Jean-Chauveau Hurtubise, Leur âme, Louis Carrier, Montréal et New
York, 1929, 187 pages. (Préface
d’Olivier Carignan)
En préface,
Louis Carignan nous explique ce que devrait être un roman. L’observation assidue
de la vie ambiante (donc des innombrables « âmes » qui nous
entourent), ainsi que le style seraient les atouts du bon romancier. Hurtubise,
lui, « a courageusement entrepris d’étudier l’âme de la femme ».
Georges
Derval écrit un traité anti-féministe intitulé « L’Âme de la Femme
Contemporaine » pour se venger de Gisèle Monnier qui l’a quitté pour un
partenaire plus âgé, mais plus fortuné. Entre-temps,
il est engagé pour donner des cours privés à Claude de Roure, une jeune fille
de 19 ans, toute naïve, dont « les
lèvres [sont] divinement modelées pour le baiser ». Il en tombe
amoureux et son sentiment est partagé. Pourtant, quand Gisèle Monnier, son ancienne flamme devenue veuve,
le relance, il lui saute dans les bras.
Le
livre de Georges paraît et il est démoli par la critique. Un de ses amis convainc Gisèle Monnier de
s’éloigner : il y va du bonheur de Georges. Abandonné une seconde fois,
démoli par la critique, ce dernier tombe malade et vient bien près d’y perdre
la vue. L’ami rencontre Claude et lui demande de voler au secours de Georges. Leurs
amours reprennent. Les trois déménagent à Gaspé, les deux hommes se consacrant
à la littérature, Claude se contentant de les admirer. « Elle aimait à le voir composer. Elle
aimait à saisir la lueur vive et inspirée qui s’allumait alors dans ses yeux. À
la pensée que cet homme savant, à l’air grave, l’aimait, l’adorait, elle
éprouvait un sentiment de légitime orgueil. Quelquefois elle s’approchait de
lui, s’assoyait sur le revers de sa chaise et, appuyant sa jolie tête blonde
contre la sienne, d’une voix câline… »
À
lire le résumé, vous avez dû comprendre que l’histoire est tirée par les
cheveux. L’intrigue est invraisemblable, les personnages sont superficiels,
leurs motivations ne tiennent pas la route, les idées sont banales, il n’y a
pas de qualité d’écriture, on subit maintes répétitions… et on ne découvre pas
« l’âme de la femme », beaucoup s’en faut.
Georges
écrit un soi-disant traité antiféministe, mais on n’a pas accès au contenu,
sinon à deux trois clichés sur la femme. Il lui reproche quoi ? D’être vénale,
inconséquente, envieuse. Il est le fils spirituel d’un grand maître à penser,
mais on ignore tout de son mentor. Désolé, malgré toute ma bonne volonté, je
n’arrive pas à trouver la moindre qualité à ce roman.
Quelques extraits
« La femme est trop envieuse de la
femme pour qu’une amitié sincère existe entre elles. Pour parvenir à son but,
pour atteindre son idéal, la femme n’hésitera pas à se servir d’une autre
femme comme piédestal. Quoi que l’on en ait dit, je crois que la plus grande
amitié qui puisse exister, c’est celle qui naît entre l’homme et la femme. »
(p. 34)
« La femme, très souvent, est d’une inconséquence
déplorable. Elle a, même pour l’homme qu’elle affectionne, des mots malheureux
qui le blessent ou le troublent d’une façon singulière Alors qu’il faudrait
laisser le silence accomplir son œuvre, elle détruit d’une parole sa chance de
succès. » (p. 103)
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