LIVRES À VENDRE

8 avril 2020

Pascal Berthiaume

Francis Desroches, Pascal Berthiaume, Québec, L’Agence Élite, 1932, 155 pages.

Pascal Berthiaume, 50 ans, est le maire et le maître des Trois-Moulins depuis 18 ans. Vindicatif, il n’admet pas qu’un électeur puisse se présenter contre lui. Il a réussi jusqu’ici par l’intimidation à écarter tout adversaire politique jusqu’à ce qu’un petit docteur, Georges Dupire, arrivé depuis deux ans dans la paroisse, ose lui contester la mairie. Il lui offre la main de sa fille Colette, sachant que le médecin en est amoureux. Mais cela ne suffit pas. Les élections ont lieu et Dupire remporte une nette victoire. Il lui reste à conquérir Colette que Berthiaume refuse de lui donner (elle est mineure), malgré toutes ses tentatives pour flatter son ego. Par exemple, il le nomme directeur et contremaître de la future compagnie d’électricité que la Coop du village met en place. Il vante ses mérites à un journaliste et même au ministre qui vient étrenner le projet. Berthiaume finira par céder quand le curé s’en mêlera et qu'on lui offrira le vieux fauteuil sur lequel il a trôné pendant ses années à la mairie.

Le récit romantico-politique est mené sur le ton humoristique. L’auteur, par des interventions, nous fait comprendre assez vite que son histoire sera loufoque. Compte tenu de cela, on peut peut-être lui pardonner les invraisemblances et les raccourcis dont son récit est truffé. Ce que le lecteur contemporain lui pardonnera plus difficilement toutefois, c’est la misogynie du récit. Les femmes sont belles et désirables quand elles sont jeunes et des commères en vieillissant. Autre aspect qui a de quoi étonner. Dans le village, il y a un fier-à-bras que tout le monde craint : quand Dupire réussit à l’enlever à Berthiaume, la joute politique penche de son côté.

Le début du roman
Pascal Berthiaume, maire des Trois-Moulins, courtisait la cinquantaine... Quelques fils blancs seulement se voyaient ici et là dans sa chevelure épaisse et noire qu’il portait rejetée en crinière, ce qui lui donnait, quand il se fâchait, l’aspect d’un lion irrité... Car il se fâchait, le maire des Trois-Moulins, et la chose lui arrivait plus souvent qu’à son tour, au conseil municipal, par exemple, où l’on montrait avec un certain orgueil aux très rares citadins qui venaient passer l’été dans le village, un fauteuil poussiéreux, relégué dans un coin de la salle, pauvre invalide victime de la colère de cet homme énergique et sévère qui administrait en dictateur, depuis dix-huit ans, les destinées des Trois-Moulins.
Les gens renseignés — il s’en trouve toujours — racontaient avec quelques variantes naturellement, qu’un soir Pascal Berthiaume était entré au conseil en faisant claquer la porte, signe précurseur de l’orage. Il avait pris place dans le fauteuil présidentiel, un fort beau fauteuil, ma foi ! pesant et moelleux, capitonné de cuir fauve, où il était à son aise pour sommeiller quand la discussion ne T'intéressait pas... Aussitôt la séance ouverte, il s’était lancé dans une attaque à fond de train contre un des conseillers qui avait eu le malheur de laisser entendre, et pas plus, qu’il se présenterait peut-être à la mairie, aux prochaines élections...


Aucun commentaire:

Publier un commentaire