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16 septembre 2016

Gerbes d'automne

 Zéphirin Mayrand, Gerbes d’automne, Chez l’auteur, Montréal, 1906, 110 pages.

Le recueil est coiffé de trois hors-textes : il est dédicacé à «  l’honorable J. E. Robidoux », président de l’Alliance française de Montréal. Suivent une « Appréciation » de Robidoux et une espèce de préface de Mayrand.  Ce dernier considère son recueil comme un acte patriotique : « Si je puis contribuer à répandre le goût de la littérature nationale, j’aurai fait un acte de patriotisme. »

Comment l’auteur a-t-il choisi  l’ordre des poèmes, je ne saurais dire. Ce n’est ni chronologique, ni  thématique, ni formel. Le recueil s’ouvre sur une « Hymne à Pie X » qui date de 1860! Suit un poème de dépit amoureux, « Le regret », daté de 1864. Un poème est même daté de 1855. C’est donc le recueil d’une vie que le notaire versificateur Zéphirin Mayrand publie en 1906. Il était venu le temps de récolter ces « gerbes d’automne ».

L’essentiel est composé de « poèmes de circonstances », ce que disent bien les titres : « Sainte-Anne-de Beaupré »;  « Alma mater »; « L’exposition colombienne »; « Le nouvel an »; « La messe de minuit »…  Plus loin, ce sont Léon XIII, la reine Victoria, Wilfrid Laurier, Pie X, Monseigneur Archambault qui se voient gratifier d’un poème.

On trouve aussi plusieurs poèmes  qui évoquent la nature : « L’érablière canadienne! », « Le soleil de mars », « Le retour des oiseaux ». « À mon orme » : « Ormes aux puissants rameaux, vaillante sentinelle / Tu gardes mon chalet contre les chauds rayons ». Ouf!

L’aspect religieux est très présent. Un poème s’adresse à un jeune homme qui entre en religion,  « Le sacerdoce »; et un autre donne la parole à une jeune fille de 17 ans qui entre chez les religieuses, « Adieu d’une jeune fille au monde » : « Je suis jeune, il est vrai, pour me faire novice / Fuir tout ce qui sourit, ah! Quel grand sacrifice! »

Bref, tout cela est très convenu, sans surprise. Des strophes régulières (presque toujours des quatrains de douze pieds), quelques sonnets.

On le sait, plusieurs notaires, en attendant les clients, « versicottaient ». Mayrand et son fils s’inscrivent sous cette bannière. Zéphirin a poussé l’exercice un peu plus loin en écrivant un poème sur le métier de notaire :

LE PARFAIT NOTAIRE
Au cercle des notaires
Ma muse m’a suivi,
Et malgré mes colères
Ne bouge pas d’ici.

Je crains, je la redoute :
Elle dira beaucoup,
Babillera sans doute,
Surtout prenant un coup.

Elle dit que nous sommes
Tous de braves garçons,
De parfaits gentilshommes
De sages tabellions ;

Que notre ministère
Est entouré de paix ;
Qu’il est tout débonnaire,
Ennemi des procès.

[…]

L’allégresse accompagne
Le vrai tabellion ;
Banquettant au champagne,
Il signe à sa façon.

Est-il un seul confrère
Qui ne soit par devant ?
Non, jamais par derrière ;
Bon courage ! en avant !

En bonne compagnie
Il aime le plaisir ;
Il sait goûter la vie
Et bien se divertir.

Puis au travail austère
Il consacre son temps :
Il est parfait notaire
Et tout à ses clients.


Montréal, 6 février 1899.

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