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5 octobre 2018

Portes closes

Georges Dor, Portes closes, Montréal, Éditions de l’Aube, 1959, 40 pages.

Le recueil est dédié à « Claude Rousseau de la Beauce, poète inconnu ». Il est difficile de saisir la structure de Portes closes.  Il semble y avoir un poème liminaire, puis deux séries de poèmes entrecoupés d’une page blanche, puis deux  autres parties portant un titre :  « La vie toujours la même » et « Poésie provinciale ». 

La poésie de Georges Dor est facile d’accès. Il ne faut pas y chercher de savantes métaphores. Il utilise plutôt des procédés rhétoriques très simples comme l’énumération, l’anaphore, la répétition.  Le ton est le plus souvent fantaisiste, mais pas pour autant riant. Dor, souvent, désamorce ce qui pourrait devenir dramatique par une pirouette stylistique en fin de poème.  Ce que l’on retient, c’est le mélange de déception et de désillusion que l’on retrouve dans la plupart des poèmes. « J’ai tendu les bras pour tout prendre / Et rien ne m’a été donné / Que ce vide et ce silence / Qu’il faut traverser ». Il donne l’impression de quelqu’un qui se cherche, qui ne trouve pas sa place dans une société qui lui semble fausse : « Masque et mascarade / Miroirs de parade / Pour le songe de tous les jours. » Et on comprend que cette déception lui vient autant de certaines contraintes morales (« le combat d’être un homme et une âme à la fois ») que de l’inauthenticité des sentiments, dont l’amour. « Des hommes et des femmes / Dans les lits s’aiment encore / Nus / Flambants / Toujours de la même manière / Face à face / Avec leur superbe mensonge : JE T’AIME » Ses seules réponses pour juguler son mal-être semblent l’évasion, le rêve, l’imaginaire. « Un mot de passe / Pour tous les hommes / Pour faire tomber les murs / Fondre la cire des visages ».

Dans la  dernière partie, « Poésie provinciale », Dor oublie ses misères et s’intéresse davantage à la société dans laquelle il vit. Sur le mode ironique, le poète entreprend de célébrer  la « fête des poètes canadiens, / Des grandes aventures de St-Denys Garneau […] La fête d’Alain Grandbois le perdu / Dans les îles de la nuit / Celle d’Anne Hébert et de Gaston Miron ». Le recueil se termine par un poème assez mironien : « Dans nos rues sans couleur / Nous errons pathétiques / Bilingues sains et saufs / Nous avons l’air d’être vivants / À force de tenir debout ».

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