etc.
Émile Chevalier sur Laurentiana
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