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11 novembre 2016

Mémoires d’un reporter

Paul de Martigny,  Mémoires d’un reporter, L’imprimerie Modèle, Montréal, 1925, 188 pages.


Le recueil compte quatre nouvelles. Deux d'entre elles (La dompteuse et Le père Mark) sont précédées d’un long préambule qui met en scène le reporter Jacques Labrie, journaliste canadien en mission à Paris. Ce même Jacques Labrie est aussi le « héros » et le narrateur interne du dernier récit.

La dompteuse
Mrs. Thamer (en fait, Madame Tahourentché) promène dans les restaurants de Paris de somptueuses fourrures canadiennes. Le reporter Jacques Labrie raconte à ses collègues l’histoire de cette jolie Anglaise. Servante d’un pasteur-missionnaire anglican à Betsiamits (aujourd’hui, Pessamit), sur la Côte-Nord, elle a promis à un Indien qui s’est amouraché d’elle de l’épouser, s’il lui rapporte ses plus belles fourrures et... un peu d'or de l'Ungava.

Eh bien, « prends le bois », pars à la chasse. Pars pour moi. Je n’écouterai aucun homme avant ton retour, et si tu me rapportes d’assez belles pelleteries, si tu en rapportes assez, je serai à toi. Je serai ta squaw. Je serai le prix de ta chasse magnifique, j’en serai la récompense merveilleuse. Mes bras blancs et frais se noueront autour de ton cou robuste. Mes lèvres rouges et brûlantes s’appuieront sur les tiennes. Je te ferai connaître des baisers, des caresses que tu ignores… / S’approchant de l’Indien, la belle Anglaise lui mit ses beaux bras, blancs et fermes, autour du cou. Elle l’embrassa longuement, passionnément, comme sans doute il ne l’avait jamais été.

Histoire de couteau
Le narrateur est obsédé par un couteau. Il pressent que le plaisir ultime, ce serait de passer à l’acte. « Courbé, la face blême avancée, le bras replié, le surin à la hauteur de la hanche, j’étais prêt à jouer de la lame. Je compris la nature de cette joie qui venait de m’envahir et son atroce secret : c’était la joie de l’assassin… » Il aime bien sa femme, mais son cou est si attirant… Histoire étrange qui lorgne avec le fantastique à la Maupassant.

Entre le reflet de l’acier sous le rayon de lune et celui de la nuque sous la lampe, existe un lien mystérieux. J’ai la révélation foudroyante et certaine de la joie inexprimable, surhumaine, que me donnera le geste d’unir ces deux reflets, en enfonçant la lame à reflet bleu dans la nuque à reflet d’or. J’ai compris que cette joie s’accroîtrait encore de la lâcheté de l’acte qui ferait se lever puis s’abattre mon bras, qui ferait s’enfoncer l’acier brutal et froid dans la chair chaude et tendre.

Le Père Mark
Le père Mark est un vieil Israélite. C’est aussi un agent de change que la guerre a ruiné. Il offre à Jacques Labrie de lui enseigner tous ses secrets, mais meurt avant d'avoir réalisé son souhait. C’est davantage un portrait qu’un récit.

À la tombée du soir
Jacques Labrie est vieux et se sent au bout du rouleau. Son amoureuse vient de le quitter et il ne supporte pas d’être tenu à l’écart par les femmes, lui le noceur invétéré, le conquérant irrésistible.  Il a donc décidé d’en finir. « Sortir de la vie, c’était s’éviter la honte. » Il repasse sa vie, revoit toutes les femmes qu’il a aimées et, au moment de se donner la mort, il a l’impression que celle qu’il a aimée par-dessus tout est là, tout près de lui. Fin ambiguë. 

Pour en savoir plus sur Paul de Martigny  :  Dictionnaire des auteurs québécois.

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